• Elle était très égocentrique.

    Elle pouvait parler de ce qu'elle faisait, de ce qu'elle aimait ou n'aimait pas,  de sa vie quotidienne pendant des heures.

    Elle ne s'en lassait pas et il semblait qu'il lui était impossible de  saisir que les autres pouvaient avoir un autre ressenti que le sien.

    Les premières fois que je la rencontrais, je fus vite lassée par le discours superficiel qui était le sien et je préférais ne pas rechercher sa présence tout en demeurant cependant aimable quand je ne pouvais l'éviter.

    A chacun son caractère et ses défauts, il faut de tout pour faire un monde, voilà ce que je me disais...

    Aussi  quelle ne fut pas ma surprise récemment où, montant ensemble dans un bus, elle me montra la seule place assise  qui restait disponible  et elle me dit : "Assieds-toi vite, je vois que tu es fatiguée"

    Et c'est vrai, j'étais très fatiguée...Elle avait donc été capable de s'en apercevoir et de me proposer  ce siège alors qu'elle était devant moi et qu'elle aurait pu s'asseoir sans que cela me paraisse incorrect.

    Méfions-nous des préjugés, des jugements , me dis-je en moi-même.

    Les visages sont parfois plus beaux que les masques qui les recouvrent.

     


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  • Elle était raide, empotée, pas dégourdie pour deux sous.

    Sa mère ne cessait de lui répéter, de lui seriner :"Mais non, ce n'est pas comme ça qu'il faut faire, tu t'y prends mal...Mais que tu es maladroite, on ne peut rien te confier"

    Et elle avait fini par y croire...

    Dès qu'elle devait affronter une situation nouvelle, elle s'affolait ....persuadée qu'elle ne s'en sortirait pas sans l'aide de quelqu'un de plus expérimenté qu'elle, de plus dégourdi...

    Ce n'est que vers quarante ans, lorsqu'elle s'inscrivit à un cours de yoga qu'elle découvrit  avec stupeur que d'autres étaient bien plus raides qu'elle.

    Et quelques années plus tard, interpellée par une amie, elle osa s'inscrire à un atelier de danse biodynamique, elle s'aperçut enfin qu'elle était souple et légère et que, tout comme les autres, elle pouvait épouser la musique et s'en enchanter...et trouver d'emblée le geste juste et harmonieux;

    Quelle délivrance !

    Enfin pouvoir habiter son corps et s'y sentir bien, chez soi en somme...

    Et cesser de croire que les autres étaient toujours plus habiles qu'elle, plus capables.

    Enfin naître ou renaître


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  • Il y a des gens comme ça.

    il y a des gens,

    il vaut  mieux qu'ils ne vous aiment pas.

     

    Dés qu'ils vous aiment,

    c'est la croix et la bannière.

    Vous ne vous en sortez plus.

    Vous voilà ficelés, décérébrés, encagés 

    Vous voilà transformés en objets d'amour.

    Vous n'avez plus besoin de penser,

    on pense pour vous,

    on sait pour vous ce qui est bon et ce qui ne l'est pas.

     

    Vous n'avez plus qu'à vous laisser faire.

    Ah ! si ! Vous avez le droit de remercier.

    votre avenir est assuré.


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  • - OH ! me dit-elle, j'ai fait une chute et je ne me suis rien cassée

    Et je sens de la fierté dans sa voix.

    -Bravo, lui dis-je.

    -Oh oui, me répond-elle, cela prouve que j'ai bien pris soin de moi.

    Elle a 93 ans et vit seule dans son appartement.

    Et elle poursuit: 

    Ce qui m'a étonnée, c'est que je me suis retrouvée pr terre dans ma salle de bains et je n'ai ressenti aucune peur...

    Très calmement, et en douceur, je me suis relevée. J'étais toujours vivante et je n'avais rien de cassé.

    J'ai pris ma douche et ensuite je me suis frottée à l'arnica sur les zones endolories....

    Et cet après-midi, je me suis mise à écrire tout ce qui me passait par la tête sans m'interroger pour savoir si c'était bien ou mal dit.

     

    Cette chute qui aurait pu être le commencement de la fin a été pour elle, au contraire, le signe d'un renouveau,

    d'une remise en route...Oui, elle a bien raison d'être fière...

    Et pendant une bonne heure, elle continue de me parler  de ses projets et de tout ce qui la passionne.

    Quelle énergie ! Quelle force de vie !


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  • Il était assis sur un banc, au bord d'un sentier qui longeait la Drôme...

    Son visage respirait  la sérénité.

    Il était visiblement heureux.

    Nous le saluons et engageons la conversation.

    Il nous dit que, l'an dernier, on lui a découvert un cancer de la prostate avec des métastases un peu partout que ses chances de survie étaient pratiquement nulles...A l'hôpital, on lui a dit qu'il était le champion du PSA ,on n'avait encore jamais vu  quelqu'un  avec un taux aussi élevé...

    Et pourtant, il était toujours là, à 90 ans, et il s'en réjouissait et il s'en émerveillait...

    N'avait-il pas tout ce qu'il fallait pour être heureux?

    Un banc, un paysage agréable et tranquille...Des promeneurs qui, comme lui, goûtaient le plaisir d'être là et qui parfois  s'arrêtaient pour lui parler...

    Et je songeais au poème de Nazim Hikmet:

    "La vie n'est pas une plaisanterie

    Tu la prendras au sérieux,

    Comme le fait l'écureuil, par exemple,

    Sans rien attendre du dehors et d'au-delà,

    Tu n'auras rien d'autre à faire que de vivre."

     


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