• Il vivait seul depuis longtemps.

    Depuis que sa femme était partie, il estimait qu'il n'avait plus de chez-soi mais seulement un lieu pour dormir, manger, déposer ses affaires.

    Le temps  s'écoulait, le désordre s'accroissait, il n'éprouvait pas la nécessité de refaire les peintures, de mettre un peu d'ordre...ou alors seulement si un visiteur s'annonçait mais ils étaient de plus en plus rares...Comme si le regard méprisant qu'il portait sur son propre appartement avait contaminé aussi le regard des autres...

    Un jour cependant, il éprouva la nécessité de jeter les divers objets qui encombraient son territoire et dont il ne pouvait plus faire usage....

    Mais c'était une tâche difficile..Il était très bricoleur et son bonheur, c'était de réparer ce qui était cassé ou de trouver un autre usage à ce qui était dépareillé...alors comment jeter ce qui ne servait plus?

    Chaque objet jeté, c'était comme s'il se séparait d'une partie de lui-même, comme s'il se mettait lui-même à la poubelle...comment ne pas souffrir?

    Heureusement, il avait trouvé une association qui collectait  , récupérait tous ces divers objets dont nous n'avons plus usage mais qui pourraient peut-être servir à quelqu'un d'autre, trouver un autre usage...

    C'était moins douloureux pour lui que de les porter à la déchetterie.

     


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  • Il avait la soixantaine.

    Il avait toujours aimé être en mouvement : marcher, faire du ski, faire du vélo, nager, danser...Il n'en avait jamais assez et plus il avançait en âge et plus son désir s'exacerbait...

    Il était sociable et il aimait les rencontres...

    Pourtant, quand des amis les invitaient, il disait à sa compagne : nous irons s'il pleut car s'il fait beau , je préfère faire du vélo....et elle le regardait, ahurie...Comment avoir des relations amicales avec les autres en agissant ainsi...et comment n'en était-il pas conscient?

    Est-ce la peur de la vieillesse qui  accentuait en lui ce besoin d'être toujours en mouvement...S'imaginait-il qu'en se prouvant à lui-même qu'il était capable d'avaler des kilomètres il resterait ainsi éternellement jeune et fringant?

    Son insatisfaction perpétuelle l'empêchait de savourer les bons moments que la vie lui offrait.

     


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  • Elle s'était réveillée et elle s'était crue guérie...

    Pas de douleur ni aux genoux, ni à la nuque, pas mal au dos, pas mal à la tête...Mal nulle part...

    Elle respirait paisiblement, elle ne toussait plus...

    Dehors , le soleil s'annonçait déjà...

    En fin de matinée, elle se dit qu'il fallait profiter de cette journée superbe.

    Elle prit bonnet, gants et cache-nez, accessoires qu'elle oubliait régulièrement auparavant, mais elle se savait fragile et ne voulait pas tenter le diable....

    Il y avait du soleil mais il y avait aussi du vent, beaucoup de vent...C'était plaisant quand le chemin était protégé par de grandes haies mais la marche devenait plus malaisée dans les passages ventés et ce fut un soulagement quand elle aperçut la maison tout en haut du chemin...Elle allait pouvoir se reposer et, dans un moment, tout irait bien à nouveau... Du moins, elle l'espérait.


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  • Elle dit : tu as menti

     

    Et lui ne comprend pas

    Et lui ne la croit pas.

    Il croit à ce qu'il a dit :

    C'est ça, juste ça qui est vrai : ce qu'il a dit...

     

    Il a seulement besoin que la réalité s'aligne sur ce qu'il désire  qu'elle soit

     

    Et il suffit qu'il dise avec des mots ce qui lui convient à lui

    pour que la réalité se transforme au gré de ses souhaits :

    il croit naïvement que ses mots ont ce pouvoir...

    IL croit vraiment à ce qu'il a dit...

    Non, il ne ment pas.

     


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  • Il a 93 ans cette année.

    Je vais le voir dans la maison de retraite où il vit désormais.

    il m'a beaucoup aidé ,quand j'étais adolescente, à m'ouvrir aux autres, à faire confiance en la vie.

    Il est voûté, il n'a plus très confiance dans ses jambes.

    "Trop d'arthrose, me dit-il, maintenant je prends une canne, tant pis si ça fait vieux"

    Dans sa tête, tout est limpide et vivant.

    Il me parle de ses émerveillements, de ses étonnements, de ses déceptions aussi...Je vois ses yeux briller.

    Et il me dit :"Quand j'essaie de faire le bilan de ma vie, j'ai l'impression de n'avoir pas fait grand chose, je ne sais pas , mais alors je me dis: aujourd'hui est un jour nouveau, tout neuf, qu'est-ce que je peux faire aujourd'hui pour être utile, pour aider tant soit peu les autres?   C'est cela qui importe."

     

    Il a encore bien des choses à partager, ce cher vieil homme.


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