•   "Le poète jouit de cet incomparable privilège qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui...Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps,il entre ,quand il veut dans le personnage de chacun.Pour lui seul,tout est vacant.Le promeneur solitaire et pensif tire une singulière ivresse de cette universelle communion.Celui-là qui épouse facilement  la foule connaît des jouissances fiévreuses dont  seront éternellement privés l'égoîste fermé comme un coffre et le paresseux interné comme un mollusque.Il adopte comme siennes toutes les professions,toutes les joies et toutes les misères que les circonstances lui présentent"
                                                                                                                                      Baudelaire


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  • (Consigne de papier libre)

    Demain,dès l'aube,
    à l'heure où blanchit la campagne,
    je partirai.

    C'est quand je serai partie,
    car je partirai avant toi,
    c'est alors seulement que tu m'aimeras.
    Et c'est avec un sourire sans amertume
    que je constate cette évidence.

    Comment un reproche jaillirait-il de mes lèvres
    puisque la plénitude
    c'est par toi que je l'ai connue...
    En toi,par toi et avec toi
    j'ai vécu heureuse
    comme peu ont su l'être.

    Ta seule présence me comble,
    moins encore...
    Savoir que tu respires quelque part,
    même très loin de moi,
    même pour charmer d'autres yeux,
    cela suffit à donner sens à ma vie.
    Tu es ma terre,
    mes racines poussent profondes
    et je ne crains rien
    puisque tu es vivant.

    Bien-aimé,prends soin de toi
    car tu es précieux.

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  •   Voilà un moment qu'elle est seule dans son coin,elle s'ennuie...Alors,elle appelle le garçon par son prénom,lui demande de lui prêter le journal pour voir son horoscope,le lit à voix haute...puis passe à la rubrique"faits divers" et commente les horreurs:une petite fille violée,un bébé enterré clandestinement...Elle agrémente ses propos de quelques lieux communs.Elle s'informe des goûts du jeune barman...Et plus la conversation s'allonge et plus elle se pavane et prend de l'aisance...Mais l'amorce n'a pas fonctionné,la fille rit...lentement passe le temps ! Un client rentre...Elle continue sa lecture à voix haute,il ne faudrait pas qu'on l'oublie.Finalement ,pour avoir la paix,le barman passe le journal à un autre client et donne des mots fléchés à la fille...Peut-être se taira-t-elle quelques minutes ! 
      Un jeune gars rentre.
    -Tu ne me reconnais pas ,dit-il au barman,il y a cinq mois que je ne suis pas venu,j'ai eu un accident"
    Puis il repère la fille,lui offre une chanson sur le juke-box,découvre deux demoiselles assises un  peu plus loin et leur offre une boisson...C'est pour fêter mon retour à la vie normale,leur dit-il.Les filles se regardent étonnées puis acceptent...Il raconte ce qui lui est arrivé,parle de son travail à la mairie,se vante de se la couler douce,dit que le walk-man l'a rendu sourd.Curieusement,il semble tirer de cet état de fait une certaine fierté.
      Il joue le gars heureux mais la fêlure se devine derrière cette apparente aisance,ce besoin de paraître,de capter l'attention de tous ceux qui sont autour de lui,et qui n'ont nullement manifesté le désir de de s'intéresser à lui et c'est justement cela qui lui est insupportable.
      Il revient  d'un long voyage au pays des hôpitaux.Comment les autres pourraient-ils ne pas avoir envie de fêter sa rentrée mais de ce voyage,il sembe n'avoir rien appris,il n'a pas acquis une once de profondeur..Il se contente de se frotter les mains parce qu'il est encore là et il va continuer à se saoûler de musique et de bière...
      Quelque chose aurait pu se passer qui n'a pas eu lieu,pas cette fois.

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  •   Je pédale.La lettre est dans mon sac,voilà plusieurs jours que je l'ai écrite,que j'y repense et que j'hésite...
    Les mots sont-ils justes?
    Ne me suis-je pas dupée sur mes propres sentiments?
    Saura-t-elle entendre ce que je lui dis ou ne sera-ce pour elle qu'un sujet de dérision ou d'indignation?
    Et n'aura-t-elle qu'un but alors:se venger de ce que je l'ai obligée à voir  alors qu'elle n'était pas prête et qu'elle avait encore besoin d'illusions?
    Suis-je la victime qui,avide de sacrifice, se jette dans les pattes de son agresseur ?
     Suis-je dupe de qui veut briller et écraser ceux qui l'entourent,les manipuler pour mieux imposer son pouvoir?
    Suis-je dupe de moi-même et cette lettre ne sert-elle qu'à me composer une image agréable de moi-même,reflet d'un personnage ayant atteint une certaine hauteur de vue,une magnanimité qui me permette de tout pardonner et de ne pas souffrir démesurément de la mesquinerie des gens?
      Mais on ne peut demeurer dans "un buisson de questions.".La lettre est écrite et je la porte à sa  destinataire. Je fais ce qui me semble juste. Advienne que pourra.


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  •   peinture de Josette V



    "De tout coeur de tout corps
    peindre en écoutant le chant de la vie
    voir les couleurs se marier
    s'aimer
    les traits s'unir et danser
    voir apparaître l'espace libre
    s'ouvrir l'oeil au coeur
    puis tracer le trait unique
    sur  l'infini du ciel."      Bang Hai Ja,peintre et poète coréenne


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