• Non seulement,il faut chaque jour être capable de jouer son rôle pendant le spectacle et cela pendant tout le festival mais il faut assurer la publicité,se faire connaître...Tous les moyens sont bons pour capter l'attention du public...Ces deux-là sont bien en chair et en os,ce ne sont pas des trompe l'oeil...Nous sommes dans la rue des teinturiers et ils annoncent leur spectacle qui aura lieu dans ce même bâtiment,au rez de chaussée,l'heure suivante...D'autres distribuent des tracs,expliquent aux passants attentifs l'histoire qui va leur être racontée s'ils veulent bien les suivre...
      D'autres font aussi de la publicité pour leurs collègues,ainsi c'est l'actrice qui venait de nous chanter et de nous conter l'histoire de Fréhel qui nous a donné envie d'aller écouter le solo philosophique de Yves Cusset,lequel jouait juste après elle dans la même salle et,ma foi,nous ne l'avons pas regretté...Avons-nous vraiment fait de la philo?Je ne sais mais nous avons bien ri...Oui,même la philo peut provoquer le rire...Et ce n'est pas de la rigolade,car c'est un vrai professeur de philo,qui plus est,un agrégé,un vrai..et il est aussi comédien et il a aussi écrit des livres ..Allez voir son site,si vous voulez..Et il n'a que trente six ans..Il joue avec les mots...Comme il joue avec les gens,avec les concepts...
    "J'étais déjà en point d'interrogation dans le ventre de ma mère,dit-il,et je ne voulais pas en sortir,déjà,je me demandais:à quoi ça sert d'exister?"

      La philo peut faire bon ménage avec l'humour et le pouvoir de rire de soi-même et,ainsi faisant,elle ravive notre disposition  naturelle à l'étonnement.


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  • Il est à Avignon,à l'angle de la rue Carretterie,et je l'ai trouvé si vrai que je n'ai pu résister..Vous pouvez aller le voir,il y est encore,mais ne troublez pas son  petit somme...

    Cette année,je suis allée trois fois au festival d'Avignon et j'ai vu quatorze spectacles...Il y en a mille qui nous sont proposés,comment résister?  Je sais ,après certains,il faudrait avoir la sagesse de s'arrêter,de laisser mûrir en soi ce que l'on vient de voir,de s'en imprégner...Mais quand quelque chose est bon,on a envie de toujours plus...Et l'on est sollicité par les artistes qui,avant ou après leur spectacle,viennent vous solliciter,vous proposer leur spectacle..On voudrait faire plaisir à tous,on se laisse tenter...

    nous encore,les spectateurs,nous ne faisons que regarder mais il est des comédiens dont les capacités m'époustouflent et qui sont capables de jouer,pendant toute la durée du festival,deux ou trois spectacles par jour...Ainsi Pierrette Dupoyet qui,dans la même journée,nous interprête Sarah Bernhardt,une amoureuse qui attend le retour de Boris Vian, et les femmes d'un orchestre d'Auschwitz



    Le spectacle qui m'a le plus touchée peut-être est celui donné par Carmela Locantore qui interprête Héloîse lors de son soixantième anniversaire,elle se remémore sa vie,son amour pour Abélard qui,bien qu'elle en ait été séparée,a totalement empli sa vie .Et pour partager avec nous ce qu'elle trouve urgent d'être entendu,elle utilise les mots deChristiane Singer dans son roman"Une  passion" .Il retrace admirablement bien cette histoire.

    j'avais lu ce livre,il y a plusieurs années...Je l'ai relu en revenant d'Avignon...De l'avoir vu jouer lui a donné une force insoupçonnée
    "Tout dans ma vie s'est trouvé taillé dans la même étoffe...tout puise son eau à la même source:mon amour pour toi"dit-elle en évoquant Abélard
    "Seuls l'obstacle et la quête éperdue nous éveillent"
    "Je découvrais l'élément pour lequel j'avais été faite:l'amour éperdu"

    Je vous parlerai des autres spectacles ,un autre jour peut-être...Aujourd'hui,je reste sur celui-ci.

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  • Les textes que j'ai faits paraître ces derniers jours sont ,pour la plupart des textes anciens,écrits il y a quelques mois ou même quelques années...Et cela m'a donné la sensation de ne vivre que dans le passé même si ces textes me convenaient,me paraissaient justes encore aujourd'hui...J'ai eu l'impression de n'être plus vraiment vivante...
      Alors je me suis assise à ma table ,
    j'ai contemplé le soir,
    j'ai laissé venir le silence,
    lui ai donné le temps de s'installer
    et j'ai commencé à écrire
    "écrire comme on se tait"
    dit Christiane Singer
    Et de nouveau,j'ai senti la vie
    circuler en moi
    Les instants se sont mis à défiler
    chargés de couleur et d'odeur...
    Et voilà que je m'aperçois
    J'ai treize ou quatorze ans peut-être...
    J'écris mes premiers poèmes
    et je m'émerveille de voir les mots
    se présenter à moi
    si dociles,si délicieux...
    Je savoure cette complicité
    avec moi-même
    Peut-être que écrire,c'est d'abord se plaire
    en sa propre compagnie,
    être pleine de tendresse pour soi-même
    et ainsi pouvoir l'être avec les autres,
    partager avec eux ce qui nous émerveille,
    nous étonne,nous rehausse,nous donne du sens...
    Ecrire...c'est pour se relier...


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  • "Le poète dit.:j'y suis pour tout le monde
    Ne frappez pas avant d'entrer
    Vous êtes déjà là
    Qui vous frappe me frappe
    J'en vois de toutes les couleurs
    J'y suis pour tout le monde...
    J'entends venir à moi du très loin de l'aurore
    Un monde où la bonté rit dans tous les miroirs...
    Et si vous demandiez qui sont ces hommes
    A visage d'hommes vivants,ces hommes habillés
    De joie simple et de confiance claire
    Le vent vous répondrait
    Ils sont vous-même vous enfin très ressemblant
    Au visage parfait qui s'ignorait en vous"   Claude Roy


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  • Dans le sac du campeur
    la gourde s'est vidée
    le pull s'est trempé
    et les pages du carnet de bord
    sont délavées.

    Dans la cuisine bien astiquée
    de la ménagère modèle
    l'homme est rentré
    a bu son verre de vin
    est parti
    derrière lui
    sur la table
    une tache noire et rouge

    Dans la rivière
    les galets impertubables
    que l'eau roule et lisse
    cèdent à ses lancinantes caresses
    et candidesz
    se laissent creuser jusqu'à leur coeur.

    dans la lettre que je t'ai écrite
    et que si longtemps j'ai hésité à t'envoyer
    t'ai-je atteint trop profond
    ou n'ai-je effleuré que ton armure?
    Et si j'ai ouvert ta blessure
    est-ce pour tegrandir
    ou pour t'amoindrir?

    Et dans cette eau dormante
    où j'ai voulu me mirer
    était-ce mon image qui se reflétait
    ou celle d'une que je ne connais pas
    qui tantôt me tire en avant
    et tantôt me tire en arrière?

    Sur les vêtements
    que la mère égarée
    plie et replie
    cherchant en vain
    l'enfant disparu,la tâche de beurre
    est toujours là
    mais ,lui,l'enfant n'est plus
    et l'invisible
    seul
    devient réel.


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