• PA250015   J'avais 16 ans.Cette année-là, pour la première fois,je n'allais pas passer tout l'été à la maison...Non,j'étais employée dans une maison au Vercors.C'était un grand chalet situé sur une hauteur et tous les matins,dès que j'étais réveillée,je me précipitais dans le pré voisin  D'où je contemplais le paysage...Je n'en ai pas un souvenir précis.La seule chose qui  me reste en mémoire,c'est la sensation de bonheur extrême que j'éprouvais,c'était comme si deux bras m'enlaçaient: deux bras très doux,très tendres comme une mère enfin retrouvée...Ce lieu ruisselait d'invisible et m'ouvrait à la vraie vie et ce moment passé seule dans le silence et la luminosité du matin embellissait toute ma journée...il me semblait que le temps était suspendu.
       Qu'en ce lieu idyllique,un drame puisse avoir lieu...celà n'était pas possible...Même la mort y perdait l'effroi qu'elle suscitait d'ordinaire,elle devenait simplement un moment de vie qu'il s'agissait de vivre tout comme un autre,dans la même plénitude,la même sérénité que tout autre,avec même une chanson au bord des lèvres pour célébrer la vie qui va et vient.
       J'allais donc; chaque matin,contempler ce paysage,m'y ressourcer,m'émerveiller de cette beauté,à perte de vue,m'enchanter de ce silence qui bruissait à mes oreilles...toujours un peu étonnée quand les bruits de la maison me rappelaient que les autres s'éveillaient et que je devais les rejoindre...étonnée que le temps ait passé si vite...étonnée mais sans aucune tristesse;même enfermée entre quatre murs,ce paysage ,je le gardais,au fond de  moi et il me protégeait de toute agresion...C'était le bonheur;


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  • Nous prenons le repas sous l'if centenaire

     

    Du soleil, pas de vent ou si peu

     

    Une grande douceur, une harmonie diffuse

     

    Une grande paix

     

    Ces instants, si courts soient-ils, semblent n'avoir pas de fin

     

    Le poème d'Aragon me revient en mémoire

     

     

    "...

    Il fait beau à n'y pas croire

     

    "...Il fait beau à n'y pas croire

    Il fait beau comme jamais

     

    Quel temps quel temps sans mémoire

    on ne sait plus comment voir

    ni se lever ni s'asseoir

    il fait beau comme jamais..."


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  • Il est des moments où tout s'éclaire soudain.

    Un seul chemin est devant nous, évident .

    Aucun doute n'est possible.

    Là est notre place.

    J'étais encore à l'école primaire quand j'ai connu une telle fulgurance...Je devais avoir  huit ou neuf ans, pas davantage...J'étais dans une école religieuse...La soeur cuisinière avait une idée fixe et chaque fois qu'elle rencontrait maman, elle lui disait que j'avais certainement la vocation et que je pourrai bien devenir religieuse...Maman écoutait sans mot dire mais moi, les certitudes de la brave soeur me troublaient...

    Et , un jour, brusquement, toutes mes inquiètudes furent balayées.

    Il était certain , me suis-je dit, que Dieu qui nous aimait voulait notre bonheur...Or moi, dans le marécage de mes doutes, j'avais quand même une certitude absolue, une seule : pour que je sois heureuse, pour que je sois moi-même, que je justifie mon existence, il fallait , il fallait absolument que j'aie au moins quatre enfants, c'était ainsi, je n'y pouvais rien changer...

    La vie religieuse étant incompatible avec la maternité, il était évident que la petite soeur se trompait et ses paroles ne me causèrent plus aucun trouble.

    Un seul chemin pouvait s'ouvrir devant moi.


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  • chemin-de-Stevenson--octobre-2007-056.jpg                                                       

    Je me souviens très bien...

    J'avais vingt ans et un tout petit peu plus.

    Je me souviens du lieu:boulevard du Cire,une route montante.

    Je la descendais,j'étais juste au tournant.

    Une pensée m'a traversée,transpercée...avec une force inouïe:

    "cet homme que j'aimais,que j'allais probablement épouser,

    cela pouvait-il être autrement,

    ça allait être impossible,la vie avec lui !

    ça allait être infernal parfois,au bord du gouffre,

    nous étions si différents;

    mais moi,je ne pouvais pas l'abandonner,

    le laisser au bord du chemin,

    il serait perdu sans moi,

    je serais perdue sans lui.

    Et puis nous avions tant à apprendre l'un de l'autre ,

    nous étions si différents.

    Les apparences pourraient donner à croire que nous nous étions éloignés,

    mais ce ne serait que pour mieux nous retrouver.

    Cette intuition fulgurante que j'eus ce jour-là,

    combien elle fut juste !

    Et elle m'a soutenue contre le désespoir.

    Voilà plus de quarante ans que nous vivons ensemble,

    et je ne regrette rien.

    Il y eut des moments difficiles
    mais ils nous ont fait grandir.

    Et nous progresserons encore,
                je le crois.


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  • Je continue à visiter mon passé par quelques flashs rapides...Ce n'est pas de la nostalgie..C'est pour éclairer le présent et tenter de le mieux vivre
    J'ai vingt ans
    Et je commence ma carrière d'enseignante
    un peu par hasard...
    J'étais dans une telle ignorance de moi-même
     que je ne savais pas où étaient mes désirs
    ni à quoi je pouvais être utile....
    Le hasard a bien fait les choses.
    J'étais bien à ma place
    et le bonheur d'être avec les enfants était parfois si vif
    qu'il m'aurait semblé juste
    que ce soit moi qui paye
    (et non qui sois payée)
    pour avoir ce bonheur-là....


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