•   Sept décembre
    Ce n'est pas un jour ordinaire
    c'est un jour anniversaire.
    Nous l'avons fêté, cette année, avec un jour d'avance
    avec deux couples amis
    qui, en ce début décembre,
    nous réservent toujours un jour ou une soirée.

    Sept décembre
    c'est le jour anniversaire
    de notre fils,
    le plus jeune,
    le jour de son arrivée sur terre
    et le jour de son départ,
    dix-neuf ans plus tard...
    Il aurait pu attendre encore un peu...
    mais ainsi est la vie
    fugace, éphémère, tragique
    et cependant terriblement belle....
    Et chaque fois qu'une joie nous arrive,
    je me dis que je dois la vivre pour deux
    puisqu'il n'est plus là pour s'en réjouir...
    Oui, je l'entends qui me dit :vas-y, profites -en,
    ouvre tes yeux, ouvre ton coeur,
    ouvre-toi à la vie.
    Je l'ai quittée parce que je la voulais
    tellement plus belle  que ce que j'étais capable de vivre,
    alors vas-y...
    Et c'est vrai, j'aurais l'impression de le trahir,
    de le faire disparaître à nouveau
    si je faisais la fine bouche,
    si je ne tentais pas de cueillir
    tous ces petits bonheurs qui viennent à notre porte.
    Peut-être n'est-il venu sur cette terre que pour cela,
    pour nous dire que la vie est joie,joie et douleur mêlées
    mais joie tout de même.

    Et qu'on ne me dise pas que mon enfant, je l'ai perdu...
    J'ai toujours quatre enfants
     dont un qui n'habite plus son corps de chair et qui est donc invisible
    mais je ne peux pas perdre ce qui ne m'appartient pas
    et aucun être humain ne peut appartenir à un d'autre, fut-il son enfant.

    Ses retrouvailles, chaque année, ne sont pas tristes,
    elles sont chaleureuses
    et savoir que nous pouvons compter sur nos amis
    pour marquer cette date au sceau du souvenir
    est réconfortant et apaisant...
    Et la vie continue avec ses joies et ses peines.


    36 commentaires
  • "Ce centenaire qui parlait de la Première Guerre mondiale avait un étroit visage de cuir bouilli. Ses yeux étaient deux billes d'acier." Les balles sifflaient de tous côtés, j'ai pensé : il faut que je me sorte de là, personne ne m'aimera autant que je m'aime. " Les vraies paroles jaillissent du fond des âmes. Elles explosent en plein ciel comme des obus de quarante." 

    "La sainteté, c'est juste de ne pas faire vivre le mal qu'on a en soi"


    "Ecrire - obéir à ce qu'on voit"

    "J'essaie avec des mots de peindre cette lumière qui vient d'entrer par la fenêtre et s'est plantée dans la peau rosée de la poire. Je n'y arrive pas et cet échec n'est pas sans gaieté - comme de perdre au jeu contre un ami."
                                                 
                                                      Christian Bobin (Les ruines du ciel)

    10 commentaires
  •   C'est dans la pénombre que nous nous rencontrâmes.
    Selon les habitudes anciennes, je tournai la poignée sans sonner...oubliant que depuis plusieurs mois je n'avais pas franchi cette porte..L'idée m'en vint à l'esprit mais j'étais déjà entrée et il venait vers moi en cillant les paupières...Il me reconnut et, partagé entre la joie de ma visite et la peur d'être surpris, il me dit :"Il est possible qu'elle vienne"...
      Et déjà je la sentais dans mon dos. Pour moi, il m'était indifférent de la rencontrer...mais je ne voulais pas être la cause d'un conflit et le voyant  ainsi, j'avais hâte de partir pour ne pas l'importuner.
      il me dit :"Il faut patienter...J'ai tenté un chemin"  et puis encore:"tu ne dis rien..à personne" 
      Qu'aurais je dit ? Il n'y avait plus rien à dire, ai-je pensé...
      Et je me suis retirée, non sans l'avoir embrassée doucement, plusieurs fois...A quelqu'un qui meurt de soif, comment ne pas donner quelques gouttes d'eau?
      Et je me suis retirée, vite , trop vite...En cet instant, il se montrait sans masque...
    Il était accessible aux questions essentielles...Peut-être ?
    Un ami véritable  hésite-t-il à donner le coup qui ramènera l'être aimé à la vie ?  Je n'ai pas osé et je le regrette...
    "Je sais que je peux compter sur toi"  me dit-il
    Certes oui, mais le pas qu'il doit faire pour sortir de cette voie fatale, lui seul peut le faire...

    22 commentaires
  •  

    Surtout pas ça

    Il n'était pas maudit
    Pas désigné- par qui?
    Pour le malheur.

    Il était comme les autres
    Tout pareil.

    Chargé comme eux
    De ce quelque chose
    Difficile à porter.

    Et de ce besoin comme d'une extase
    Jamais interrompue.
    Aujourd'hui, d'ailleurs, ces quelques sourires
    Devinés , pressentis.

    ET ce couchant qui appelait."
       Guillevic


    16 commentaires
  • Ce texte  a été écrit  en janvier 2000 et je viens de le retrouver, il m'a semblé d'actualité


    La grippe, nous, on ne connaît pas !
    Bien sûr, on en entend parler par les autres, par les médias..Et justement, les médias, même quand on regarde peu la télé, ils nous en rabâchent tellement les oreilles qu'il s'est affollé..ça faisait quelques jours qu'il ne cessait de me répéter plusieurs fois par jour :"Attention, il faut se laver très soigneusement les mains, la grippe fait des ravages, les hôpitaux sont pleins..C'est que ça vous couche une semaine  entière"...
    Je me disais:"il va nous porter la guigne, à force d'en avoir peur , il va bien la faire venir".
    Et ça n'a pas loupé, elle est venue..D'abord pour moi..Et comme le docteur a dit:" c'est une grippe compliquée"
    Alors il s'est affollé un peu plus...Quoi, la grippe était chez lui !  Je lui ai bien dit pourtant :" c'est une bronchite que j'ai, tu le sais bien que j'ai les bronches fragiles"
    N'importe !  dès que le docteur a été parti, lui qui allait très bien, il s'est mis à tousser...Le soir..est-ce l'émotion..le fait de ne rien faire, si ce n'est de me regarder pour savoir si je respire encore...je ne sais..mais le soir, il n'en pouvait plus, il s'est couché de bonne heure et le lendemain il avait même un peu de fièvre...Il avait désiré la grippe  (une grande  peur, n'est-ce pas un grand désir?  c'est du moins ce que certains prétendent).
      Et elle s'est engouffrée par la porte ouverte, la grippe!

    24 commentaires