•   Je suis dans le train. A côté de moi s'installe un couple âgé...A leur façon d'être ensemble, de se tenir l'un à côté de l'autre, je sens l'harmonie profonde qui règne entre eux...Les années n'ont pas émoussé leur amour.  De temps en temps, il lui glisse quelques mots à l'oreille....Ses yeux brillent quand il lui parle.  Elle l'écoute bienveillante....Lui a besoin de mouvement, il se lève, il revient , change de place, l'invite à venir auprès de lui...Là, il se sent mieux, elle, elle est toujours aussi sereine...Lui est bien, elle peut prendre un livre...
    Je les regarde...L'air est devenu plus léger !

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  • "Ils m'obéissent maintenant moins bien
    les mots. A propos
    de rien ils grommellent, ne font
    aucun cas de ce que je leur dis,
    ne tiennent pas compte de mon âge.
    Probablement sont-ils las de leur bride
    ,ne me pardonnent-ils
    ma main rigoureuse, mon indifférence
     au feu d'artifice.
    Je les aime, je n'ai jamais eu d'autre
    passion, et eux durant de longues années
    m'ont égalemnt aimé : ils dansaient
    autour de moi quand j'allais à leur rencontre.
    Avec eux je faisais du feu,
    ils nourrissaient mes jours, mais maintenant
    ils sont revêches, s'échappent entre 
    mes doigts, glissent entre mes dents
    si je tente de les retenir. Ou peut-être est-ce moi
    qui recherche seulement les plus abrupts ?"


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  •   Le dimanche suivant, ce fut l'enfer..Il fallut se repaître du passé puisque de nouveau ils étaient là; Il n'y avait pas eu de miracle à Lourdes, une simple rémission seulement. Et ils étaient revenus, toujours aussi figés dans une fidélité paralysante et déformante..
      L'enfant fut insupportable....
      Le lendemain, la maman leur écrivit une lettre pour les informer qu'elle ne serait pas là le week-end suivant...A peine avaient-ils reçu la lettre qu'ils se précipitèrent chez elle en montant dans le premier train en partance.''...Elle n'ouvrit pas la porte, elle se sentait incapable de les affronter... Elle téléphona à ses belles soeurs pour qu'elles lui viennent en aide...Celles-ci lui conseillèrent de déménager..Elles, elles s'occuperaient des parents...Qu'elle ne se laisse surtout pas désarmer par ceux qui, bonnes gens, la jugeraient odieuse...et qu'elle ne cherche pas à s'expliquer..Pour le moment, enfermés dans leur propre logique, ils ne pouvaient pas la comprendre...Mais peut-être que le choc leur serait salutaire !
      Elle déménagea, elle reprit goût à la vie, reçut à nouveau ses amis et ceux de son enfant qui, de naturel très sociable, invitait volontiers...Très souvent, elle leur envoyait un petit mot affectueux en leur disant de ne pas s'inquièter à leur sujet mais elle ne donnait pas son adresse.
      Un jour, quand ils seraient assez forts tous les deux, ils leur feraient la surprise d'une visite... et se retrouvailles seraient une fête....Elle y préparait son garçon en lui parlant  de ses grand-parents et de son père, en lui racontant tous les bons moment s qu'ils avaient vécu ensemble, en lui disant combien son père serait heureux de le voir aimer la vie comme lui l'avait aimé.

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  •   Un dimanche, les grand-parents arrivèrent avec une nouvelle plante que, dirent-ils, ils voulaient apporter le jour même  au cimetière. Leur belle fille les y conduisit et emmena l'enfant...Jusqu'alors ces visites lui avaient été épargnées car elle y allait à la sortie de son travail...L'enfant refusa d'entrer et s'agrippa à la grille, il trépigna tant et tant que les vieux désemparés se rendirent seuls sur la tombe...Eux, la fête, ils ne savaient plus la reconnaître qu'en ce lieu puisque c'était le lieu des retrouvailles et ils ne comprenaient pas que le désir d'y venir n'ait pas été donné à l'enfant par sa mère...Ils se  sentirent incompris, abandonnés mais pas un instant ils ne doutèrent d'agir pour le mieux...Ils demandèrent pardon à leur fils de n'avoir pas su lui emmener le petit : ç'aurait été une telle joie pour eux d'être ensemble tous les quatre à fleurir sa tombe puisque l'univers désormais se réduisait à ce lieu et à eux quatre séparés de lui : désormais présence et absence absolue.
      Pendant ce temps, maman consolait son petit garçon lui caressant les cheveux et le couvrant de baisers très doux pour qu'il se calme et parce que, soudain, elle avait très peur de le perdre. Ce jour-là, elle comprit que, par amour pour le disparu, elle devait sauvegarder son enfant...Il était vigoureux, il avait bien résisté jusqu'à présent et souvent riait aux éclats....mais il devenait de plus en plus capricieux, embrassant avec fougue les deux pauvres vieux pour les rejeter un moment après...C'était surtout avec eux qu'il était contrariant et désagréable....

      Un jour pourtant, qui les décida? qui provoqua cette rupture dans leur vie sans vie d'alors ? Ils décidèrent d'aller à Lourdes.
    A peine arrivés dans leur chambre d'hôtel, ils installèrent au centre de la pièce la grande photo  qui le représentait avec eux et deux ou trois autres encore..ils se rendirent à la grotte. ..Ils partagèrent la douleur des malades..Eux aussi étaient infirmes puisque amputés de leur fils..Et de les voir tous si douloureux et pourtant l'espoir toujours naissant, leur propre douleur s'en trouva un peu moins lourde...Il s'y attardèrent  donc quelques jours..
      Pour la première fois, depuis la mort de son mari, elle se trouva seule avec son fils, tout le dimanche...que l'air était léger et bleu le ciel ! Ils rirent pour des riens, se promenèrent dans le bois voisin  (A suivre )

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  •   Un jour, ce bonheur de vivre que l'on croyait éternel, ne fut plus que du passé.
    Coup de téléphone, accident.Le fils est à l'hôpital. Le fils est mort. Un grand blanc. Les aiguilles de l'horloge cessent de tourner !
      Tous ceux qui étaient venus pour le mariage revinrent pour l'enterrement . Les parents se montrèrent dignes, presque impassibles tout au long de la cérémonie...En fait, ils étaient morts avec leur fils.....Ils organisèrent ce qui leur restait de vie comme devant servir uniquement la mémoire de leur enfant bien-aimé...Leur maison devint un sanctuaire :. Partout des photos de lui : Antoine bébé, Antoine à l'école, Antoine en communiant, Antoine à la maison,  Antoine sur le stade, Antoine jouant du piano, Antoine le jour du mariage, Antoine à la maternité auprès de sa femme et de son enfant et la toute dernière photo, bizarrement, c'était entouré de ses deux parents qu'on l'avait pris...Celle-là, ils l'avaient faite agrandir et encadrer : elle était là pour nier l'absence et les gens qui venaient leur rendre visite étaient pris d'un vague malaise en regardant le trio dévoilé par la photo qui occupait le centre de la salle de séjour. 2tait-ce avec les morts ou avec les vivants qu'il fallait poursuivre le dialogue?
      D'ailleurs de quoi parlaient-ils? Evidemment du fils, du temps où ils étaient réunis...La seule chose qui pouvait leur faire plaisir, c'était que le visiteurn parle de lui au présent, comme s'il venait de le rencontrer au coin de la rue. Leur visage alors s'illuminait. Ils sortaient de leur apathie habituelle et se mettaient à égrener les mille et un souvenirs qui étaient leur seule richesse désormais.
      Tous les dimanches, ils allaient voir leur belle fille seule avec l'enfant...Ils faisaient aussi le voyage dans la semaine pour se rendre au cimetière..Il y avait plus de deux ans et leur constance ne faiblissait pas.
      Les amis qui ne supportaient pas de les voir ainsi figés dans le passé n'avaient qu'à s'éloigner..Même leurs deux filles, elles-mêmes bien vivantes n'étaient pas davantage écoutées..Ils étaient devenus incapables de s'intéresser à ce qu'elles vivaient ou disaient...Oublieuses de leur souffrance personnelle, elles essayèrent de venir en aide  à la jeune veuve..Mais celle-ci en était venue à redouter ces fins de semaine qui la mettaient en présence des parents éplorés.Ils étaient si lamentables qu'elle ne trouvait pas le courage de leur dire que leur attitude l'enfonçait dans un abîme sans fond, que toutes les nuits elle rêvait que près de la tombe ouverte de son fils, cette mère si aimante la faisait choir et eux tombaient à leur tour et la tombe aussitôt se refermait..Parfois l'enfant lui aussi était enseveli, parfois il échappait de ses bras avant qu'il ne tombe, il courait, il gambadait...Ces matins-là, l'espoir la tenait debout. Peut-être que cet enfant les sauverait...En effet, il était le seul à faire éclore un sourire sur les lèvres de ses grand -parents...Mais c'était un sourire triste et l'enfant trépignait...Les visages chagrins de son entourage l'étonnaient sans cesse...Dans la rue, il se précipitait vers les personnes qui rayonnaient la joie et les appelait "papa" ou "maman"  ( A suivre )

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