• " Ces livres m'ont envoyé ailleurs, dans le corps et la voix de qui je n'étais pas et, ce faisant qu'ils fomentaient

    mon évasion, ils m'ont déposé au coeur de moi-même, procédant  à une invasion salutaire, m'allouant cette

    chose toute simple dont on ne peut aucunement faire l'économie : la reconnaissance, petit miracle que Charles

    Juliet résume d'un sublime trait de simplicité : " le rôle de l'écrivain est de prêter à autrui les mots dont il a

    besoin pour accéder à lui-même." Ces livres me devinaient, ils m'écrivaient et me donnaient droit de cité tout

    en mettant au jour une part commune. je m'aventurais dans l'étranger pour finalement tomber sur

    moi-même...Ces livres prenaient soin de moi. bien sûr, ils me bousculaient, ils étaient crus dans leur exigence

    de vérité mais ils substituaient au silence, à l'angoisse et à l'isolement non pas le baume de la

    consolation...mais la contemplation du vivant. Ni à genoux, ni à moitié mort, ni objet : debout, , bel et bien en

    vie, sujet.

    Ainsi, j'ai souvent eu le sentiment en lisant d'aller à la rencontre de "mes vies romancées"...

                                    Arnaud Cathrine (Nos vies romancées)

     

    Oui, les livres qui ont compté pour moi, ce sont les livres qui permettent de contempler le vivant

    et qui nous prêtent les mots pour accéder à nous-même

     

     

     


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  • " Je pensais que les livres étaient une source de savoir. Je ne savais pas encore qu'ils parlaient d'autre chose. Que certains n'étaient pas des livres mais de purs moments d'émotion qui vous élevaient vers les cimes. J'éprouvai une espèce de frayeur terrible en refermant l'ATTRAPE-COEURS.

    Je me mis à trembler en pensant que j'aurai pu  ne jamais connaître une telle expérience.Je le relus aussitôt une seconde fois pour m'assurer que je n'avais pas rêvé.

     "Les sources d'émerveillement sont inépuisables, ici-bas. toute la laideur, toute la puanteur accumulées n'y peuvent rien : la lumière continue de gicler par le moindre interstice.  et si l'on en doute, il y a deux moyens de s'en persuader : Le Tao-tê-king et Richard Brautigan.  Comme tous les grands désespérés, Brautigan est capable de la plus grande drôlerie, des plus purs élans d'optimisme....L'idée que les choses les plus sérieuses du monde - l'amour, la littérature, soi-même - sont également les plus comiques, cette idée simple, claire et juste, Brautigan en a extrait tout le jus, il en a exploité la moindre facette.

    Pour lui, n'est vraiment drôle que ce qui est profond, comme ne sont légères que les choses qui ont une âme."                                    Philippe Djian

     

    Dans ce livre "ARDOISE", Philippe Djian explique comment il a découvert la littérature à 18 ans en lisant l'Attrape-coeurs de Salinger et comment il a su alors que c'était cela qu'il voulait faire, qu'il devait faire et il nous parle des quelques auteurs qui ont bouleversé sa vie...

    Je me demande à mon tour quels sont les auteurs qui ont vraiment compté pour moi, mais je ne peux quand même pas dire qu'ils ont bouleversé ma vie...Il y eut Bernanos, Mauriac, Anaïs Nin, Marie Noël, Pablo Neruda, Michaux,Hermann Hesse, Bobin, Juliet ,Etty Hillesum , Christiane Singer...et j'en oublie sans doute

    je remercie Mammazerty qui, par son article  sur Bram Van Velde raconté par Djian, m'a donné envie de connaître cet auteur que je ne connaissais que de nom.

    Et vous, y a-t-il des livres qui ont compté pour vous?


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  • L'autre jour, je rentre dans une librairie.

    Il y a bien un ou deux mois que je n'ai franchi le seuil d'une librairie, ce qui pour moi est beaucoup...

    Je rentre sans idée précise, par pur hasard, parce que je passe devant...

    Je fais le tour, je feuillette l'un , m'attarde près d'un autre...et soudain, je le vois...celui qui m'attendait...

    comment pourrai-je ne pas le désirer, ce livre de souvenirs  écrit par quelqu'un qui l'a bien connu...

    ce livre qui va me permettre de la rendre vivante auprès de moi et, grâce à elle, de me tourner vers

    l'essentiel...Oui, vous l'avez peut-être compris, je vous parle du même livre que dans l'article précédent,

    de ce livre que Léonard Appel a écrit sur Christiane Singer...Ou plus exactement en dialogue avec elle...

    Je lis...lentement, je savoure, j'entends à nouveau la voix de Christiane...

    J'ai lu tous ses livres, je crois...Je l'ai rencontrée à deux reprises...La première fois, nous avons pu

    dialoguer ensemble un long moment...C'était  après la mort de mon fils et elle a su trouver les mots,

    elle a su m'offrir l'écoute dont j'avais besoin pour me sentir vivante à nouveau et retrouver confiance...

    Alors si des amis parlent d'elle, je suis avide de les entendre...Eux aussi la rendent vivante.

     

    J'ai vraiment bien fait de rentrer dans cette librairie.

     


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  • http://www.france24.com/fr/20131108-2-Frederique-Bedos-projet-Imagine/

     

    Je viens de terminer le livre témoignage de Frédérique Bedos   "La petite fille à la balançoire"

    Je vous en recommande vivement la lecture, cela réconforte et nous réveille et donne envie à chacun de faire ce qu'il peut pour que ce monde soit plus juste et plus chaleureux...Tout le monde ne peut pas porter un grand projet mais chacun peut ajouter sa petite goutte d'eau, du mieux qu'il peut

    Frédérique Bedos, née le 17 mars 1971 à Mont-Saint-Aignan1, en Seine-Maritime, est une animatrice de télévision et de radio française...Elle a abandonné cette première voie pour se consacrer au projet "Imagine" dont le but est de faire connaître les héros anonymes qui, dans l'ombre, oeuvrent pour les autres.

     

     

    La famille vue par Frédérique Bedos, la petite fille sur la balançoire

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    © Michel LABELLE / SIGNATURES POUR LA VIE© Michel LABELLE / SIGNATURES POUR LA VIE

    Animatrice de radio et de télévision, Frédérique Bedos retrace son chaotique parcours de fille adoptée et le chemin d’amour qui lui a permis de se reconstruire.

     

    Elle n’avait jamais soufflé mot de son enfance. Lancée dans une carrière télévisuelle entre New-York, Londres et Paris, animatrice à succès sur M6 et MTV, la rayonnante jeune femme s’efforçait de tourner la page et de repousser les peurs du passé. Aujourd’hui, elle se raconte dans un livre-témoignage : la Petite Fille à la balançoire. Elle dédie son récit « à (s)es mamans ». L’une l’a mise au monde, lui offrant un amour douloureux, traversé par la maladie mentale. L’autre l’a accueillie dans ses bras tranquilles et cette famille chaleureuse où la Ddass la conduisait chaque fois que « maman Jeanne » délirait. C’est là, par l’improbable force de l’amour, que la petite fille, puis l’adolescente s’est reconstruite. Frédérique Bedos porte aujourd’hui le projet ­Imagine, un média qui met en lumière des héros du quotidien. Consciente qu’on n’a jamais tout à fait fini de traverser son histoire, elle relit pour La Vie l’itinéraire d’une force fragile.

    Maman Jeanne

    « Je n’ai pas eu de père, mais je ne me suis jamais sentie abandonnée. Je n’ai pas cette blessure du cœur dont on met toute la vie à guérir. Avant que la maladie me la vole, je sais que ma mère m’a aimée. Fille de l’assistance publique, elle me racontait son émerveillement devant le bébé que j’étais, qu’un homme adoré lui avait donné avant de s’enfuir. Nous vivions, en tête à tête, une vie de bohème. On déménageait tout le temps, on n’avait rien, elle me gavait de bonbons et de tendresse. Imaginative, cultivée, maman Jeanne écrivait des poèmes, dessinait, m’a appris à lire à 3 ans, avec elle j’écoutais de l’opéra. Et puis, il y avait l’autre face, la ténébreuse, la maladie qui gagnait du terrain. Face de méchanceté, de mensonge que la petite fille de 8 ans que j’étais apprenait à distinguer de la mère qui l’aimait. Je devenais alors la maman de ma maman. Au retour de l’école, j’avais peur de ce que j’allais trouver, des hommes qu’elle ramenait, de ses tentatives de suicide, de ses délires paranoïaques qui finissaient en camisole chimique à l’hôpital psychiatrique. Peur surtout de ne pas pouvoir la sauver d’elle-même. ­Shootée, elle me ­regardait sans me voir. Et moi, le fourgon de police me déposait pour quelques jours dans la maison de ceux qui allaient devenir mes seconds “parents”. »

    La famille

    « Avec mes parents adoptifs, à qui j’ai été définitivement confiée par la justice après mes 11 ans, j’ai découvert une ribambelle de frères et sœurs. Avec Virginie, ma sœur coréenne, Pierre-Vincent, le bébé né sans bras ni jambes, Gaston, le frère camerounais dont le visage avait brûlé dans un feu… il fallait nous voir dans la rue. Cette tribu arc-en-ciel où il manquait un œil à l’un, un bras à l’autre ne passait pas inaperçue. Chacun est arrivé clopin-clopant dans cette famille avec son parcours chaotique. Mais nous ­devenions des enfants “choisis”. Et la magie a opéré. Quand on reçoit la bonne dose d’amour, les blessures ne vous écrasent pas. Même, elles vous permettent de nourrir de l’empathie pour les autres. Vous avez beau être en colère devant votre souffrance, le cercle élargi où circule la vie et le rire vous fait le cadeau du partage. Ma sensibilité, je la dois aussi à mon enfance. C’est là que j’ai appris ce qu’est la famille de cœur. Des expériences comme celles-là vous permettent d’embrasser la famille humaine, d’expérimenter en petit ce qu’on rêverait de vivre dans notre monde. »

     


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  • Il y a seulement trois ou quatre mois, je ne connaissais rien de lui....

    Puis quelqu'un me prête son dernier livre " Le quatrième mur"  (Prix Goncourt des lycéens), très beau livre mais assez dur puisque cela passe dans un Liban en guerre...

    Ensuite je découvre   "Retour à Killisberg" qui se passe  dans l'Irlande en guerre et qui nous parle de trahison...Beau livre certes mais très dur aussi

    Et voilà que, par hasard, j'ai entre les mains son premier roman : "Le petit Bonzi".Je le lis d'une traite.Il s'agit cette fois de l'histoire d'un enfant bègue. Ce n'est pas la guerre, c'est douloureux quand même....mais il y a plein d'espoir. Et l'auteur a bien su nous faire retrouver notre âme d'enfant...

    Je partage avec vous quelques passages

    ""La phrase est  courte, elle est belle, elle est simple à dire. elle est colère; elle a les poings fermés et le front haut...Elle a les cheveux au vent . elle lui sourit."

    "-Jacques,calme-toi ! Jacques! Sa voix était toute pâle. elle ne grondait pas, ne rassurait pas, n'avait ni peur, ni rien; Ce n'était pas la voix d'une mère penchée sur un lit de fièvre; Ce n'était pas une voix pour dire qu'elle était là. Ce n'était pas une voix de mère. C'était des mots aux autres pour montrer l'embarras."

    " Il a décidé qu'il fallait une place à part pour les mots de son père.Parce que c'était des mots précieux.Des mots de travail.Alors il les a pris en bouche,il les a goûtés comme un trait de sirop.Chaque lettre.Une par une à petite gorgée.Truelle.Le T,le R,le U,le E, les deux L et le E à suivre.Puis le TRU.Les mots de son papa. Des mots Rougeron. Des mots  amis."

     

     Sorj Chalandon

    vvSorj Chalandon est un journaliste et écrivain français.

    Il a été grand reporter puis rédacteur en chef adjoint au quotidien Libération de 1974 à février 2007. Durant cette période il remporte le Prix Albert-Londres (1988) pour ses reportages sur l'Irlande du Nord et sur le procès de Klaus Barbie.
    Depuis, il est devenu un auteur reconnu grâce notamment à "Une promesse" en 2006 Prix Médicis, "Mon traitre" en 2008 Prix Joseph Kessel notamment et en 2011 "Retour à Killibegs" couronné par le Grand Prix du roman de l'Académie Française".


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