Il y a eu aussi les journées du patrimoine et, à cette occasion, des visites guidées étaient organisées..Ce qui nous a permis de pénétrer dans le palais ElglaouÏ. Le propriétaire, un petit homme en jelabah noire, nous prévient dès l'entrée:" faites attention où vous mettez les pieds"
 
En effet, le palais est fort dégradé...Qu'importe ! l'homme  à qui il appartient, vit dans le souvenir de sa splendeur passée..."Ici, nous dit-il, la vie s'est arrêtée en 1956"...Il tient à nous faire lui-même l'éloge de sa demeure. (et le guide se tient en retrait.).Il n'y a pas d'aigreur dans sa voix..De l'amertume, de la nostalgie certes mais, même sans argent, il reste le seigneur du lieu...Il vit là, avec sa femme qui est une française d' Avignon
  Et il nous souhaite la bienvenue..Il nous convie même à une fête, le soir , à minuit...
  IL n'y a plus aucun faste dans ce palais qui tombe en ruine mais le faste et la grandeur, c'est à l'intérieur de lui qu'il demeure  et, par ces paroles, il nous en communique des étincelles..

 

Il a exposé ses peintures dans une salle.

Un visiteur lui a acheté un  tableau,un grand et l'a mis au-dessus de son bureau...Il a exposé la lettre de remerciement que celui-ci lui a envoyé.

   Cet homme-là, , c'est vraiment quelqu'un que l'on aimerait connaître davantage...

Le festival, ce n'est pas que des concerts, ce sont aussi des rencontres...
Le premier jour, alors que nous prenons nos billets pour la semaine, la dame qui doit nous les donner nous demande,pour je ne sais quelles obscures raisons, d'attendre un moment ou plutôt d'aller visiter le palais Batha àl'entrée duquel nous nous trouvons ..Il y a près d'elle un jeune garçonnet de dix-douze ans et c'est lui qui nous fait visiter..Puis il nous propose d'aller dans la médina...Il prend son rôle de guide avec beaucoup de sérieux, nous le remercions de quelques pièces..Il va  rester avec nous jusqu'à la fin de la journée..Nous avons beau lui dire que nous avons assez visité pour aujourd'hui et que nous voulons nous reposer, il reste cependant avec nous...Nous nous arrêtons à un bar pour boire un jus de fruit..Lui se commande une glace..Nous nous apprêtons à payer le tout, il nous fait signe que non et il va payer  ce qu'il a commandé...
Nous pensions le revoir les jours suivants et, pourquoi pas, continuer la visite avec lui..mais nous ne l'avons plus  rencontré..Et je reste avec cette question : qu'attendait-il de nous que nous n'avons pas su lui donner? Notre guide, c'est le petit garçon en rouge,il s'appelle Hamil. Nous sommes chez un herboriste

Le lendemain après midi, nous écoutons des chants et des musiques du monde judéo-arabe et chrétien d'Orient avec le Yuval Ron Ensemble et Najwa Gibran.
L'orchestre est donc formé de musiciens arabes, juifs et arméniens et avec Yuval Ron,ils célèbrent le Dialogue, la rencontre et la Paix...Il y a aussi une danseuse magnifique qui tournoie et fait tournoyer ses voiles avec une grâce et une dextérité magnifique.
Le soir, autre merveilleuse surprise, une création de Didier Lockwood : "Cordes et Ames"avec  Rachid Regragui à la direction d'orchestre...Alors que je n'attendais rien de ce spectacle, j'ai été complètement envoûtée...A un moment, je me suis sentie entraînée dans un tourbillon affolant qui m'aspirait vers le vide ou vers le centre..Puis le tourbillon nous happait à nouveau pour nous élever vers les hauteurs, c'était extraordinaire et j'en ai complètement oublié ma fatigue...Quelle chance d'être là !

  Je viens de passer une semaine au Maroc, à Fès exactememt où avait lieu le festival des Musiques sacrées...Cela faisait des années que je rêvais de ce festival...Le temps m'a paru à la fois très long avec l'impression d'avoir oublié un peu la vie d'avant...Et ce même temps m'a paru, à la fois trop court et j'aurais aimé prolonger mon voyage...Comment découvrir un pays en une semaine ?
  Il est déjà 19 heures quand nous arrivons à l'hôtel le dimanche soir...Nous n'avons pas encore nos billets et nous pensons aller au festival le lendemain seulement..Mais l'hôtelier nous dit que, ce soir, ce sont les derviches tourneurs qui passent et il peut nous avoir des billets et un taxi pour l'aller et le retour...Devant tant de bonne volonté, nous acquiesçons, ravies...Décidément, cela commence à merveille....
  En première partis, ce sont les derviches de Konya...Ils se prosternent avant de commencer leur danse...C'est envoûtant ! Ils quittent la scène  dès qu'ils ont fini...Les applaudissements sont pour les musiciens, eux n'en ont que faire..Leur danse est une prière !  En deuxième partie, le groupe turc  et français"Icons" de Ziya Ayazi et Serge Adam..Ils s'inspirent des danses derviches...mais les tournoiements de la danseuse sont plus variés..Il s'agit  cette fois d'un vrai spectacle où la tradition et la modernité se sont alliées  et c'est vraiment extraordinaire...C'est de toute beauté !

Pendant mon absence, la maison n'a pas bougé...
mais le jardin, lui, s'est embelli...
Regardez ces belles roses , à l'entrée... Ici, les gaillardes s'épanouissent à profusion..En veux-tu , en voilà ! Il y a même un bouquet flambant de vie  sur la table de la cuisine. Ce sont ces lys qui m'ont accueillie à mon arrivée...Aucun n'était fleuri quand je suis partie...Il m'a semblé les entendre me dire "bienvenue à toi, nous t'attendions". Et ces hortensias quercifolia, qu'en dites-vous ? Ne sont-ils pas magnifiques?
Et pour clore, ce petit poème de Maurice Carême

"Si vous tendez un peu l'oreile

Quand le soleil

A fait flamboyer le jardin

Et que son dernier rayon dore

Encore

Au seuil du soir,

Votre arrosoir,

Ecoutez bien,

Vous entendrez tout doux,  tout doux,

Dans tous les coins,

Ivres d'odeurs,

Vous entendrez, à petits coups,

Dans tous les coins,  boire les fleurs."