L'autre soir, nous nous retrouvons une dizaine de personnes pour chanter...

Nous commençons quelques exercices...

Et voici que notre animatrice nous dit :

"J'ai appris, hier soir, quelque chose de magnifique. IL paraît que les arbres fruitiers fleurissent et donnent des fruits  à foison losqu'ils sentent qu'ils arrivent à la fin de leur vie et que cette année là sera pour eux la dernière...Et elle nous dit encore qu'apprenant cela, elle en avait les larmes aux yeux...Et elle nous demande de faire de même quand nous arrivons à la fin de notre phrase chantée...

 

Comment dire après cela que les arbres ne sont pas sensibles et intelligents ?

Comment ne pas admirer leur sagesse et ne pas se mettre à leur écoute?

Cette soirée chant, je la garderai en mémoire

La vie qu'est-ce finalement ?

Un chant,

un simple chant que nous pouvons embellir jusqu'à la fin?

 

"La sobriété heureuse" , c'est le titre du dernier livre de Pierre Rabhi. chez Actes Sud.

Je ne l'ai pas encore lu mais j'ai lu d'autres ouvrages  de lui , je l'ai rencontré, je l'ai écouté, j'ai apprécié son jugement, sa modestie, sa probité...

Il nous explique qu'il nous faut" sortir d'une société de la surabondance qui se révèle sans joie, pour retrouver une forme de simplicité et de gratitude envers la vie" Nouvelles Clés numéro 65)

 

Pierre Rabhi nous dit:

"L'interrogation sur la vie est en train de changer et beaucoup se rendent compte que, même s'ils ont réussi socialement, ils n'ont pas forcément réussi humainement. La vie peut se révèler autre chose que du stress permanent et du mal -être qui n'arrête pas de grandir. Est-ce que vivre c'est piller la planète, produire et dégrader, ou pouvons-nous instaurer un vivre ensemble harmonieux ,avec la nature et les créatures, qui nous donne une pleine satisfaction inérieure créatrice de joie réelle?"

 

Créer ce vivre ensemble harmonieux, voilà une bonne raison de vivre, une idée qui peut nous relier tous , malgré nos différences,mais elle nous demande de dépasser les désirs de pouvoir et  de concurrence qui nous encombrent parfois.  Soyons optimistes et allons dans cette direction.

Trop de choses à faire

trop de choses à penser

et pas assez de temps.

 

C'est un tourbillon

 qui tournoie

dans ma tête en émoi.

 

Vais-je attraper

 la chose à faire

la chose à dire

au bon moment?

 

Vais-je attraper

au bon moment la pensée qui tournoie

au dedans de moi ?

 

Tel jour telle heure

je dois être ici

Tel jour telle heure

je dois être là

Tel jour telle heure

ailleurs m'attend.

 

Et moi

quand est-ce

que je pourrai être

avec moi?

  C'est vraiment troublant. Cela m'était déjà arrivé quelquefois...Mais plusieurs fois dans la même journée, cela me laisse une impression bizarre...Je suis face à quelqu'un et bien qu'il ne dise rien, je sais ce qu'il pense, je lis  ses pensées comme si elles étaient écrites sur son front et je les lis avec une telle clarté que je ne peux avoir aucun doute.

  Et cela me met mal à l'aise....Est-ce parce que j'ai l'impression d'accéder à son intimité  sans qu'il le sache ?

Ne serait-ce pas plutôt parce que l'idée me vient,lorsque je le regarde, que lui aussi lit en moi à ciel ouvert et comme je ne suis pas toute tendresse et bonté à l'intérieur de moi, il va découvrir ce que je préfèrerais me cacher à moi-même, il va me jauger lui aussi à ma juste valeur et découvrir les déchets qui encombrent mon coeur...

  Mais pourquoi cela me met-il mal à l'aise ? Moi qui prétend, moi qui m'imagine vouloir me montrer telle qu'en moi-même, sans masque, sans oripeaux pour cacher mes faiblesses ? Moi qui désire les voir bien en face pour aller au-delà? Cette pensée devrait me réjouir : ne plus pouvoir tromper l'autre ni être trompé par lui, ne plus pouvoir se tromper soi-même puisque l'autre nous sert de miroir....

"Ton devoir est de ne jamais te consumer dans le sacrifice.Ton devoir réel est de sauver ton rêve...Je voudrais au contraire que ma vie soit comme un fleuve très riche qui coule avec joie sur la terre"

                                                                                                    Modigliani
 
Quand j'ai découvert cette phrase,,elle m'a interpellée...

Oui,bien sûr,ne pas se consumer dans le sacrifice...

Cependant,pour sauver mon  rêve,il faut parfois sacrifier beaucoup de choses qu'on aimerait aussi...

Les deux ne sont pas opposés...simplement,il me semble que le sacrifice  ne peut pas être le moteur premier...

D'abord et avant tout,il y a le désir, il y a l'amour et c'est cela qui nous motive...

Il faut se méfier comme de la peste des gens qui prétendent se sacrifier pour vous,génèralement,ce sont des égoïstes qui se servent des autres pour assouvir leurs besoins...
  Et,à vous, que vous dit cette phrase de Modigliani?