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Je voulais continuer à parler de mon fils François-Noël...mais...J'ai relu le cahier blanc que sa soeur Sylvaine m'avait offert pour ce premier Noël sans lui...Et sur ce cahier,j'avais commencé à lui écrire...pour garder le lien,pour que son absence devienne présence...J'y ai mis les cartes que j'avais reçues,j'y ai retrouvé ce poëme de Andrée Chédid que je trouve plein de tendresse
"Il y a des matins en ruines
où les mots trébuchent
où les clés se dérobent
des soirs où le coeur s'ensable
où le coeur se verrouille
des jours où l'on se suspendrait
au cou du premier passant
pour le pain d'une parole
pour le son d'un baiser"
Certes,ce poëme nous parle de souffrance,de désespoir mëme mais l'on n'est pas tout seul,il suffit de savoir regarder et de recevoir ce que les autres sont prêts à donner:une parole,un baiser ou un regard.
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Si je parle de toi,mon enfant trop tôt parti,
ce n'est pas pour faire couler les larmes
pour m'apitoyer sur ma douleur passée.
Si je parle de toi
c'est pour raviver le message d'amour
que tu m'as transmis
et que parfois souvent j'oublie
c'est pour oeuvrer à la métamorphose
et que chaque larme devienne diamant
que chaque larme devienne perle de joie.
Parler de toi n'est pas triste,parler de toi,c'est pour accroître la VIE.
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Les trois dernières semaines que tu as vécues sur cette terre,nous ne savions pas où tu étais...Nous avons cru,quelle idée absurde,que tu étais parti dans une autre ville...pour ,lors de tes errances,ne plus rencontrer de visages connus,...Les deux premières semaines,l'angoisse me rendait folle...Et puis brusquement,alors que nous étions toujours sans nouvelles...je suis devenue presque sereine,persuadée que tu allais nous revenir pour ton anniversaire(je t'avais même acheté ton cadeau) et que tu allais nous revenir "transformé"...
Je ne me suis pas vraiment trompée...Nous t'avons retrouvé...Transformé,tu l'étais puisque tu gisais...sans vie,froid....pas tout à fait sans vie pourtant...Tu semblais très présent et apaisé,avec tes yeux grand ouverts sur l'infini...Tu avais fait le passage de la vie dans la vie...Personne encore n'avait fermé tes yeux...Ton regard m'a été un cadeau précieux....Le lendemain,quand nous revenons te voir,tes yeux sont clos,tu n'es plus là,ne reste devant nous que ton corps...comme un vêtement inutile....mais j'ai encore envie de m'accrocher à ton apparence...Et je t'embrasse et mes baisers ne te réchauffent pas...Heureusement ,la veille,j'ai vu ton regard...Il est toujours vivant ,au fond de moi
Hier,j'ai cité un fragment d'un poëme de Tilk,je vous le donne en entier car il me touche beaucoup:
"Il ne devrait pas y avoir de regards discrets
Les regards devraient être vrais
Ils devraient par leur éloquence
envelopper et pénètrer
ce qui est regardé
il devraient être le début
d'une longue conversation silencieuse
d'un échange profond
jusqu'à transformer la cible.
Pourquoi gardons-nous jalousement nos regards
Pourquoi ne pas se laisser regarder
Pourquoi tous ces regards voilés
Pourquoi ne pas donner des regards
comme on donne du pain
Pourquoi ne pas partager"
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Un mois après la mort de mon fils,je rencontre une maman d'élève qui semble s 'étonner de me voir si en forme...Quand je lui dis la conviction que j'ai que toi,mon enfant,tu es dans la paix,elle me dit:"ah!c'est pour ça" et elle semble contente....Puis Swanny,son fils,me dit:
_"C'est bizarre quand vouus êtes revenue,comme votre regard avait changé...vous ne nous regardiez plus pareil"
Il a raison,cet enfant..
C'est sur tous les être humains que j'ai un autre regard,je ne sais si je dois dire que "j'ai" ou que "j'avais"...Ce regard,je n'ai pas su le garder tout au long des années,il ne revient que par intermittences,il me faut le retrouver,c'est le précieux cadeau de mon enfant
"Pourquoi ne pas donner des regards
comme on donne du pain" écrivait Tilk
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Je me réveille en pleine nuit et me vient aussitôt à la pensée ce que j'ai écrit la veille sur ce blog et vos mails qui m'ont réchauffé le coeur...et,en même temps,j'éprouve un étrange malaise,l'impression d'en avoir trop dit,d'avoir eu tort de vouloir approcher l'indicible...Pourtant,j'ai déjà parlé ici même de mon enfant trop vite parti et je n'en ai pas été troublée...Est-ce parce que cette fois-ci j'éprouve le désir d'en parler plus longuement et une voix en moi me dit : tu n'as pas le droit de te dévoiler ainsi...Car bien sûr,parlant de lui,c'est aussi de moi que je parle...Tant qu'il était vivant sur cette terre,nos vies étaient dissociées et maintenant,il est partout avec moi et je suis partout avec lui.
Je voudrais ne parler que de lui pour le garder vivant...pas seulement en moi...mais aussi en dehors de moi..Toutes les années,depuis douze ans,nous invitons deux couples d'amis:Marie-Pierre et Jacques,Jean et Marie-France pour fêter l'anniversaire de notre enfant : nous allons au cimetière porter des fleurs dans son petit jardin (cette année il y a encore des roses blanches),nous partageons un repas....La fidélité de mes amis m'émeut....
Je suis aussi très émue par le poëme que Moony m'a écrit hier et dont je retranscris une partie (pour le lire en entier,allez sur son blog,il est dans mes liens)
"Tu es là,
Dans les points et les virgules,
Sur la pointe de ma plume,
Dans le frémissement de mon coeur en péril,
Dans le cillement de mes yeux en écume,
Ici,entre la peau et les os,
Dans les veines et les vaisseaux."
Merci ,Moony, si vivante et si vibrante,et tout mon coeur auprès du petit Meryem et de sa maman
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