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Par gazou . le 9 Juillet 2009 à 08:35
"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire: me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie" affirme Henri Michaux dans Passages (1950). Toute l'oeuvre de ce poète, né à Namur, consiste en effet en une périlleuse traversée de ce qu'il appelle "l'espace du dedans". Et c'est l'un de ses traits les plus remarquables que de nous parler de l'être, et donc de nous-mêmes, comme d'un territoire à explorer, d'un paysage dont l'apparente stabilité dissimule de minuscules ou spectaculaires événements....
Cette incessante mobilité -doublée d'une intense mobilisation- est le plus efficace remède que Michaux ait trouvé à sa vulnérabilité, à son insatisfaction et son défaut d'être. L'homme, tel qu'il nous le présente (sous les espèces de son héros Plume, par exemple) est une créature précaire, sans appuis, sans identité, livrée à l'aléatoire, jetée brusquement dans le monde où elle n'a pas sa place assurée, où elle doit sans cesse réapprendre à vivre, où il lui faut se protéger contre des forces adverses, se préserver de ses propres démons, et résister à la tentation de céder et de dormir.
L'être de Michaux donne ainsi le sentiment d'une privation, d'une inadéquation foncière entre soi et le monde, d'une division intérieure intolérable. Il se trouve sans cesse aux prises avec une agitation intestine de figures contradictoires. Ce moi "en difficultés" s'effondre en lui-même. C'est celui d'un petit être au souffle court, aux muscles faibles, aux os fragiles: une créature chétive sujette à toutes sortes de vertiges et de métamorphoses, et qui va donc multiplier les mouvements et les passages pour tenter de se délivrer" Jean- Marie Maulpoix
Quelqu'un m'ayant demandé des renseignements sur cet écrivain qui fut aussi peintre..J'ai trouvé ce texte qui me semble donner une idée assez exacte de Henri Michaux..J'aime cet auteur parce qu'il me déconcerte,parce qu'il me transporte dans un ailleurs insaisissable, parce que...je ne sais pas,parce qu'il m'étonne,je crois...
"Quand on marche dans la campagne,lui confie-t-elle encore,il arrive que l'on rencontre sur son chemin des masses considérables. Ce sont des montagnes, et il faut tôt ou tard se mettre à plier les genoux. Rien ne sert de résister, on ne pourrait plus avancer, même en se faisant du mal." (Je vous écris d'un pays lointain)
8 commentaires -
Par gazou . le 6 Juillet 2009 à 02:33
Voilà un texte de Henri Michaux dont l'humour m'a toujours réjoui
"Je peux rarement voir quelqu'un sans le battre.D'autres préfèrent le monologue intérieur. Moi non. J'aime mieux battre.
Il y a des gens qui s'asseoient en face de moi au restaurant et ne disent rien, ils restent un certain temps, car ils ont décidé de manger.
En voici un.
Je te l'agrippe ,toc
Je te le ragrippe, toc
Je le pends au paorte-manteau
Je le décroche
Je le repends
je le redécroche
Je le mets sur la table, je el tasse et l'étouffe
Je le salis, je l'inonde
Il revit
Je le rince, je l'étire,(je commence à m'énerver,il faut en finir) je le masse, je le serre, je le résume et l'introduis dans mon verre et jette ostensiblement le contenu par terre et dis au garçon :"Mettez-moi donc un verre plus propre".
Mais je me sens mal,je règle promptement l'addition et je m'en vais." Henri Michaux
25 commentaires -
Par gazou . le 5 Juillet 2009 à 09:54
Pas beaucoup de temps aujourd'hui...Les journées sont pleines à craquer ces derniers jours..Alors je vous envoie simplement ce texte du poète Abdellatif Laabi
"Apprendre à voir, écouter les autres, les rejoindre dans ce qu'ils ont de plus authentique, c'est se mettre en position de poésie si j'ose dire.
Cette époque intense où la poésie était en quelque sorte notre pain quotidien, une raison de vivre.
Ecrire n'est plus un domaine réservé dans ce que j'éprouve, donne. Plus question de privilégier ou de minimiser . Il s'agit de de poursuivre sa marche, à coeur ouvert.
Une main qui s'ouvre à moi, j'y vois d'abord l'offrande et j'y réponds en mobilisant ma lucidité, ma tendresse.
L'intense rejoint. Et c'est la ténacité de cette marche vers les possibles fraternels qui fait de nous des vivants.
Il y a ce carrefour des soleils fraternels pour lequel bat le coeur de tous les damnés de la terre, ceux dont le but est de purifier la terre en une liane de mains unies et fertiles." Abdellatif Laabi
13 commentaires -
Par gazou . le 26 Juin 2009 à 08:13
Je ne suis qu'une poubelle.
avant je pouvais être
selon les besoins
étoile, soleil, rivière.
Maintenant je ne suis qu'une poubelle
utile et dédaignée.
N'importe !
J'aime quand on me sort au matin
et que je reçois les premiers éclats
de la lumière du jour.
Cette nuit, un bébé vagissant
est venu choir au milieu de mes ordures.
J'ai eu honte de moi : un si piteux berceau
et honte de mes frères humains
qui l'avaient porté là.
Alors, vite, je l'ai bercé..
Toutes les chansons douces que je connaissais,
je les ai chantées.
Tout le soleil
que j'avais reçu pendant le jour,
je lui ai donné.
Mon couvercle, j'ai soulevé
pour qu'il puisse respirer.
Et quand les premiers pas ont retenti
sur le trottoir,
j'ai crié "au secours"
j'ai hurlé
Mais le passant était trop pressé...
Moi, poubelle, je n'avais pas de bras
pour recueillir cet enfant.
Alors, pour le sauver,
je suis redevenue humaine.
10 commentaires -
Par gazou . le 25 Juin 2009 à 07:44
"Rêver de vivre
à lintérieur de la fleur.Participer à tout ce qui l'occupe,
en savoir sur elleautant qu'elle -même.
Ou bien s'imaginer
que l'entourage
est le calice d'une fleur, et vivre
la fleur qu'on est." Guillevic
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