Je tousse, je crache, je mouche

puis je recommence

je tousse, je crache, je mouche

et ainsi une partie de la matinée.

 

c'est assez monotone

et, somme toute, assez épuisant,

mais on ne m'a pas laissé le choix,

c'est comme ça...

A moi de trouver le temps, entre temps,

de faire les courses, le ménage...

 

Huit jours d'antibiotiques n'ont rien changé

 

Le seul espoir

c'est de savoir

qu'à un moment

ça va s'arrêter...

Une accalmie

d'une heure ou deux

ou même davantage

et comme c'est bon

alors

de se sentir revivre

 Montaigne écrivait:

 

 «Je trouve que,

 faisant le cheval échappé,

 mon esprit m'enfante tant de chimères et monstres fantasques

 les uns sur les autres, sans ordre et sans propos,

 que pour en contempler à mon aise l'ineptie et l'étrangeté,

 j'ai commencé de les coucher par écrit, "

espérant avec le temps lui en faire honte à lui-même.»

Minuit

 

cela fait dix minutes que je me suis recouchée

 

je suis immobile, dans un grand calme

 

et je m'étonne !

 

 

Que la vie est bonne quand on peut rester en paix

 

sans être secouée par une toux tenace

 

qui vous transforme en marionnette

 

et vous rend le jouet d'un destin farceur et ricaneur.

 

 

 Oui,

 

 en cet instant

 

 cela suffit à mon bonheur

 

 Peut-être même vais-je retrouver le sommeil !

"  Tu me demandes

 

Comment je suis entré dans l'ombre du figuier.

 

C'est une expérience étrange que celle-là.

 

Et aujourd'hui encore je ne me l'explique toujours pas.

 

Mais une chose est certaine :

 

Un jour je suis bel et bien entré dans l'ombre d'un figuier."

 

                 Salah Stétié

 

 

Pour Salah Stétié

"toucher du bois est une opération spirituelle"

Et il parle des arbres de son jardin , dans un petit village des Yvelines, comme étant les membres de sa plus proche famille.

et dans son livre " Le miroir des arbres" il nous rappelle ce conte de Rumi.

 

" Un jour, donc, un homme s'arrêta devant un arbre. Il vit des feuilles, des branches, des fruits étranges.  A chacun il demanda ce qu'étaient cet arbre et ces fruits. Aucun jardinier ne put répondre : personne n'en savait le nom ni l'origine. L'homme se dit :

 

 

 

 

" Je ne connais pas cet arbre, ni ne le comprends; pourtant, je sais que depuis que je l'ai aperçu, mon coeur et mon âme sont devenus frais et verts. Allons donc nous mettre sous son ombre."

 Nous allons au musée de Montélimar découvrir la nouvelle exposition intitulée "Figurations"

 

 

Nous y découvrons le peintre Gérard Schlosser (né à Lille en 1931)

Après avoir commencé à étudier l'orfèvrerie, il se destine à la peinture

et choisit souvent de présenter des éléments morcelés.

Les titres de ses tableaux sont particulièrement évocateurs et étonnants

"Le toit est tombé"

"On entendait tout"

" comme un couloir"

" Il est fou"

" Tu avais quel âge quand il est parti"

 

 

 

 

                                                           " Comme un couloir"

 

 

Ses tableaux sont loin de l'hyperréalisme.

Ce sont des moments de passage, des rendez-vous manqués, des lettres de rupture.

Il saisit des moments de notre vie par ses petites phrases banales qui nous renvoient  dans un ailleurs que l'on imagine.

Il aime perdre le corps perdu dans des drapés, mettre un peu de vide dans les tableaux.

Il privilégie les fragments de corps en aplats et cernés de noir

 

                                                                                                                            " Il est fou"

 

 

ll utilise la technique du photomontage, associant par le découpage des éléments provenant de documents différents. 

 

                                                                                        

                                                           

       

 

Il travaille à Paris et dans la Drôme.

 

Il encolle ses toiles de sable, ainsi les couleurs se mélangent mieux et elles ont une vibration particulière.

 

J'ai beaucoup aimé ses titres qui nous renvoient à une histoire qui ne paraît pas directement sur le tableau.

Il y avait aussi à cette exposition les peintres Segui, Kasner, Cassel...Je vous en parlerai peut être une autre fois ainsi que du peintre Tardy dont les oeuvres étaient exposées tout proche de là, à l'espace  Chabrillan.

 

Si cet été, vous passez à Montélimar, n'oubliez pas de vous y arrêter.

Ces deux lieux méritent d'être découverts : l'un est une ancienne caserne, l'autre est une ancienne chapelle.

Les deux sont beaux et les oeuvres exposées ne laissent pas indifférents.