• Il faut lire et relire son journal écrit de 1941 à 1943
    Elle est morte à Auschwitz le 30 novembre 1943 et , du camp de concentration où elle se trouvait ,elle a écrit à ses amis des lettres étonnantes.En voici quelques extraits

    "Tant de beauté et tant d'épreuves. Et toujours dès que je me montrais prête à les affronter, les épreuves se sont changées en beauté"

     

    "Il faut qu'il y ait un poète dans un camp pour vivre en poète cette vie-là- oui, même cette vie-là -et pouvoir la chanter"

    "La vie est belle et pleine de sens dans son absurdité"

     

    "Bien sûr,  c'est l'extermination complète. Mais subissons-là du moins avec grâce."

     

    "Je voudrais pouvoir trouver le mot unique qui me permette de tout dire, tout ce qui est en moi, ce trop-plein, cette opulence du sentiment de la vie."

     

    "J'aimerais tant vivre, contribuer à préparer les temps nouveaux, leur transmettre cette part indestructible de moi-même."

     

    "C'est notre seul moyen de préparer les temps nouveaux: les préparer déjà en nous. Je suis intérieurement si légère, si parfaitement exempte de rancoeur, j'ai tant de force et d'amour en moi" ETTY HILLESUM


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  •   Ah ! Si j'étais à Bordeaux,je sais où j'irais...J'irais , à la base sous-marine, voir l'exposition du photographe Louis Stettner.
      Selon Nicolas César qui est le journaliste qui a écrit l'article que je lis , Louis Stettner nous"réapprend à poser notre regard sur la rue et sur ses personnages qui la font vivre"
      Il a fait une série de portraits en gros plan qui ne peut pas nous laisser insensibles car, comme nous le dit le journaliste "il a cette capacité à rendre sacré, à immortaliser ces visages d'anonymes, ces rencontres de rien, en créant de la beauté là où on ne s'attend plus à la voir"

      Louis Stettner
    est né en 1922 à Brooklyn et vit aujourd'hui à Paris
    Louis Stettner

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  •          "  Une pure disposition d'écoute,c'est à dire de présence, d'être là-près-de, sans rien revendiquer ni prétendre, sans prétention de parole ni d'écoute. Une disposition à être, tel que je suis pour qui est là, témoignage qu'il n'est pas seul, qu'il est humain parmi les humains, un parmi d'autres, qu'il peut réellement être là, sans jugement à subir, sans rien à fournir, dans une gratuité parfaite.Voilà la seule parole que je puisse dire avec ou sans mots; l'humble résonance que je puis donner à cette parole première qui ouvre l'humanité de l'homme : une sorte d'amour tellement humble qu'il ne vient pas à l'idée de le nommer amour.Et sans prétention à celà même!
      Et à cette disposition pure, il n'y aura rien à ajouter - rien. Je ne peux que purifier cette disposition, car elle est en moi fortement impure. Et il est vrai que la purifier sera aussi la déployer, faire fructifier en elle l'immense richesse de vie que porte l'humanité, élargir le clavier de la parole et du chant, qui retrécissent férocement toutes les prétentions à mesurer l'homme et à le régir selon tel  et tel ordre établi."
                                                Maurice Bellet  (le meurtre de la parole)


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  • Elle tousse.
    Il tousse aussi.
    Elle se masse avec de l'huile essentielle.
    Il fait de même.
    Il affiche son contentement, il a cessé de tousser.
    Il s'étonne qu'elle ne puisse en dire autant.
    Sa bonne volonté est manifeste pourtant.
    Elle a de la fièvre, elle tremble...
    Il enfile aussitôt deux grosses polaires
    et se colle contre le radiateur.
    Elle continue à trembler,lui peine à la croire...
    Elle, elle ne sait si elle va sourire de la candeur fusionnelle de son cher et tendre, ou si elle va se crisper, ce qui serait peut-être sa réaction la plus naturelle..Puis elle décide que la fièvre et la toux la fatiguent suffisamment comme ça  et qu'elle n'a pas d'énergie à dépenser en vain...Et elle sourit.

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  • Bien sûr,il y a des gens qui parlent bien et qui ne cherchent pas à manipuler ceux qui les écoutent,
     des gens qui ne cherchent pas à se servir de leur don oratoire pour accroître leur pouvoir.
    Certains semblent en douter et demandent des noms,comme Chris (voir les articles précédents et leurs commentaires).
    D'autres, comme Joêlle,proposent  un nom inattendu,par moi du moins, et pourtant bienvenu: Jean-Pierre Coffe qui parle avec passion de ses nouvelles recettes de cuisine....Eh oui, quand quelqu'un nous parle  de ce qui le passionne et nous le fait  partager, au moins pendant le temps de l'écoute, nous vibrons avec lui, nous partageons sa passion.
    Mais le commentaire de Chriss m'a obligée à m'interroger sur les souvenirs qui me restent des bons orateurs que j'ai pu rencontrer.

    Il y a vingt ans,un peu plus, j'allais suivre un stage à l'Aube,dans le centre fondé depuis peu  alors par Louis Evely et sa femme Marie..Nous étions un petit groupe et certains ont manifesté le désir d'inviter Louis Evely à venir nous parler bien que cela ne soit pas prévu mais il avait une telle réputation d'orateur que venir ,certains d'assez loin ,et ne pas l'entendre semblait inadmissible..Certes,nous le croisions dans les couloirs, au moment des pauses, et sa simplicité et sa modestie m'avaient impressionnée.. .Il fut décidé qu'il viendrait mais que nous aurions toute liberté pour lui poser des questions...Louis arriva avec son grand sourire..Il commença à parler paisiblement,simplement, il ne parlait que de son expérience et de ce qui lui paraissait essentiel  dans une vie humaine et des leçons que les autres lui donnaient  parfois...Il parla pendant une heure et personne ne posa la plus petite question..Et quand il se tut, il y eut encore un long silence avant qu'une quelconque activité  reprenne..C'est comme s'il avait deviné les questions que chacun portait dans son coeur et qu'il y ait répondu d'instinct...Une grande paix régnait en nous, nous nous sentions très fort unis...Ses paroles étaient en accord profond avec ses actes...Son témoignage nous redonnait le goût de vivre.
    Il est mort d'un cancer un ou deux ans après...
    Sa femme à qui l'on demandait quelle épitaphe elle aimerait qu'on inscrive sur sa tombe,aurait répondu:"celle que Louis a aimé"...Celle qui me rapportait ces propos était horrifiée..Moi non..Quand on a la chance d'être aimée par un homme de cette trempe là, ses propos ne sont pas excessifs...Et j'ai eu le bonheur de constater que cette femme qui continue de vivre de l'amour de son mari,malgré sa mort ...oui, j'ai pu constater qu'elle se mettait à lui ressembler,tout en gardant ce qui la caractérise,  qu'elle savait maintenant recevoir,accueillir avec la même simplicité que lui....Même privé de mots et de présence physique, il continue d'être un bon orateur.

    Je m'arrêterai là pour aujourd'hui..D'autres exemples viendront peut-être en leur temps..Si d'autres ont envie de parler des rencontres qui les ont marqués...


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