•   Je viens de lire un"Marcel Aymé"..Il y a longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un de ses ouvrages...Je me souviens du "passe-muraille" comme s'il était mon frère,je l'ai si fort envié quand j'étais adolescente : être invisible et déambuler incognito,les yeux grand ouverts partout où je le désirais,cela me semblait un destin enchanteur...
      Cette fois,il s'agit d'une autre histoire: "La table aux crevés"...Nous sommes dans un village et la vie est rude pour les paysans d'alors...L'auteur nous en parle si bien qu'on a l'impression de devenir chacun des personnages,on les ressent de l'intérieur,même si on n'a jamais vécu la condition et la situation décrites...L'histoire commence par une pendaison
    "L'Aurélie pendait à une grosse ficelle,accrochée par le cou. De grand matin,courbée sur son cuveau,elle avait entrepris de buander le linge ; Au soir,elle avait eu envie de mourir,tout d'un coup,comme on a soif. L'envie l'avait prise au jardin,pendant  qu'elle arrachait les poireaux pour la soupe"
      Et voilà comment il trouve sa femme en rentrant au logis.
    Et voilà que sa belle-mère ameute tout le village et veut leur faire croire  à tous que c'est lui qui l'a tuée...
    Et voilà qu'une jeunette du pays,maintenant qu'il est veuf,lui déclare sa flamme et se jette dans son lit...Et il l'explique au curé venu lui rendre visite et le curé en oublie tous ses sermons tant il parle avec justesse et franchise
    "Un curé,il ne sait pas ce que c'est que de se sentir la tête paresseuse à cause d'une femme qu'a des yeux et tout...Un coeur de curé,ça n'est pas de même usage qu'un autre. Nous autres de la terre,on ne veut pas ce qu'on veut. Hier soir,elle est entrée...Moi,je l'avais jamais vue comme elle était hier soir...
      Ce n'est pas l'histoire somme toute banale qui fait la valeur du livre,c'est la façon très imagée dont elle est racontée : il ya tant de tendresse accordée à tous,même aux plus minables...comme s'il savait les voir au-delà de leurs actes...Et nous,en le lisant,on s'enrichit en humanité.

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  • Encore un texte écrit il y a  vingt ans et qui me permet de percevoir le chemin parcouru


    Les forces qui me dévorent
    depuis trop longtemps
    et si durement,
    désormais,je veux les écouter
    aussi longuement
    que leur cri retentira.

    Que se taisent plutôt
    ceux qui s'imaginent
    qu'il dépend de moi
    de les étouffer à nouveau.

    La violence de leurs voix
    c'est le refus de l'injustice qui détruit.
    Il importe de les entendre;

    plus de voile pudique sur la réalité,
    plus d'hypocrisie,
    plus de tromperie sur soi-même,
    plus besoin de nier sa souffrance.

    Trop longtemps,j'ai fait taire mes démons intérieurs;
    Maintenant,je veux les écouter
    malgré le vertige et la blessure béante,
    les apprivoiser
    et faire cesser enfin
    cette terreur qui raidit  et détruit.

     


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  • Un texte de Jean Sulivan

    "Qui cherche à sortir de l'impasse?L'assujetti. Le dominant,quant à lui,ne reculera devant aucun chantage pour maintenir l'ordre qui le privilégie . L'un a tout à perdre,l'autre tout à gagner d'une révélation des moeurs. Tout changement dépend donc en dernière analyse, de l'action du dominé . La race des maîtres ne peut s'éteindre que moyennant la disparition de celle des esclaves . Non l'inverse; L'avenir de la relation humaine est entre les mains du dominé. C'est en s'affranchissant de tous les ghettos institutionnels qu'il peut transformer l'imaginaire individuel et collectif. La liberté ne sera jamais donnée,elle se conquerra toujours de haute lutte .

      Tant que le dominé s'obstine à vouloir sauver quelque chose de sa condition, à jouir des avantages,des alibis que lui procure sa situation d'objet, il est certain qu'il cultive sa dépendance. Il faut littéralement vouloir perdre  cette existence mineure, faire son deuil de la vie d'assujetti pour se donner la chance d'accéder à un nouvel ordre relationnel où la réciprocité,, la convivialité fasse loi.

      Pratiquement,cela signifie pour le dominé qu'il va devoir progressivement surmonter sa peur d'être rejeté,que pour pouvoir traverser le désert de l'amour et gagner la terre promise, il va devoir se faire chameau, ne plus compter que sur ses propres ressources, sur l'auto subvention affective.

      Pour sortir de notre Moyen-Age,il faut véritablement mourir à la condition de dominé, en finir avec les structures imaginaires de l'assujetti, avec nos fantasmes d'esclaves ."  JEAN SULIVAN


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  • Vertige de la descente
    les immeubles lointains et flous
    s'approchent et m'accueillent
    au bas de la pente.


    Je ferme les yeux.
    M'apparaît soudain
    dans un ciel brumeux
    un visage plein.


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  • Sept décembre
    Jour cher entre tous
    Jour de la naissance de mon plus jeune fils et jour aussi,dix-neuf ans plus tard,de sa mort, de son envolée vers un ailleurs insaisissable;..comme chaque année,nos amis se sont réunis avec nous...Son absence nous unit et la vie continue...C'est lui qui m'incite à être plus attentive à ceux qui sont dans le manque

    Ce passage de James Sacré dans'"Une petite fille silencieuse" me parle de lui
    "Tu n'apparais pas bien sûr dans tous les paysages.

    Mais à l'occasion te voilà dans n'importe lequel d'entre eux.

    Apparaître n'est d'ailleurs pas le mot qui convient.

    Presque toujours c'est à cause de quelque chose d'un peu vif :

    une déchirure du bleu entre les toits,

    ou l'ensoleillement brusque d'un immeuble alors qu'il va pleuvoir.

    Une sorter de bonheur se mêle à la plus grande présence des choses.

    Je ne peux pourtant pas dire que tu sois là.

    Mais c'est comme si tu m'avais quitté il y a un instant,

    ou bien je t'imagine restée seule à la maison."


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