• Lui, il l'aimait, mais trop pudique, il ne savait pas le dire

    Peut-être même n'avait-il aimé qu'elle...

    Elle...elle ne savait pas vraiment

    Peut-être oui, peut-être non...

    Elle avait de l'estime

    Elle était attachée à lui

    Quand ils s'étaient rencontrés, elle avait été émerveillée que quelqu'un soit attiré par elle,

    que quelqu'un désire sa présence et la réconforte.

    Elle était si terriblement seule en ces temps-là

    Et elle l'avait aimé ou elle avait cru l'aimer

    en toute sincérité...

    Mais ils étaient si différents,

    ils ne se retrouvaient pas dans leurs rêves

    Leur jardin secret, ils ne savaient pas le partager

    Alors chacun restait sur son quant à soi, restait avec son manque...

    Lui n'en avait peut-être pas conscience,

    il était si habile à se cacher tout ce qui pouvait l'incommoder...

    Elle, bien qu'insatisfaite, elle demeurait confiante...

    Chacun , à leur façon, avançait vers...


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  • Elle s'en souvient bien et, cinquante ans plus tard, elle s'en étonne encore.

    Elle descendait le boulevard et rentrait chez elle, elle n'avait pas de voiture en ce temps-là mais les kilomètres à pied ne l'inquiètaient guère, ils lui permettaient de mettre en route ses pensées, d'y mettre un peu de clarté...

    Et à quoi pouvait-elle penser ce jour-là?

    A son amoureux bien sûr : elle allait le revoir en fin de semaine.

    C'était source de joie  bien sûr mais aussi d'inquiètude.

    Elle avait conscience que la vie allait être bien difficile  avec lui : ils étaient tellement différents tous les deux

    et ce qui les animait l'un et l'autre ne se rejoignaient pas toujours...

    Une petite voix lui sussurrait "vous devriez vous séparer, il en est encore temps"...

    cette petite voix discrète mais de plus en plus impérative était très raisonnable

    et si elle regardait objectivement la situation, elle ne pouvait que l'approuver....

    Mais une autre voix résonna en elle ou peut-être était-ce la même et cette voix lui dit :

    "Oui, mais si tu le quittes, il va rester seul toute sa vie. C'est lui qui a fait les premiers pas vers toi et si  cette tentative échoue, il n'est pas homme à la renouveler une deuxième fois, la première lui a demandé beaucoup trop d'efforts"

    Et alors, elle se l'est représenté, vieux et seul, dans son mini appartement...Et cela lui a fait mal...

    Et la petite voix de nouveau s'est fait entendre : "cela va être dur, mais tu verras, vos dernières années seront douces et harmonieuses et fécondes, fais confiance, tu ne regretteras rien"

    L'autre jour, elle a souri quand elle a entendu sa fille dire à son père : "heureusement que tu nous a eus, nous tes enfants pour  à accepter les changements...sinon tu serais resté crispé sur tes habitudes et tes sacro saints principes inchangeables"

    Alors elle a souri...Ils se sont regardés...Il lui a rendu son sourire.

     

    Elle ne sait pas d'où venait cette petite voix qui a su si bien la conseiller.


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  • Il la harcèle de questions.

    Il la presse :

    Quand ? Pourquoi ?  Comment ? Avec qui ? Avec quoi?

    Elle ne sait que  répondre.

    Les mots s'enfuient, aucun ne peut dire ce qu'elle ressent.

    Ils sont vides, irréels, absents.

     

    Qu'il se taise, qu'il cesse d'interroger !

    Elle l'invite à entrer dans le pays de René Char.

    "Dans mon pays, dit-il, on ne questionne pas un homme ému."

     

    Parfois seul le silence peut parler

    en redonnant aux mots leur sens.

     

     


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  • Elle avait l'habitude.

    Chaque fois qu'il parlait  avec ses amis de ce qu'il avait fait, vu ou entendu,

    il disait allègrement : j'ai fait ceci, j'ai vu cela, je suis allé à Chartres ou à Nevers...

    et  elle qui était à ses côtés se demandait

    dans quel trou béant elle avait pu disparaître car, c'est ensemble qu'ils avaient fait cela, ensemble qu'ils avaient visité

    ces villes et, chaque fois, elle se sentait niée, absorbée par le néant.

    Elle essayait de comprendre :

    Etait-il gêné par sa présence? Désirait-il, au fond de lui, être seul ?

    Et ses "je" intempestifs n'était-il qu'une façon d'apaiser sa frustation?

    Ou, au contraire, éprouvait-il pour elle un amour si fusionnel que lorsqu'il disait "je", il pensait "nous" et que loin de l'oublier,

    il était incapable de se séparer d'elle, même en pensée?

    Mais cet amour fusionnel ne lui convenait pas mieux que l'indifférence ou le mépris,

    On peut être très proche de quelqu'un sans se confondre avec lui.

    Certes, le langage populaire fait bien dire à un homme ou une femme parlant de son conjoint "ma moitié"

    mais c'est souvent dit avec sourire et  humour...

    Elle avait tenté de lui expliquer ce qu'elle ressentait  en ces moments-là

    mais il n'avait pas su entendre et il continuait à dire "je" quand il eut fallu dire "nous"...

    Peut-être avait-il tout simplement mal appris la grammaire française?

     


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  • Hors du foyer conjugal, il était d'une honnêteté foncière.

    Mais, avec elle, tant il  craignait de devenir son prisonnier, mentir lui était familier...

    Il désirait l'égarer dans un labyrinthe  sans issue.

    Ainsi se sentirait-il à l'abri... c'est du moins ce qu'il croyait plus ou moins consciemment.

     

    Pourtant, elle n'était pas possessive...

    Et  pensait-elle, l'amour que les autres éprouvaient pour lui ne lui donnaient que plus d'éclat.

     

    Mais il était tellement égaré  en lui-même qu'il refusait avec âcreté cela même qu'il désirait

    le plus violemment. Et pour se préserver de l'amour, il ne reculait devant aucune lâcheté,

    devant aucun mensonge. Il avait tellement peur de ses désirs qu'il s'acharnait à les tuer.

    Seuls pouvaient pointer le nez ceux qui n'étaient pas essentiels...

    Ainsi se donnait-il l'illusion d'être encore vivant.

     

    Mais elle ne se décourageait pas ou plutôt ses découragements étaient de courte durée.

    Elle croyait mourir à chaque tempête...mais la tempête éloignée, l'espoir renaissait.

    Elle avait peu de certitudes mais une l'habitait depuis qu'elle avait rencontré cet homme :

    le chemin serait âpre mais ils se retrouveraient un jour

    et ils vivraient alors un temps merveilleux où l'harmonie des contraires enfin réunis 

    chanterait un hymne d'amour éternel.


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