• C'est l'heure,dit-il,
    il faut partir.
    Il n'a pas de montre au poignet
    mais l'aiguille de l'horloge
    tourne dans  sa tête
    et l'empêche d'être disponible
    à l'imprévu.
    il ne veut pas de surprise ni bonne ni mauvaise.
    C'est l'heure,dit-il,
    il faut préparer le repas.
    Qu'importe si personne n'a faim,
    il est l'heure,
    malgré tout.
    Allons,dit-il encore,
    c'est l'heure de se lever,
    ce n'est plus le temps de l'amour,
    nous nous aimerons ce soir
    et puis je dormirai.
    Ce soir,il sera l'heure peut'être
    mais le désir sera-t-il là à la bonne heure?


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  • Elle dit : " ma fille, ma ratte" et elle la caline sur ses genoux.
    Il reprend:"oh,sûr que tu l'aimes",un brin d'ironie dans la voix
    Elle dit :"oh,oui, avant de te connaître,je n'avais qu'elle". Et d'un regard mouillé de tendresse, elle regarde sa chère petite.
    Puis elle se tourne vers son ami: "maintenant,chéri, j'ai toi"
    Et voici qu'elle le regarde,avec le même regard attendri, exactement le même regard que celui qu'elle adressait à Tania tout à l'heure.
    Tania est sa petite chienne.
    Satisfaite,elle nous prend à témoin et ses yeux nous disent : admirez ce parfait amour que nous filons!
    Lui hésite : va-t-il satisfaire au désir de son amie et ronronner en sa douce compagnie?...Il hésite,puis d'un clin d'oeil nous laisse entendre qu'il se prête au jeu mais se situe bien au-dessus...
    Il y a bien des années que cette scène a eu lieu et ce clin d'oeil me blesse encore : est-il avec elle ou est-il contre elle?


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  •  Elle est partie sans l'embrasser
    et elle rentre chez elle
    et elle se couche
    et elle ne dort pas
    tout entière à ce manque
    qui l'attriste

    Comment a-t-elle pu oublier
    elle qui si souvent 
    s'invente ce moment-là
    où elle met ses  mains sur son visage
    où elle l'embrasse
    où il l'embrasse
    où sa main se tait
    n'osant l'effleurer

    Comment a-t-elle pu oublier
    et elle est là avec cette béance
    ce creux au fond d'elle-même
    mais on l'attendait
    elle a eu honte de l'accaparer
    quelques instants de trop

    Elle a craint de découvrir
    au regard des autres
    cet amour qu'elle lui porte
    qu'elle n'ose exprimer
    et qui la dévore


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  • Sur les lèvres
    un sourire de petite fille ravie
    Elle a la cinquantaine
    elle s'appelle Corie
    Ce soir,dans les rues de la ville,
    elle se promène avec son ami
    voyez comme il est beau et séduisant,
    nous dit son regard émerveillé
    elle n'a pas même pas besoin de le regarder
    elle,pour le contempler,
    elle nous dit bonjour mais 
    tout son être est tourné vers lui,
                                    qui la suit,
    lui,l'être élu,
    lui qui l'a rendue femme à nouveau...

    Alors,nous aussi,nous le regardons
    cet être miraculeux
    et dans ses lèvres serrées,
    nous entrevoyons 
    la rupture prochaine
    l'illusion évidente
    le rêve éveillé
    si fragile
    qui bientôt va mourir...



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  •   La plupart des veuves que je rencontre me parlent de leurs maris merveilleux  mais la plupart des épouses ,elles, se plaignent de leurs maris exécrables...C'est une réflexion que j'ai plusieurs fois entendue...Et chacun de s'étonner de ce comportement apparemment si incohérent !

      Mais, à bien y réfléchir, est-ce si étonnant ?

      Que surnagent-ils dans nos souvenirs?

      Surtout, les bons moments, les moments ensoleillés où chacun a donné le meilleur de lui-même, le plus vrai de sa personne...Enfin, il était lui, enfin elle était elle ! Quand on a vécu, ne serait-ce que quelques instants, de tels moments d'éternité...c'est d'eux qu'on se souvient et ils effacent toutes les querelles stupides qui nous ont séparés et qui perdent alors leur importance et s'estompent dans le néant . Ceux qui se sont aimés savent transformer l'absence  en présence : un amour fécond est toujours vivant....

      C'est ainsi que je m'explique ces comportements qui, à première vue, peuvent paraître hypocrites, fallacieux ou se berçant d'illusions...Bien sûr, bien sûr,  c'est infiniment mieux de reconnnaître les qualités  de l'autre quand il est encore vivant, pour lui comme pour nous...

      Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet ...et je sens que ma pensée n'est pas très claire mais ce matin, je ne sais aller plus loin...


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