• Dans la rue

     

    Je vis dans la rue,
    Je partage mes journées,
    Entre le passage et la vitrine,
    Sous la pluie battante, glaciale,
    Sous le ciel noir, sombre ou étoilé.

    Je vis dans la rue,
    J’observe les passants,
    Sans cesse, se hâter, se presser,
    Tels des machines, mises en marche,
    Tels des automates, agités et bruyants.

    Je vis dans la rue,
    Je deviens une ombre,
    Devant cette arche cambrée,
    Avec pour toit, le vieux portique,
    Avec pour couche gelée, le marbre.

    Je vis dans la rue,
    Je vois leurs questions,
    Sans jamais s’arrêter et parler,
    Toujours prompts à juger sans jauger,
    Toujours afficher cette même affection.

    Je vis dans la rue,
    Je survis à l’indifférence,
    Avec pour seul ami, cet éclatant néon,
    Pour seul bagage, ce grand chariot vide,
    Pour toujours, rompre et briser le silence.

    Je vis dans la rue,
    J’ai oublié cette folie,
    Sans vraiment l’avoir apprivoisée,
    Ce cordial mal-être me tient compagnie,
    Cet intime malaise, devenu comme un ami.

    Je vis dans la rue,
    Je reviens de loin,
    Dans ce petit coin, à l’abri,
    Ici, je vis un peu, je suis presqu’en liberté,
    Là, j’existe un peu, je suis quasi un témoin.

    Nashmia Noormohamed, 2016


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    pas toute jeune,la belle, sur fond bleu de la chapelle "Notre Dame des neiges " dans la haute vallée de l' Ubaye.

     

     


    Jamais le facteur ne s’arrête
    Sauf quelques fois pour un journal
    À la hauteur de ce portail
    Où s’accroche une boîte aux lettres.

    Or, un matin, un samedi
    La boîte s’ouvre sur un nid,
    Sur le bec jaune des petits,
    Sur l’entonnoir de leur gosier ;

    Deux mésanges viennent d’écrire
    Et c’est sur la pointe des pieds
    Que le vieux couple pourra lire
    Les sept lettres de son courrier.

    Pierre Menanteau


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     Les touches de piano, le lac de Kupka - 1909

     

    1909, Paris. Le peintre Kupka met le dernier coup de pinceau à sa nouvelle œuvre. Il y évoque quelques personnages colorés qui font de la barque sur un lac. L’artiste tchécoslovaque ne le sait pas encore, mais ce tableau va marquer un tournant dans sa carrière. Pour quelle raison ?

    La clé se trouve en bas de la toile. Des doigts se promènent sur des barres verticales blanches et noires…

     

     

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    Détail de l'œuvre

    Il s’agit de touches de piano. Kupka fait comprendre que ce sont les sons de l’instrument qui donnent naissance à la scène du lac, comme si chaque personnage était une note.
    En représentant la musique en peinture, il se détache de la réalité pour évoquer l’immatériel, "l’abstraction". Et ça, c’est tout nouveau !

     

     

     

     

     

     



    Pour Kupka, ce tableau n’est qu’une première étape. Quelques années plus tard, toujours en s’appuyant sur la musique, il présente cette fois des œuvres complètement abstraites.
    Finis, les doigts de la main ou les personnages esquissés. Cette fois-ci, tout ce qui est figuratif disparaît au seul profit de bandes colorées verticales.

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    ©

    Hélas, méconnu et difficile à ranger dans une case, Kupka est peu à peu oublié... Quand les historiens de l’art le découvrent dans les années 1990, c’est une surprise !

    Ils s’aperçoivent que Kupka travaillait autour de l’abstraction avant de nombreux autres peintres. D’ailleurs, le tableau de 1909 leur paraît tellement avant-gardiste que certains ont cru que l’artiste l’avait retouché des années plus tard.

    Heureusement, cette redécouverte a permis de rendre à Kupka la place qu’il mérite. Parmi les pionniers de l’abstraction, aux côtés de Kandinsky, il a pleinement participé à ce bouleversement dans l’art du XXe siècle !

     

     

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     František Kupka, Madame Kupka dans les verticales, 1910-1911, huile sur toile, 135 x 85 cm

     

    Cet article  a été publié par Artips

     


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    Il marche

    Il va je ne sais où

    Inlassablement il marche.

     

    Il cherche

    Il ne sait pas ce qu'il cherche

    Inlassablement il cherche.

     

    Va où ton désir te mène

    lui dit une petite voix ineffable

    Va, ne t'inquiète pas

    Va ton chemin.

     

    Il a soif de beauté

    Il a faim d'une merveille

    Mais saura-t-il la reconnaître?

     

    La beauté,

    on a toujours voulu la voir,

    l'entendre,

    la toucher,

    mais pas comme on s'y attendait.

    Alors comment la reconnaître?

     

    Intranquille et paisible,

    respirer à pleins poumons.

     

    Il marche

    Il trébuche et d'un même mouvement,

    ilse relève.

    Le chemin est plein d'embûches

    qui mène à la beauté et à la paix,

    une paix où les contraires

    ne nous brisent plus

    mais sont là pour nous élargir,

    nous agrandir.


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    Chaleur  de Charles -Ferdinand Ramuz

     

    "L'ombre du tilleul tourne dans la cour.

    La fontaine fait un bruit de tambour.

     

    Un oiseau s'envole du poirier ; le mur

    brûle ; sur le toit brun et rouge,

    La fumée d'un feu de bois bouge

    contre le ciel tellement bleu qu'il est obscur.

     

    On n'entend pas un bruit dans les champs ;

    personne n'est en vue sur la route ;

    seules dans les poulaillers, les poules

    gloussent encore , de temps en temps.

     

    Puis plus rien qu'un arbre qui penche,

    dans l'opacité de ses branches,

    avec son ombre de côté,

    comme sous un poids qui l'accable ;

    et cet autre se laisse aller

    en avant , comme un dormeur

    qui a les coudes sur la table."


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