• Eh oui, je vous parle encore d'un livre..Je l'ai découvert hier, un tout petit livre dans la collection "Petite philosophie du voyage"..Il est écrit par Anne Le MAîTRE et s'intitule "Les bonheurs de l'aquarelle"
    Elle n'est pas peintre, elle est professeur...Si elle peint, c'est pour dialoguer avec chaque brin d'herbe, chaque arbre, chaque pierre qui composent le paysage qu'elle a choisi de peindre..Elle va à la rencontre du réel, un pinceau à la main...C'est sa manière d'être à l'écoute du monde
    "Il est des moments, dit-elle, où une force incite à s'en aller marcher droit sous le ciel, un pas après l'autre, le souffle accordé à celui du vent. Le chemin non pas comme moyen..mais comme lieu de vie, comme fin en soi"
    Je ris en lisant cette phrase car hier, justement, j'avais une irrésistible envie de marcher...Nous devions faire une balade avec des amis mais la pluie les a découragés..Le soir, le désir devenant plus pressant encore, je me décide à marcher  toute seule..J'ouvre la porte et c'est un rideau de pluie qui m'arrête...Non, décidément, ce n'est pas le moment , reprenons notre livre...Il y a des passages délicieux
    "Il poussait, à l'angle d'un jardin, certain buisson d'un chèvrefeuile bruissant d'abeilles dont le parfum plus doux qu'un baiser m'arrivait par vagues. Foin de la météo, ce buisson m'appelait. Il s'agissait de capturer en quelques traits le bruissement, le parfum et le baiser. Le baiser surtout."
    "J'ai toujours été frappée par le fait qu'il y a dans l'aquarelle quelque chose qui s'approche de l'expérience du zen; Une façon concentrée de faire silence, de se laisser emplir par les choses, de délaisser le sentiment au profit de la sensation. Ce n'est plus moi qui regarde la fleur, c'est la fleur qui pousse en moi ses fleurs et ses pétales"
    "D'ailleurs on ne peint pas une chose, en fait, on peint une émotion. Un lien.Le surgissement d'une rencontre. Ce que l'on entend lorsque, enfin, on se met à l'écoute.."

    L'aquarelle, c'est quelque chose que je ne connais pas du tout mais elle m'en donnerait bien l'envie....peut-être!

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  •  C'est en réponse aux récents commentaires de Dourvach que je publie ce texte trouvé hier, au hasard de mes lectures...En fait ,je crois que certains ont besoin de retranscrire la réalité en restant le plus proche d'elle et d'autres ont besoin de passer par l'imaginaire...Les deux démarches sont intéressantes...

    Michèle Desbordes ( Les petites Terres)
    "Plus tard, au moment d'entreprendre ces Petites Terres qui étaient une autre version de la  nuit de Jacob,et même ensuite alors que déjà j'y étais et depuis un certain temps engagée, j'ai longtemps hésité pour parler de toi, de nous entre une possible fiction et le récit véridique dont l'aspect de confidence me heurtait et sans doute même me rpugnait, mais peut-être pas autant que d'inventer quoi que ce fût à partir de notre propre histoire, j'ai commencé cette fiction demeurée sans nom où l'on voyait, c'était même l'image qui fondait le texte, le vieil homme pleurer  sur sa chaise devant la fenêtre et puis j'ai renoncé, le besoin de vérité est revenu en force et aurait-on dit comme une possible expiation, l'aveu sur la place publique  que faut-il croire j'appelais....

      ...où donc commence la fiction et où s'achève-t-elle, et qui sommes-nous quand nous entreprenons de figurer le monde autour de nous, non pas ce que nous en voyons et qui se dessine là sous nos yeux, mais quelque chose d'autre...."

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  •   Parfois il m'arrive de rencontrer des gens qui provoquent en moi un certain malaise.
      Je les écoute avec attention, je ne doute pas un instant de la sincérité de leurs propos et de leur profonde bonne volonté et pourtant, j'ai l'impression qu'elles font fausse route, qu'elles vivent dans un leurre..et je ne peux rien leur dire : d'abord parce que je ne suis pas sûre de la vérité de ce que je ressens et puis, quand bien même j'aurais raison...mes propos ne pourraient que semer le trouble et le désarroi dans leur esprit...Je ne les sens pas assez solides pour se remettre en cause...Et je n'ai pas envie de les blesser...
      Cependant, faire semblant d'acquiescer à leurs dires ne me semble pas juste, c'est presque une trahison, me semble-t-il....Sans leur dire le fonds de ma pensée qui en effet, peut être défaillante...Je devrais trouver les mots qui leur permettraient de comprendre que, même si je ne partage pas entièrement leur point de vue,néanmoins  je le respecte...Ainsi, le jour où elles se sentiront un peu plus aguerries, elles oseront te poser la question:" et toi, qu'en penses -tu?" Ce sera alors le bon moment pour échanger nos points de vue et aller un peu plus loin....
      Tout dire, ne rien dire...Entre les deux, trouver la juste mesure !

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  • "Pour l'ivresse du soleil et le fou rire des enfants
    Pour les cavalcades dans les collines
    au bord de l'eau ou dans le vent
    Pour ces heures passées au bord des routes
    la main tendue, la tête au ciel
    Pour la pluie dans les cheveux
    Pour les maisons ouvertes
    Pour les étoiles dans mes yeux
    Je donne mon chant
    je le lance simple.

    Pour la vérité qui danse au-delà du silence
    concédé à la peur
    pour la noirceur de mon âme et la beauté des flammes
    qui jaillissent en mes fêtes
    Pour les secrets entendus de la bouche des filles
    ou des larmes d'amis
    Pour la misère incurable qui ouvre ma folie
    à l'amour un peu plus
    Je donne mon chant
    je le lance simple."   Philippe Forcioli

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  •   Il est des écrivains qui, en écrivant, prennent des risques. Car ils s'exposent...ils osent être authentiques...Et même s'ils parlent des autres, ils le font de telle façon que c'est aussi d'eux qu'ils parlent ou plus exactement de nous tous si tant est que nous acceptons d'y voir clair.
      Ainsi, Emmanuel Carrère dans son dernier livre "D'autres vies que la mienne"...Il nous parle de personnes réelles rencontrées dans sa vie réelle : les parents de la petite Juliette morte à 4 ans,victime du tsunami... sa belle soeur Juliette  morte à 30 ans d'un cancer, le mari de Juliette et  leurs trois petites filles,  l'ami  et collègue de travail de Juliette...et l'intensité de ces rencontres nous bouleverse...
      Il essaie d'être le plus juste possible dans sa façon de les décrire. Et délicatesse que j'ai appréciée, il donne à chacun de ses personnages le manuscrit à lire avant qu'il soit publié, avec la possibilité de supprimer ou de transformer les passages les concernant..Aucun n'a demandé le moindre changement.
      Il est vrai qu'il est plein d'attention et de respect pour chacun, qu'il n'y a pas trace du moindre jugement...Il est totalement poreux, il absorbe ce qui fait l'autre, il le fait sien...Ainsi que le disait le psychanaliste Michel Cazenave dont il parle dans son livre, il s'agit d'éprouver
    "une solidarité inconditionnelle avec ce que la condition d'homme comporte d'insondable détresse"
     "U
      Et c'est d'autant plus admirable que dans son précédent livre " Un roman russe", il semble être absorbé par lui-même et ses secrets de famille.
      Ici, il  parle de la mort, il parle de la vie, du handicap, de la justice, de la solidarité qui fait de nous des êtres humains...
    C'est un monde dans lequel il fait bon vivre;.
    J'ai aimé la compassion qui l'habite dans ses contacts avec les autres, l'empathie dont il fait preuve, la justesse de ses portraits, l'évolution qui est la sienne, sa capacité à reconnaître ce que les autres lui apportent, comment ils lui permettent de devenir lui-même, de savoir aimr et d'accepter d'être aimé..

    En voici quelques extraits
    "La confiance qu'il m'accordait, il l'aurait témoigné à n'importe qui, parce qu'il n'avait jamais pris le pli de se méfier...Il ne jouait aucun rôle, n'avait aucun souci de mon opinion. Il n'était pas fier, il n'avait pas honte. Consentir à être sans défense lui donnait une grande force.
    "Les larmes coulent sans honte, sans retenue; Il y a même de la joie à les verser. Car pouvoir dire "c'est dur", on en a marre sans crainte que l'interlocuteur se sente coupable, pouvoir el dire en étant sûr que l'autre entend ce qu'on a dit tel qu'on l'a dit, rien de plus, qu'il ne projette rien dessus, c'est une joie immense, un soulagement immense"


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