-
J'aime cette petite vendangeuse, elle a l'air bien songeuse et bien seule...
la petite vendangeuse
William Bouguereau est le fils d'un négociant en vins de Bordeaux .
Il apprend le dessin à l'école municipale de dessins et de peintures de Bordeaux. En 1846, il entre aux Beaux-arts de Paris .
Il remporte le Premier Prix de Rome en 1850 avec Zénobie retrouvée par les bergers sur les bords de l'Araxe.
En 1866, le marchand de tableaux Paul Durand-Ruel s'occupe de sa carrière et permet à l'artiste de vendre plusieurs toiles à des clients privés. Il a ainsi énormément de succès auprès des acheteurs américains.
En 1876, il devient membre de l'Académie des beaux-arts, mais l'année suivante est marquée par des deuils successifs, d'abord deux de ses enfants et ensuite son épouse décèdent.
En 1885, il est élu président de la Fondation Taylor, fonction qu'il occupera jusqu'à la fin de sa vie. Il obtient la médaille d'honneur au Salon4.
À un âge assez avancé, Bouguereau épouse, en deuxièmes noces, une de ses élèves, la peintre Elizabeth Jane Gardner. Le peintre use également de son influence pour permettre l'accès des femmes à beaucoup d'institutions artistiques en France.
Il meurt en 1905 à La Rochelle, laissant une fille unique (de sa première femme), qui épousa un M. Vincens.
Son thème de prédilection est la représentation du corps féminin. Avec Cabanel, Lefebvre et Gérome il est associé au genre du nu académique. Sa Naissance de Vénus est emblématique, d'une peinture sensuelle profondément influencée par les Vénus d'Ingres. C'est avec ce genre qu'il connaît le plus de succès mais rencontre aussi le plus de critiques. À cause de la texture lisse et minutieuse de sa peinture, Joris-Karl Huysmans dit à son encontre : « Ce n'est même plus de la porcelaine, c'est du léché flasque ; c’est je ne sais quoi, quelque chose comme de la chair molle de poulpe5 ». Le peintre impressionniste Edgar Degas invente le verbe « bouguereauter » pour désigner ironiquement l'action de fondre et de lisser le rendu pictural de cette manière.
Après le deuil qu'il subit en 1877, il se tourne vers une peinture à thème religieux et délaisse les thèmes en rapport avec l'Antiquité de ses débuts
Déconsidéré en Europe peu après sa mort et jusque vers la fin du XXe siècle, son œuvre y est redécouverte tardivement. De son vivant, les toiles de Bouguereau sont très recherchées par de riches Américains qui les achètent à des prix élevés
Dans le contexte du XXe siècle, où l'influence du modernisme grandit en histoire de l'art pour en devenir finalement le courant officiel6, l'art académique se trouve discrédité, dévalué. Les artistes académiques comme Bouguereau connaissent alors une dévaluation très significative. Pendant des décennies, le nom du peintre a même fréquemment disparu des encyclopédies généralistes et des enseignements artistiques ou est simplement mentionné comme celui d'un exemple à ne pas suivre10, objet de moqueries11 (souvent appuyées sur des citations de Zola ou de Huysmans) et entaché par des rumeurs diffamantes12. On reproche au peintre sa participation aux jurys des Salons officiels de peinture du XIXe siècle qui sont majoritairement opposés à l'admission des œuvres relevant des mouvements modernes de la peinture (Cézanne surnommait le Salon « Salon de Bouguereau »
À partir des années cinquante, Salvador Dalí manifeste son admiration pour l'art de Bouguereau, qu'il oppose à Picasso, et contribue à sa redécouverte. Dans Les cocus du vieil art moderne15, Salvador Dali écrit : « Picasso qui a peur de tout, fabriquait du laid par peur de Bouguereau. Mais, lui, à la différence des autres, en fabriquait exprès, cocufiant ainsi ces critiques dithyrambiques qui prétendaient retrouver la beauté »
14 commentaires -
Quand vous serez tout simplement là, lancées dans notre monde, dressées sur notre planète rocheuse ; prenez soin de vos âmes, suivez le meilleur du présent, oubliez le temps sur le fil au-dessus du néant.
J’entends sonner les secondes. Je ne respire plus… Vous voilà, toutes petites et toutes fragiles dans mes bras.
Depuis, j’ai beau faire, j’ai beau ne pas faire : toutes mes sensations dépendent des vôtres. Je suis comme cette branche que le vent courbe, que la lumière éclaire.
Bonheur de ne plus être seul depuis votre naissance.
[…]
Chaque jour est un appel, une révélation.
Chaque jour s’enflamme dans le moindre pli du ciel, dans un fragment de lune, n’importe où et même maintenant quand les nuages font les gros yeux aux étoiles de mer.
Et c’est toujours à vous qu’ils s’adressent ces oiseaux, ces arbres, ces fleurs et ce lièvre qui, sous une rafale de pluie, traverse le chemin. C’est pour vous qu’ils amassent du soleil pour l’hiver, ces feux d’écume sur les plages.
Maintenant un rayon de soleil touche la fenêtre, vous dormez encore.
Près des vagues hautes, sous le regard avide des mouettes, des marins déplient les filets. Les poissons aux écailles fragiles se nourrissent de légendes.
Au loin, quand les cloches d’une église sonnent, quelqu’un qui était très malade ressuscite dans une chambre. Une barque prolonge l’ombre d’un saule sur la rivière. Une rose prononce un vœu sur la cendre. Un homme et une femme, se tenant par la main, s’engagent dans une ruelle pleine de hasard. Toutes les fontaines se mettent à fredonner dans toutes les villes du monde.
Pascal Boulanger, Un ciel ouvert en toutes saisons, Le Corridor bleu, 2010, pp. 11 et
12 commentaires -
Toujours il avait rêvé d'aventures
et dans sa tête combien il en avait vécues !
C'était un chercheur d'or,
un amateur de nouveauté,
un goûteur de beauté,
un coureur.
Mais en réalité, à cinquante ans passés, il constate
que d'aventures, en réalité,
il en a vécu très peu
et encore manquaient elles de saveur,
car il avait trop peur,
peur du qu'en dira-t-on,
peur de s'aliéner,
peur de se perdre.
Le rêve et la réalité restaient à l'opposé.
Et la frustation en lui est devenue blessure
béante, désespérante.
Et, un jour, il a rencontré une ogresse aux yeux de velours.
Il s'est cru très audacieux, très courageux:
"regardez ce que j'ose faire"
Il s'est imaginé preux chevalier, braveur d'interdits.
Et l'ogresse a applaudi.
Pour le capter,
elle lui a fait croire qu'elle était prête à se sacrifier
à l'oeuvre à créer.
Elle est partie en croisade avec lui.
Mais ce qu'elle voulait, c'était seulement le hacher menu.
Et lui n'a rien compris et le piège s'est refermé.
7 commentaires -
Frédéric Brandon, le peintre de la ligne 9 du métro parisien
Par Jean-Francois Lixon @Culturebox"Havre-Caumartin" l'une des toiles de Frédéric Brandon
La mairie du 9e arrondissement de Paris accueille une exposition des tableaux de Frédéric Brandon. Depuis sept ans ce peintre francilien s'inspire des stations de la ligne de métro n°9 et ses usagers. Entre pop art et réalisme, son oeuvre est à la fois clinique et touchante. Jusqu'au 16 septembre 2018.
"Pont de Sèvres-Mairie de Montreuil". Soit une traversée de Paris d'ouest en est, ou l'inverse ! Frédéric Brandon est à la fois peintre et habitué de cette ligne, la 9. Pendant sept ans, il a concentré son travail sur les 36 stations qui traversent les quartiers populaires de l'est puis les plus huppés de la capitale au fil de son périple vers l'ouest.
38 stations dont...La ligne 9 compte trente-sept stations, sans compter Saint-Martin, inaccessible et fermée. La préférée de l'artiste. Frédéric Brandon y a peint la bagatelle de 230 tableaux. Quelques dizaines d'entre eux sont exposés à la mairie du 9e (métro Bonne Nouvelle ) jusqu'au 16 septembre. Frédéric Brandon, lui, habite au terminus est, Mairie de Montreuil.
Si j'étais à Paris, je prendrai volontiers le métro juste pour voir les oeuvres de ce peintre et, bien sûr, je passerai à la mairie
12 commentaires -
Partir
C'est sur un air de vielle
Que la vieille est passée
A pris sa canne en chêne
Et son châle élimé
Elle s'est levée et
Sans regarder le feu
Elle a pleuré la vieille
La flamme est dans ces yeux
La voilà qui s'éloigne
Vacillante et courbée
Imprégnée du silence
Que ses pas ont laissé
Puis elle pousse un cri
Un tout petit cri gris
Étouffé par le bois
Et le froid de la nuit
Qui l'accompagne un peu
A tout petits pas tristes
Et disparaît dans l'ombre
De l'âtre ensanglantée
Derrière elle la canne
Et le châle élimé
Ont revêtu le bois
D'un océan ridé
Seuls un crépitement
Et le chant de la vielle
Pleurent la mélodie
Que son cœur a versé
Hélène
13 commentaires