• Il est huit heures du matin et déjà sonne le téléphone.

    Un monsieur que je ne connais pas désire me rencontrer.

    Il a 89 ans et je fais partie d'une association dont il fut l'un des membres fondateurs

    et bien qu'il ne puisse plus guère y participer à cause de ses difficultés  de  déplacement, la vie de cette association lui tient profondément à coeur.

    Et voilà plusieurs mois qu'il s'interroge pour savoir quelle décision, quelle contribution peut être la sienne pour la revivifier. Et l'autre matin,après de longues hésitations peut-être, il m'a téléphoné.

     

    Et me voilà devant lui. Tout d'abord, je le sens si  enfermé dans ses principes que je crois tout dialogue impossible. Je vais, me dis-je, être polie,je vais le rassurer, lui dire qu'il y a toujours des conférences intéressantes...et puis partir, oublier ce temps vide....Alors je l'écoute me dire ses inquiétudes, j'essaie de voir la situation avec ses yeux...Et trois quarts d'heure après, au moment de nous quitter,je ne sais quand s'est produite la métamorphose et quel déclic l'a provoquée...Mais le monsieur borné que j'avais devant moi et qui s'encolérait parce qu'un conférencier avait dit quelque chose qui ne lui convenait pas...Eh bien, ce monsieur m'interroge avec bienveillance pour savoir qui je suis et ce que je pense et je me surprends en train de lui diredire que j'accorde à chacun le droit de chercher son chemin...et il accepte mes dires sans être perturbé ...

    De la défiance  et du  mécontentement, il est passé au plaisir de la rencontre et de la découverte et il me répète plusieurs fois que je peux revenir le voir maintenant que je sais où il habite.

    Quand et comment s'est produite la transformation?  Je n'ai pas su m'en apercevoir, je n'ai pu que la constater une fois accomplie, et  cela me tracasse un peu,j'ai manqué d'attention. Ou peut-être dois-je en déduire que la transformation se produit toujours à notre insu ? Ou peut-être est-ce notre regard qui la provoque?

      Quand je suis entrée dans ce foyer de personnes âgées, malgré l'extrême propreté des lieux, la première sensation fut de répulsion. Ces vieilles personnes désoeuvrées qui attendaient, le regard vide, un je ne sais quoi qui ne viendrait pas, ces bribes de conversation qui sentaient l'aigre et le ressassé...Quelle tristesse ! Quelle tristesse !

    Mais quand je suis repartie, le vieil homme m'avait découvert une ouverture plus grande que celle que j'imaginais et me présentant sa femme dans une chaise roulante, il me dit avec tant de conviction :"Ma chère épouse" et elle, elle l'avait regardé d'un air si amoureux  "Mon cher époux" lui avait-elle dit et ensuite seulement elle m'avait regardé et m'avait souri.

    Le gris des couloirs était devenu bleu tendre, et comme les pouces de Tistou, le sourire des deux vieuxavait fait jaillir des fleurs et je suis repartie en respirant leur parfum.


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        Mirmande un jour de Mistral

     

     

    Né à Bordeaux en 1885,

    André Lhôte s'intéresse très tôt à la peinture,

    c'est en 1925 qu'il fonde son Académie de peinture à Paris.

    C'est aussi , à cette époque, qu'il découvre le village de Mirmande qui, alors tombait en ruines.

    Lui en tombe amoureux, achète une maison et la restaure, y fait venir des amis, des artistes...

    Il y installe une Académie d'été pendant plusieurs années...

    On peut dire qu'il a beaucoup contribué à la renaissance du village.

    Il y a vécu 37 ans.

     

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                                                                                   les filles

     

     

    Il meurt à 77ans et laisse une empreinte incontournable dans l'univers du cubisme et  à Mirmande.

     

     

                                                                           

     

     

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                                                                                Portrait de Simone

     

     


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