• "Avec ce coeur de soufre et cette chair d'étoupe,

     

    avec ces os qui sont pareils à du bois sec,

     

    avec une âme qui dédaigne freins et rênes,

     

    avec un désir prompt à trop d'ardeur, avec

     

    une raison aveugle, débile et boîteuse

     

    et les gluaux, les pièges dont le monde est plein,

     

    ce n'est pas grand merveille si, en un éclair,

     

    je flambe au premier feu qu'on rencontre en chemin."

     

                       MICHEL-ANGE

     

     

    En est-il qui se reconnaissent dans le portrait que ce grand artiste fait de lui?

    Décidément, il s'exprime avec les mots tout aussi bien qu'avec les couleurs et le marbre


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  •   Elle m'avait dit :"toi,tout te touche trop fort !"

    Je l'avais regardée,étonnée,ahurie même !

    Cette image qu'elle me donnait de moi était si éloignée de celle que mon miroir intérieur me renvoyait !...
       Elle se trompe,me dis-je,elle dit n'importe quoi !

     Pourtant elle avait eu parfois des intuitions fulgurantes...

    Souvent,elle avait su dire les mots sources,les mots qui ouvraient une brèche et,nous sentant dévoilés,nous pouvions alors plus aisément laisser tomber le masque,accéder à une vérité nouvelle.

    Parfois aussi, elle avait découvert la faille et sciemment, elle avait transformé chacun de ses mots en flèches empoisonnées....
    -Q'avait-elle révèlé en moi cette petite phrase d'apparence anodine et qui pourtant  ne me quittait plus?
    Si longtemps j'avais vécu, frileusement, repliée sur moi-même, satisfaisant dans une histoire inventée au fur et à mesure de mes besoins,tous mes désirs de communion,d'amour, de partage,de connaissance qui m'habitaient

     

    ...Ainsi vivais-je dans ma bulle,bien protégée,nul ne pouvait m'atteindre,ni source ni poison n'arrivaient jusqu'à moi...


      Et maintenant  j'avais décidé d'être présente au monde qui m'entourait, moi que rien ne semblait faire vibrer..Je découvrais que si je m'étais si bien enfermée dans un monde bien clos,c'était  uniquement pour me protéger des agressions extérieures qui me laissaient sans défense...
      Je fus d'abord grandie, flattée d'admettre que j'avais une telle richesse de sensibilité...Je me croyais plus terne...Je pouvais donc réaliser mes rêves,ressentir de l'intérieur ce que chaque être vivait...avoir ainsi des milliers et des milliers de vies..être chacun des êtres que je rencontrerai...
      Je commençais à avoir une vie moins schizophrénique,à me rendre de plus en plus perméable au monde extérieur...parfois je dansais de joie...parfois les précipices m'encerclaient...J'étais brisée par le chaos des émotions...Et après m'être réjouie sans mesure,parce que j'accédais enfin à la vraie vie,je commençais à éprouver une incertitude quant aux progrès réalisés...

    Certes,je ne pouvais pas regretter le temps d'avant: plutôt mourir totalement plutôt que de connaître à nouveau cet endormissement de tous les sens.
    Mais je devais bien constater que la libération tant attendue était encore à conquérir et qu'un équilibre moins précaire était souhaitable.Toute mon énergie se perdait dans les soubresauts de mes émotions contradictoires et je m'épuisais en vain...Je courais,je tombais,je me relevais,je m'exténuais,mais peu importe !

     

     Surtout ne pas revenir en arrière...au temps de la bulle...ne pas s'arrrêter..
      La vie était  à ce prix !


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  • "Attraper le bonheur, c'est vouloir retenir un papillon dans sa main ou le prendre avec un filet..

     

    Tu précipites ton filet sur lui et il s'abîme, c'est un bonheur gâché.

     

     Si c'est un bonheur agile, on ne peut le faire prisonnier et l'on court sans fin, c'est une agitation inutile, le bonheur est parti. Parfois, il se laisse prendre sans dommage, il ne s'est pas débattu et il reste biensage, un peu frileux sous le filet. C'est un bonheur fragile, fatigué, malade peut-être.

     

     Si tu attrapes un beau bonheur, un papillon rare sans l'abîmer, si tu le prends dans ta paume et que tu la refermes pour l'emprisonner, il ne reste que la poussière du bonheur sur tes doigts, si tu le piques sur un bois il meurt.

     

    Il faur être comme l'arbre à papillons, prêt à accueilir le bonheur, et tu verras, il viendra sur ton épaule.

    C'est un jour de grande fatigue, en fermant les yeux,  que je l'ai vu."

     

                          Bernard Giraudeau  (Les dames de nage)


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  • lilas-des-Indes-deMartin-le-22-09-07.jpg

     

     

     ....Si longtemps
    s'être blessé
    à l'autre,
    à son opacité,
    s'être persécuté à ses aspérités,
    s'être frotté à lui
    comme à un ennemi
    et découvrir enfin
    qu'il est  fait de chair tendre
    comme nous,
    d'eau claire 
    et de source vive
    comme nous,
    qu'il n'attend 
    comme nous
    qu'une parole vraie
    et un sourire aimant
    pour se découvrir
    sous son jour le plus charmant.


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  • Nous allons au restaurant.Sur un tableau noir, les différents menus sont affichés.

    Nous faisons notre choix,nous nous installons à une table et nous attendons la serveuse.

    C'est la patronne qui vient, la cinquantaine aimable et bien arrondie....

    B. qui n'est pas encore assis s'apprête à lui communiquer ce que nous désirons manger;

    Elle l'interrompt, lui demande de s'asseoir, il s'exécute, et elle nous dit : mais enfin, laissez-moi vous expliquer et elle nous donne des détails sur chacun des  plats inscrits ...maintenant, vous pouvez choisir...

    Ce que nous faisons.

     

    Quelques minutes plus tard, un jeune couple s'apprête à s'installer près de nous. La jeune femme est assise et son gars encore debout quand la patronne arrive...et là cette dernière tire carrément sur le tee shirt du gars pour le faire asseoir...Lui la regarde un peu ahuri...et elle recommence ses explications...

    Je ris en sourdine...Pourquoi ris tu, me demande B. qui, tourné  dans le sens opposé, n'a pas vu la scène.

    Je lui raconte et conclus : voilà une femme qui sais parler aux hommes...

     

    Le restaurant s'appelle "Salute et pace"


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