Ce matin, quand j'ai écrit "dialogue impossible"
C'est ce tableau-là que j'avais en tête..
J'ai voulu les mettre ensemble
mais refus total de l'image
de se mettre en bonne place...
C'est que même les images ont leur colère...
Et même , sans que je comprenne pourquoi,
elle a complètement disparu...
l'aquarium, le poisson et le monsieur qui veut lui parler....
Il n'y avait plus rien...
Devant tant de mauvaise volonté, j'ai renoncé..
Cet après midi, retrouvant un peu de courage,
avec beaucoup de doigté et de douceur, et une infinie patience,
je suis allée à sa recherche ...
Et la voilà !
 c'est un tableau de Chantal Roux qui s'appelle justement
"tentative de dialogue

  La journée avait mal commencé.

Dès le lever, des reproches,

des agacements sans fin

pour rien, pour tout

pour trois fois rien

et moins encore.

La tête avait beau être lucide,

tenter de raisonner..
Le corps faisait des siennes

et n'entendait rien

de ce que lui disait la tête....
Langue acérée,gestes brusqués,
colère rentrée...

Mais où s'amasse-t-elle

cette colère amère et fielleuse?

Qu'on aille la déloger,

qu'on aille la brûler

et qu'on disperse ses cendres

pour goûter enfin la jouissance du vivre

et en semer des graines autour de nous.


l

Comme nous ne pouvons pas changer la réalité, changeons les yeux qui la regardent.
                      Nikos  Kazantzakis   
Quelle joie de pouvoir partir de notre chaos intérieur pour créer un semblant d'ordre.
                    Katherine Paterson

Flash !
Ce soir, j'aurais voulu être photographe, saisir au vol et enfermer dansune petite boîte cette image qui surprend mon regard tandis que je pédale allègrement et longe le parc Jouvet.
Flash ! Rien à dire ! L'image est là qui parle sans un mot. D'abord, je vois deux jeunes gens avec l'uniforme classique : pantalon noir, chemise blanche à manches longues, bien fermée sur une cravate sombre, petite serviette de cuir à la main : ce sont les témoins de Jéhovah qui arpentent la ville  et prêchent la Bonne Parole.
Et en deuxième plan, avec un uniforme tout aussi évident : jupe noire  très courte et serrée, grand décolleté de son corsage noir, lèvres peints et yeux fardés, une belle de jour attend.
Pendant quelques secondes, je les aperçois d'un même regard : eux, toujours par deux, pour éviter les tentations...elle toujours seule, pour éviter la concurrence. Ils se croisent. eux ne l'ont pas vue. elle non plus. Ce n'est que sur la photo qu'ils arpentent le même trottoir...Eux ne se situent pas sur la même planète et ne se rencontrent pas...

Mais rêvons un peu ! Supposons que la rencontre ait lieu, supposons que la belle les ait abordés ces deux jeunes gens aux idées strictes comme leur costume, supposons que cette journée ait été particulièrement éprouvante et qu'ils n'aient frappé qu'à des portes qui aient refusé de s'ouvrir et ,supposons que l'impossible devienne parfois réalité et que, ce soir-là, le doute se soit  subrepticement introduit dans leurs pensées.
-Alors, mes mignons,venez donc avec moi!
Ils ne sont pas habitués à ce genre d'invite et leur guide ne leur pas indiqué quelles étaient les bonnes paroles à dire en cette circonstance
-Ne vous frappez pas, vous pouvez venir ensemble si vous préférez, c'est comme vous voulez !
Les voilà qui reprennent leur esprit . S'ils arpentent la ville,n'est-ce pas pour ,en toutes circonstances, annoncer la vérité à tous les êtres humains ? Or, cette personne est bien un être humain ! !

Elle est rentrée sans inquiètude
se sentant un peu comme chez elle.
Elle a quitté son manteau,
elle s'est assise,
un bon livre dans les mains
et elle  a  attendu sans impatience.

Il est venu,
il l'a regardé
et elle s'est sentie intruse...

Mais est-ce son regard
ou sa propre vision intérieure 
qui l'a métamorphosée ?

Elle essaie de repartir
sans rien laisser paraître
du malaise qui l'envahit...

Elle ne veut pas le déranger
et elle le sent si las
et elle si incapable
de rien lui donner...
Inutile elle   est
et c'est cela sa honte.