Je relis Christian Bobin,le livre qu'il a écrit après la mort de son amie "la plus que vive" et je m'émerveille tout autant que la première fois...Je vous en cite quelques passages
-"Ton rire me manque.On peut se laisser dépérir dans le manque.On peut aussi y trouver un surcroît de vie."
-"J'ai tout perdu en te perdant et je rends grâce pour cette perte,je t'aime comme un fou,je cherche douceur,lumière,amour dans cette folie."
-"Je suis devant ta mort comme devant une énigme,une pensée dont je ne sais trop ce qu'elle contient de tendre et de terrible,je devine que je n'ai pas le choix et que,pour mettre la main sur le tendre,il me faudra aussi accueillir le terrible.."
-"Je t'ai toujours su inaccessible,même dans la plus claire proximité.Je t'ai aimée dans ce savoir;
-Lesmorts n'ont "qu'une seule chose à nous dire:vivez encore,vivez de plus en plus,surtout ne vous faites pas de mal et ne perdez pas le rire"
-"La douceur était en toi à l'état brut.La douceur n'est rien de gentil ni d'accommodant.La vie est violente.L'amour est violent.La douceur est violente.Si nous sommes tant surpris par la rudesse de la mort,c'est peut-être parce que nous avons mis nos vies dans des zones trop tempérées,tièdes presque fausses;"
-"Je te retrouve partout toi qui n'es nulle part.
-"Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s'autorise."
-"Tu es celle qui m'empêche de me suffire.J'ai une grande puissance de solitude"

C'est particulièrement en pensant à mon amie nadouce que je recueille ces phrases de Bobin pour lui en faire un bouquet...
La première fois que j'ai découvert un livre de Christian Bobin, ,je me suis dit en moi-même:enfin,j'ai trouvé un chez moi..C'était  une joie très douce.

-Vous ne pouvez rentrer.Ici,c'est un bal masqué
-Je le sais et pourtant,il faut que je rentre.Je ne puis pas rester  seul,étranger à cette fête.Je veux participer à tout ce qui vibre et s'anime.Laissez-moi passer,je vous prie.
-Allez donc chercher un masque,on en loue au vestiaire.
-Ce n'est point cela;trouver un masque,quoi de plus simple,je surveille sans cesse ceux qui veulent se coller à ma peau.
-Je ne vous comprends pas,n'en avez-vous point trouvé à votre goût?
-Oh ! je les trouve même très plaisants.Tiens,regardez ce chat qui vient vers nous.N'est-il pas cocasse?
-Alors,faites comme tout le monde
-Je ne sais comment fait tout le monde,mais moi, je dois rentrer ici pour me débarrasser de mon étrangeté.Je ne puis donc porter un masque qui me rendrait encore plus étrange.
-Mais enfin que craignez-vous?
-Je crains que ce masque ne se colle à ma peau et ne m'empêche de me retrouver.J'ai déjà tant de peine à savoir où j'en suis avec moi,qui je suis et où je suis.S'il me fallait devenir une autre,je serai complétement aliéné,fou à lier,encore plus étranger à moi-même qu'aux autres,ce serait la mort..Laissez-moi rentrer,s'il vous plaît.
-Mais le réglement m'interdit de laisser rentrer quelqu'un non masqué.
-Vous ne voyez donc pas le masque qui colle à ma peau et qui me défigure...Il faut que j'aille ici à la rencontre d'un ami afin de retrouver enfin mon vrai visage.

Je me réveille dans la nuit
dans une solitude infinie.
Sa main posée sur moi
ne suffit pas à me relier.
Un nuage de tristesse
pas d'espoir
pas de désespoir non plus
rien
le vide.

Je songe à ma voisine
Je l'ai vue
sortir de chez elle
quand je rentrais chez moi.
je ne sais pas pourquoi,
je ne suis pas allée à sa rencontre,
je ne sais pas si elle m'a vue
Elle est très discrète,
elle ne va jamais au -devant des autres,
mais chaque fois qu'on lui dit bonjour,
elle répond par un grand sourire.

Mais j'étais absente
ailleurs.

Chacun dans sa bulle.
Et la vie s'en va
et elle n'est pas vécue.

  Hier,vos réactions face au petit soldat,m'ont permis de comprendre,et je vous en remercie,que je vous avais bien mal parlé de lui...Vous l'avez trouvé malheureux et bien peu valeureux,en un mot plutôt pitoyable et c'est vrai qu'il peut paraître ainsi car je ne vous ai pas tout dit,je ne vous ai pas dit l'essentiel...Certes,tout comme le héros de la chanson de Charlot (Limeligth) il aurait pu mourir d'amour et il était bien parti pour...Si modeste fut-il,il attendait au moins un sourire de sa reine bien-aîmée et,elle, elle le dédaignait..et d'abord il en fut très malheureux...Mais comme il avait horreur de se bercer d'illusions,il comprit très vite que,de sa souveraine,il ne devait rien attendre sinon il allait à sa perte...Et il décida que,désormais il l'aimerait pour rien,sans rien attendre en retour,pour l'amour de l'amour..Aimer ainsi,c'est savourer une joie divine,une joie inaltérable...Et dès lors,il demeura dans la joie,riche et embelli de tout l'amour qu'il donnait...Il rayonnait tant que toutes les jeunes filles qu'il croisait le trouvaient  très attirant...Je peux vous en parler car je l'ai connu de très près...Dites-moi,de la reine qui ne savait ni donner ni recevoir et du petit soldat,qui goûtait le plus grand bonheur?
  Vous pourriez me dire encore que ce petit soldat était bien peu guerrier,c'est vrai mais les hommes sont-ils faits pour la  guerre ou pour vivre d'amour ?Même si nous en sommes loin,je rêve d'un temps où les soldats seront troubadours !

  Il l'aime comme un petit soldat amoureux de sa reine.
Il sait bien que son amour ne sera jamais comblé,
qu'il n'a pas le droit d'être aussi prétentieux,
qu'il doit enterrer ses désirs
et en rire bien fort 
pour que les autres se taisent.
Mais le petit soldat essaie de ne pas être exigeant,
juste qu'elle le sache
et lui permette de continuer à l'aimer,
pourvu qu'il soit discret,
juste qu'elle lui fasse la faveur
d'un sourire à lui seul adressé....
Et le petit soldat sera heureux
car sa reine  ailluminé sa vie,
elle lui a apporté
chaleur intense et lumière
et il ne peut que la remercier.