• S6001324.JPG J'ai trouvé ce texte dans"Chutes de pluie fine" de Jean-Michel Maulpoix au Mercure de France
    "Je regardais ton visage et y trouvais mes mots.
    Assisté,stupéfait,à ma propre mise en voix.
    Instantanément amoureux de ta fluidité.
    Je ne parlerai guère de nous,et ne dirai pas qui tu es.
    Mais il importe que ces pages te soient offertes,
    qu'elles se souviennent de toi,comme ces pas que je fais au loin.
    Qu'elles marchent à tes côtés,puisque je ne voyage jamais seul,
    puisque jamais,en vérité,je ne m'en vais"

    Pour moi,il y a dans ce texte,une incroyable douceur,une fluidité,une harmonie que je recherche,que je désire,que je ne cesserai de chercher...Il y a une profondeur et une légèreté dont je suis avide...ce jour-là un ange est passé...et peu importe si l'on ne croit pas en Dieu,on peut croire en ses anges,tant un même mot peut dire une chose et son contraire

    encore une petite citation de Maulpoix parce que c'est beau
    "Ecrire est averse de neige...Une floraison de blancheur dans l'obscur,telle serait la page qui se couvre de signes...J'écris avec ce qui se tait.Avec la neige montant du sol,cherchant la bouche muette du ciel."


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  • -Le mois dernier,j'ai lu un livre qui m'a profondément touchée...Il s'agit de"No et moi" deDelphine de Vigan chez Lattès.
    C'est l'histoire d'une amitié entre une jeune adolescente,première de classe et une SDF...La lycéenne demande à cette dernière si elle veut bien répondre à ses questions car elle doit rédiger un exposé sur les jeunes dans la rue...Elles vont donc  pendant quelque temps se retrouver régulièrement au café
    -"Elle me décrit ses journées...C'est un cadeau qu'elle me fait...un cadeau qui modifie les couleurs du monde...
    Je  me repasse la conversation en boucle,c'est facile parce que j'enregistre tout...les mots s'impriment dans ma tête comme sur une bande passante...
    Je vois la fatigue sur son visage,c'est comme un voile qui la recouvre,l'enveloppe....
    Je vois souvent ce qui se passe dans la tête des gens,c'est comme un jeu de pistes,un fil noir qu'il suffit de faire glisser entre ses doigts,fragile, un fil qui conduit à la vérité du monde..."

    Ellle ne peut supporter plus longtemps la détresse de sa nouvelle amie et demande à ses parents de l'accueillir...Après quelques semaines de repos No se refait une santé et trouve du travail dans un hôtel...Le patron n'est pas très correct...Pour oublier son angoisse et sa peur de décevoir,elle se met à boire...elle se sent obligée de partir ...Inutile de tout vous raconter.Il vaut mieux que vous lisiez le livre qui est plein de finesse et d'humanité
    Je termine par une dernière citation:
    -"Avant de renconter No,je croyais que la violence était dans les cris,les coups,la guerre et le sang.Maintenant,je sais que la violence est aussi dans le silence,qu'elle est parfois invisible à l'oeil nu.La violence est ce temps quiqui recouvre les blessures,l'enchaînement irréductible des jours,cet impossible retour en arrière.La violence est ce qui nous échappe,elle se tait,ne se montre pas,la violence est ce qui ne trouve aps d'explication,ce qui à jamais restera opaque"

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  • d--cembre-2007Vaunaveys-166-copie-5.jpg
    L'ange n'a pas posé
    sa main
    sur mon épaule.
    En vain
    ai-je attendu qu'il m'effleure.

    Sans doute
    l'ai-je trop attendu?

    Mon attente
    est un mur qui 
    l'empêche
    d'approcher.

    Je ne veux plus l'attendre,
    je ne veux plus rien attendre.

    Mais 
    tous les sens en éveil
    savourer l'instant fragile
    en dévoiler la merveille

    avec patience et attention
    fixer l'horreur
    assez longtemps
    pour qu'elle devienne 
    beauté

    Et si rien ne vient
    savourer le rien

    Car comme le dit le poëte Juarroz,
    "Au centre du vide,
    il y a une autre fête"


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  • Si je n'avais qu'une heure à vivre...
    Oh l'immensité de cette heure!
    Comment remplir intensément
    cet ultime espace de temps ?
    Tout ce qui me resterait de vie
    ramassé en une heure.
    Cela me rendrait très grave;
    Je rentrerais au fond de moi
    pour choisir ce qui mérite
    d'éterniser cette heure :
    une musique que j'aime,
    un poëme qui m'émeut,
    une prière qui me rassure,
    un paysage qui m'apaise?
    Non !
    Je chercherais plutôt un être humain 
    qui me parle au coeur
    un être qui me ravirait
    par  notre transparence réciproque,
    un être qui me confirmerait
    dans ma certitude que ce que je sens de lui,
    ce qu'il sent de moi,ne peut périr.
    Et dans ce moment d'éternité,
    nous ne saurions plus qui de nous deux
    va mourir ou continuer de vivre car,
    au point que nous aurions atteint,
    les deux seraient indifférents.     Louis Evely
                                                                (1910-1985)


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  • mars-2007-011-copie-3.jpg -Comment vas-tu?
    -Très bien,très bien, très bien...je n'y puis rien,si je vais très bien;
    Comment donc,me dis-je à part moi,puis-je aborder un ami en l'assommant avec une question aussi indiscrète..je ris pour masquer ma gêne et j'oriente la conversation sur un sujet moins épineux telle la prochaine conférence sur l'art et la science à laquelle nous assisterons en février.Il va me chercher les notes que le conférencier lui a déjà données...fait quelques commentaires puis me regarde et ,naïvement,me dit:
    -"Au fait,tu voulais peut-être qu'on parle d'autre chose?
    -Je souris,amusée:"non,je n'avais pas d'idée préconçue...Je suis venue avec le seul désir de voir l'ami,de respirer le même air que lui quelques instants,de sentir au-delà des mots la température interne de son être...
      Et me voilà attristée de cette réflexion anodine...Pourquoi fait-il semblant d'être disponible,mon charmant ami,puisqu'il ne l'est pas...et,sans doute n'y est-il pour rien,là non plus?
      Pourquoi feindre d'être prêt à m'écouter...Je ne puis lui parler de moi que s'il s'ouvre lui-même de ce qu'il ressent?...Aujourd'hui,il n'en est pas le temps...pourquoi et de quoi éprouve-il le besoin de se défendre?
      Mon coeur est "un buisson de questions"..La rencontre n'a pas vraiment eu lieu ou du moins nes 'est pas concrétisée par des mots-partage...Un autre jour peut-être...Je respecte son choix et lui garde,intacte,mon amitié.

    (Je crois que c'est René Char qui a dit:"nul oiseau n'a le coeur de chanter dans un buisson de questions")

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