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C'était au festival de poésie à Sète
au festival "Voix Vives"
Il y avait des stands de différentes maisons d'édition de poésie.
Les Solicendristes qui éditent la revue Soleil et cendres
ont proposé à tous ceux qui venaient les voir de participer au plus long poème du monde.
A ceux qui acceptaient, ils donnaient un incipit comme "le printemps m'a apporté"
"le jour sera beau comme"
"je veux donner mon chant"...
et chacun continuait la phrase comme il le désirait....
Et eux, ensuite, se chargeaient d'ordonner ces phrases et de les retranscrire sur une grande feuille...
et c'est ainsi qu'ils ont obtenu
avec 180 participants
un poème de 30 mètres de long
et le dernier jour du festival, ils l'ont lu
(quelquefois le vent faisait des siennes et le poème menaçait de s'envoler)
ils l'ont lu
à voix haute,
à une voix ou à deux voix
et c'était magnifique!
Au premier rang, quelques jeunes les écoutaient ébahis et heureux...
Je suppose qu'ils avaient participé au poème...
C'est après la lecture, la discussion qui suit
Je suis avec les deux lecteurs du poème
Nous venons de partager un très bon moment
12 commentaires -
" Où court celui qui écrit.
D’abord à la quête de ses mots. L’aventure de l’écriture, c’est d’abord celle des mots. Qui s’appellent, se reconnaissent, s’apostrophent. Si je dis CHAT me vient CHÂTEAU qui appelle TOUR. Et voici l’inattendu TOURBE aussitôt perverti en COURBE et immanquablement HANCHE et GALBE. Revenant à CHAT voici la TACHE voisine de l’AREOLE. Ainsi tout a filé de la matière au sens. Une image mentale est venue TROUBLER la TOURBE de mon imaginaire. Les mots précèdent le texte. Sinon l’écrit en serait ATEXTUE. Comme un « soleil qui se lève derrière la colline » dans la banalité du jour.
J'écris...
... Il y a en moi le monde. Et tous les mots. Tout ce qui me regarde et m'affronte. Je me mêle de leur écho, et m’emmêle dans leurs silences, je décide de leur place dans ma langue. Je les écris sur les murs, sur les blés couchés, sur la bouche des tyrans.
Et si j'écris, c'est dans la poussière qui danse, dans la poursuite qui traque l'insouciance et l'histoire. Là où le vide se pend.
Et si j'écris, c'est là où je n'ai plus pied, là où le sel me brûle et les lèvres et les yeux, où le sable est mouvant, où le souffle me manque.
Et si j'écris, c'est la poussière et la mémoire du sable ; l'écriture est autre chose que du verbe qui se transcrit.
Mais avant tout : oser. Oser la matière première avant de savoir, avant de savoir ce qu'elle sera à l'autre, à l'autre bout de la chaîne. Oser la bribe avant le plan. Aucun plan, aucun schéma, aucune maquette, aucun modèle. Rien en préalable, hormis un vague projet. Écrire. Hormis ces mots lâchés comme la liste des courses. Et déjà tous les modèles invités, conviés, convoqués. J'écris. Je n'écris pas, je frotte les silex. Je n'écris pas, je compte, j'accouple, j'amoncelle basculant d'un mot à l'autre, lâchant prise, m'agrippant au rocher de la feuille, à la corde du crayon, à la saillie de l'encre, à la syllabe retournée, à une sonorité récurrente comme à l'oiseau qui traverse le paysage, le feu aux faux pouvoirs des maîtres de la langue.
J'écris tes premiers mots, tes centaines de mots et c'est refaire les gestes de la vie.
J'écris tes silences, mes grands écarts. J'écris pour que tu entendes ce que je n'ai pas écrit.
Je serai dans le texte cette autre à ta rencontre.
J'ai mots en main et maladresse. Je reste là à pervertir le sens. Mon avant-texte, mon magma, mon prétexte. Et j'en suis là. Nous en sommes là, en somme. Mon écriture, cette médiation. Entre mon propre silence et le silence du monde. Mon impuissance à dire. Elle est ce qui me sauve...
J'écris désaccordé m'accordant le risque de l'autre, l'autre à déranger ou à séduire dans les mots mêmes qui sont venus advenus dans l'aléatoire, et poursuivre l'accouplement, la scrutation de l'étrange. J'écris, j'agrège, j'associe, j'assemble, je laisse poindre sourdre jaillir des bribes morceaux fragments d'où émerge, advient, perce – avec je comme agent ou ferment – le sens ou plutôt du sens, de l'inédit, de l'inconnu, de ces mots nus, ce ténu en nous, ce délicat, ce tendre, ce fragile d'où n'est pas si loin le rugueux, le grossier, le sauvage, le diable...
Tout m'est matière. Arbre forêt colline.
Un arbre cache la forêt. Tout m'est matière. Impossible sans lui de graver mes écorces.
J'en suis là : le soleil se lève derrière la colline.
L'écriture est autre chose.
Derrière la colline se lève le soleil. Se lève derrière la colline le soleil. La colline derrière le soleil se lève. Pauvre Monsieur Jourdain.
J'en suis là du soleil et de la colline. J'en suis là de ma banalité. Cette phrase, des milliers l'ont écrite. Témoins du petit matin. J'en suis là : le soleil se lève derrière la colline ; tenter le débarrasser de tous ses e. Ces e qui l'envahissent, qui le saturent. Et en même temps de sa banalité.
Alors j'en serai là : roulant son or, il condamnait l'ubac d'un assaut irradiant.
Dans cette quête de l'inédit, la contrainte m'est féconde. Et me jetant, téméraire, dans une autre invention, j'impose le nombre et l'ordre : aubaine, banale colline déjà exposée, feu galbé. En 7 mots se reconstruit l'aubaine de l'aube, comme en 7 mots le soleil se levait derrière la colline. Convoquant l'ordonnancement alphabétique des mots, l'ABCDEFG de l'acte d'écriture.
L'écriture est autre chose que du verbe qui se transcrit.
J'écris, libéré par la contrainte....
Ronde du mot à mot, un rêve s'accorde à ma première phrase. Je lui donne du volume. La résonance autorise l'écart dont je retiens les notes. De la bouche au doigt un soupir glisse un geste chargé de contre temps. Silence. Croches pointées. De mon étonnement la partition survient.
Incessant va et vient. Agrippé au chambranle, un texte a surgi....
Refaire surface dans l'inédit de soi.
L'écriture m'interprète. Moi, qui ressasse dans le flux et le reflux, mes pierres, mes écorchures. Ainsi au bord du monde se polissent mes galets. Que sais-je de la vague et du vent, de la main qui les prend, des rires ou des ricochets.
J'écris en rafale, un grain soudain, une bourrasque. J'écris en trombe. Qu'il soit question d'un texte par jour ou d'un texte par an. De dix textes en un jour ou d'attente lancinante du suivant. Et souvent mille fois le même texte, un seul et même texte pendant mille jours...
J'écris au plus près de l'ombre et de la peur de l'ombre, au plus près de l’amour, au cyprès du vertige dans le ciel élancé. J'écris jusqu'à ce que s'évanouisse la langue,
je vibre
je vis
L'écriture est autre chose que du verbe qui se transcrit."collectif Soleil et cendres, janvier 2008
si vous voulez lire le texte complet, allez sur leur site
12 commentaires -
Je suis dans ma voiture
J'écoute la radio
Et j'entends Guillaume Gallienne qui lit "Le portrait de Dorian Gray"
Heureuse d'écouter à nouveau cette histoire que j'ai lu il y a longtemps
Heureuse de l'entendre si bien racontée
J'ai l'impression de voir les personnages devant moi tant elle est bien dite
Il faudra que je relise ce livre
12 commentaires -
Nous marchons sur le boulevard de la ville tout en bavardant.
Une petite dame nous dépasse, nous fait un grand sourire et nous dit bonjour.
Puis elle nous dit qu'il faut boire, boire beaucoup car les chaleurs reviennent ...
Quelqu'un arrive en face...Elle lui fait à nouveau un large sourire et lui dit bonjour.
L'autre la regarde étonné et elle, elle ne dit rien.
Puis elle traverse une rue...Une voiture s'arrête pour la laisser passer.
Elle lui dit bonjour puis brusquement dévie de sa route pour aller faire la conversation avec lui...
Des voitures à l'arrière stoppent à leur tout et attendent patiemment la fin de la conversation, du moins je l'espère...
Avec elle pas d'anonymat ! pas d'indifférence ! Elle est amie avec tout le genre humain !
Petite pause de vacances...A bientôt !
8 commentaires -
" Non
la vie n'est pas ça
qu'on voudrait nous faire avaler
cette chose douillette proprette
et sans risques
vie ah prémunie de tout
vie oh protégée de tout
bardée de préventions harnachée de précautions
recluse dans ses peurs préventives
condamnée à la préventive
ad vitam oeternam
nom de dieu non
vous ne vivrez pas une vie d'homme
sans dangers hein
sans failles tiens
sans blessures non
sans souillures quoi
sans poussières sans
sans l'humeur et la sueur
sans malfaçons de corps
sans les fleuves violents hargneux
sans les excès brutaux
de la neige et du feu
sans le hasard de la chute
sans la faiblesse et
sans la perte
sans souffrir et et
sans vieillir
ou alors vous ne vivrez pas
car nom de dieu vivre
n'est pas sûr
vivre est un vol de papillon
dans les flammes
marcher est un risque
respirerr est un risque
dès le premier pas le premier souffle
dans la vie
ou alors vous ne vivrez pas
resterez plantés entre vous et votre ombre
petites choses immobiles
muettes et dérisoires
vénielles vaines
vies plus vaines encore
de n'être pas vivantes
vies enclouées
clouées à la seule idée
de continuer
d'exister
exister contre contre et contre
contre tout ce qui menace...
si vous voulez la suite...et le début..il vous faudra trouver le recueil des sermons joyeux
11 commentaires
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