Par
gazou . dans
rencontres le
27 Juin 2008 à 06:32
Longtemps,il avait cru qu'il n'était pas beau.Chaque matin,il grimaçait devant son miroir en se rasant.Il gardait rigoureusement fermés,ses cols de
chemise,les poignées de ses manches aussi...tant sa poitrine et ses bras velus l'irritaient.Il lui fallut de longues années pour s'habituer à son apparence.Il n'était pas très certain,la
cinquantaine passée,d'y être parvenu...Mais cela ne l'inquiétait plus,beau ou laid,qu'importait,il allait son chemin,il allait sur le chemin de ses rêves...Il ne perdait point sa vie en vains
regrets,en vaines suppositions...Ainsi il était...il saurait se faire aimer malgré ce corps qui lui faisait ombre.
A présent,les cheveux blancs venus,il avait acquis l'assurance qui lui avait fait défaut dans sa jeunesse...et plus il vieillissait et plus il devenait charmant,enjôleur,insaisissable,et
d'autant plus captivant...Il savait,à merveille,entretenir la tendresse que ses nombreuses amies de tous âges,lui accordaient...Mais il n'était jamais satisfait,il avait besoin de l'admiration et
de l'amitié chaleureuse,de l'attention toujours en éveil de toutes les femmes qu'il approchait : un petit mot à celle-ci,un sourire à celle-là,une plaisanterie pour détendre l'attristée,un mot
flatteur...pour la coquette...A chacune,il donnait la sensation d'être proche,d'être l'ami,le seul...il inspirait confiance...Si l'hommage d'une seule d'entre elles lui manquait,c'est une couleur
qui manquait à son arc en ciel.
Il vivait des sincérités successives et mouvantes,et s'il était de plus en plus touchant,de plus en plus attirant,c'est que ,se dépouillant de ses peurs qui le rendaient parfois un rien
hypocrite,il vivait de plus en plus pleinement chaque instant dans une sincérité toujours plus neuve.
Lui-même n'avait pas d'âge,ses cheveux blancs lui permettaient de jouer au grand-père mais ses pirouettes perpétuelles lui donnaient un air de jeunesse éternelle...Cet homme-là ne serait
jamais un vieillard;..A quatre vingts ans bien sonnés,il serait capabe d'effrayer son entourage par quelque imprudence énorme...simplement pour se prouver à lui-même que la carcasse tenait bon et
qu'il n'avait rien de commun avec ceux de la même décade que lui qui traînaient prudemment leur vie.
Il n'était jamais rassasié,ses pas le tournaient toujours vers l'ailleurs,vers l'inconnu.