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Malgré de Henri Bauchau
"Malgré tout
le mal qu'on nous fait
malgré
celui que nous faisons
subir aux autres
Malgré
la guerre
les enfants mutilés
martyrisés
l'enfer
que tant de gens s'infligent
et qu'ils infligent aux autres
Malgré
malgré tout
ne dressons pas le mal
et le bien face à face
ils sont en nous
et dans le cours
aventureux des siècles
En face du mal
en face du bien
il n'y a rien
rien que la vie
ensemble." Henri Bauchau
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Commentaires
bonsoir Emma
Ta réflexion m'étonne...Peut-être ai-je mal lu mais il me semblait que Henri Bauchau nous invitait au contraire à ne pas opposer le mal et le bien qui étaient en nous et bien trop intimément mêlés pour qu'on puisse les séparer de même que l'on vient à la vie pour aller à la mort...Il me semble donc que ce qu'il nous dit est tout le contraire du manichéisme...
Bonne soirée Emma !
Oui Gazou, je suis d'accord avec ton analyse bien sûr.
Peut-être est-ce dû à la lecture de quelques lignes extraites d'une plus longue démonstration, mais là, en lisant juste ce passage, j'ai hâtivement retenu la mise en avant de l'éternelle opposition entre le bien et le mal.
Sommes-nous donc toujours tenu de raisonner en ces termes ? L'auteur lui-même, au final, en convient, ce n'est pas si simple et je crains que l'on n'en sorte pas de cet éternel combat culpabilisant.
Hormis pour les évidents crimes et horreurs de toutes sortes, il est parfois difficile de démêler le "bien" du "mal" pour des actes, disons, plus anodins.
Je ne sais pas si je parviens à traduire clairement ce que j'ai en tête...
Et surtout, Gazou, j'espère que ma réaction ne t'a pas heurtée. Loin de moi l'envie de le faire.
Passe une bonne soirée. Je t'embrasse.
eMmA
là tu as tout à fait raison :
ce texte est la négation même du manichéisme : bien et mal sont en nous, indissociables.
Mais en conflit.
C'est ça qui est difficile à comprendre, et même impossible à comprendre.
C'est peut-être cette impossibilité qui fait dire cela à eMmA.
Mais vois comme le sujet est difficile :
rien que nommer (séparément) le " bien " et le " mal ", c'est déjà un manichéisme !
Notre langage est piégé.
C'est un sujet très difficile, peut-être même le plus difficile de tous.
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Oui Khaz, c'est bien ce que je voulais dire. Nommer le bien et le mal, et hop ! j'ai l'impression d'être au catéchisme... C'est mal, Docteur ?
"ne dressons pas le mal et le bien face à face", mais il faut bien les nommer pour se structurer en tant qu'humain vivant avec d'autres. C'est le rôle de l'éducation, il est indispensable de distinguer ces notions-là. Après il vaut mieux tâcher de faire grandir ce qui est bien que de vouloir combattre le mal de force. C'est ce que dit la parole du bon grain et de l'ivraie. Bonne journée Gazou.
Bonjour,
Eh oui, la frontière entre l'amour et la haine est parfois très mince.
Est-ce bien ? Est-ce mal ?
Les petits enfants ne se posent pas la question. Et ils ont de la chance...
Bisous
qu'est-ce que le bien est le mal? Selon son éducation, sa religion, nous n'en n'avons pas forcément la même représentation. Ceux qui tuent au nom d'Allah, ceux qui imposent le mariage forcé, ont-ils l'impression de faire le mal et cette femme que l'on vient de juger pour avoir tué 8 de ses nouveaux nés? Et ces religieux qui considèrent les homosexuels comme indignes alors qu'ils ferment les yeux sur la pédophilie des prêtres?
De toute façon j'ai beaucoup de "mal" avec ce genre de textes moralisateurs et qui sommes nous pour juger?
Henri Bauchau, un très grand écrivain belge. Mais je ne connais son oeuvre que très peu. Il a écrit jusqu'à ses 90 ans et plus.
Coucou Gazou
Il faut savoir discerner le Bien pour comprendre qu'il est le Bien et idem pour le Mal ! Ce qui est Bien dans une culture ne l'est pas forcément dans une autre... idem pour le Mal...
Quel casse tête chinois !Si l'on s'en tient à la religions catholique, où le Bien et le Mal sont bien définis : ça paraît plus simple !!! en apparence, car dissocier le Bien du Mal au cours de notre quotidien n'est pas chose facile ! Il faudrait sans cesse se remettre en cause, à chaque geste, chaque parole, chaque action.... car notre psychologie est si tordue souvent, si empreinte des gènes de ses ascendants., d'une certaine culture... etc, que nous agissons souvent inconsciemment ... Et c'est justement à la lumière de la réaction de l'autre que nous comprenons que nous nous sommes fourvoyés sans même l'avoir voulu....
Bref, c'est vraiment compliqué !
En fait, grandir, c'est se souvenir et méditer sur cette réaction de l'autre afin d'en discerner notre bonne ou mauvaise attitude... et/ou la sienne !!!
Il va sans dire que je ne parle pas des grandes interdictions qui permettent la vie en commun comme "tu ne tueras pas etc"...
Là, elles sont si claires, si "universelles" (enfin presque !), si évidentes qu'il serait difficile d'y déroger... à moins d'être pernicieux ! ou de faire partie d'une Société particulièrement permissive...
Et comme le dit si justement QUICHOTTINE, essayons de pointer du doigt nos actions mauvaises quand on les discerne en nous et ne pas les laisser devenir habitudes !
Car c'est exactement ce qui risque de nous arriver si nous laissons les mauvaises actions mener notre vie...
Si on repère une de nos mauvaises habitudes (vouloir se venger par ex), qui affleure de notre conscience et qu'on ne la bloque pas de suite
Arrive en deuxième position ce que l'on appelle la DELECTATION (on "remugle" ! on savoure par la pensée ce besoin de vengeance...)On va très vite s'enfoncer dans son CINEMA INTERIEUR avec un méchant CONSENTEMENT DE LA VOLONTE ... aie, pente raide et savonneuse.... On peut encore tout bloquer ! (ouf !)
Si on se laisse engloutir par notre penchant de vouloir exercer notre vengeance, au moins mentalement, cette tentation va grandir
et la PASSION entre en jeu qui nous fait tomber dans une mauvaise Nature qu'on appelle "SECONDE NATURE" qui vient se superposer à notre véritable Nature qui n'est pas forcément vengeresse...
Et là, CATASTROPHE, on tombe (plouf) et on se noie (glouglou) dans des OBSESSIONS , des IMPULSIONS où la liberté n'a plus sa place
OU LA LIBERTE N'A PLUS SA PLACE ! On est donc PRISONNIER de SES OBSESSIONS, de ses IMPULSIONS, car on n'a pas voulu BLOQUER ce cinéma dès qu'on a repéré notre envie de se venger !
Et quand on est obsédé par qq chose qui devient un cauchemar trop intense : que fait-on ? ON PASSE A L'ACTION ! et là, c'est terrible ! Dieu sait ce qu'on devient ??? et l'autre ???
Brrrrrr
Car là, quelle vie impossible avec l'autre ou les autres !!! refuser de se refuser le mal sous prétexte de liberté, c'est justement se priver de cette liberté si désirable et la priver également à l'autre qui répond violemment souvent ou qui endure, subit.... Esclavage !
Quelle vie détestable ! C'est choisir l'enfer... pour soi, pour l'autre, pour le couple, pour tous !
Bisous Gazou et merci de nous avoir permis de méditer ton texte
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Sagesse, oui, mais un peu trop manichéenne à mon goût...