• Fernand Léger

     

    Fernand Léger : Le cirque Médrano, 1918. Huile sur toile, 58 cm x 94,5. Centre Pompidou, MNAM-CCI / Jacques Faujour / Dist. RMN-GP. Adagp, Paris 2017

    Fernand Léger : Le cirque Médrano, 1918.

    L’amour de la modernité

    « Le beau est partout, dans l’ordre d’une batterie de casseroles, sur le mur blanc d’une cuisine, aussi bien que dans un musée », écrit Léger en 1923.  Il fait le constat de la puissance esthétique de la vie moderne, trépidante et colorée »

    Un créateur voyageur

    Fernand Léger est né le 4 février 1881, à Argentan, en Normandie. Après avoir été apprenti chez un architecte de Caen, il s’installe à Paris en 1900 et devient assistant photographe. Trois ans plus tard, il est admis à l’Ecole des Arts décoratifs, mais refusé aux Beaux-Arts. Il découvre l’œuvre de Cézanne, peintre aux compositions très structurées, très architecturées. En 1908, il travaille dans les ateliers de la célèbre Ruche, à Montparnasse, et fréquente Robert Delaunay, Marc Chagall, Chaïm Soutine. En 1911, il expose sa première toile au salon des Indépendants (La Noce). Un critique de l’époque le qualifie de «tubiste». Après la Grande Guerre, il rencontre Le Corbusier et découvre l’œuvre de Piet Mondrian. Avec Dudley Murphy, il réalise le film «Ballet mécanique». En 1936, il collabore aux activités de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR). Il réalise les costumes et les décors d’un ballet de Serge Lifar (David triomphant). Deux ans plus tard, il part aux Etats-Unis où il réalise des fresques pour l’appartement de Rockefeller, à New York. En 1940, il se réfugie en Normandie, puis il fuit la France pour un nouveau voyage aux USA. Il enseigne au Mills College (Californie) et participe à l’exposition «Artists in exile» chez Pierre Matisse. 1945, il adhère au parti communiste français, depuis New York. Première rétrospective, en 1949, au Musée national d’art moderne de Paris. Il s’installe à Biot où il réalise ses premières céramiques, il illustre également la grande salle de l’ONU, à New York. Il crée des vitraux en Suisse et au Venezuela. En 1955, il séjourne à Prague pour le Congrès des Sokols. Il décède, à Gif-sur-Yvette, le 17 août, de la même année. Ce peintre voyageur a donc eu une vie bien remplie


     

     Quand Léger peint cette toile, il est revenu du front et recommence une vie normale. Mais il se souvient des tranchées et des corps déchiquetés. Les bras ressemblent à des tubes métalliques et cela préfigure ses recherches esthétiques à venir, sur le monde industriel. Le fond de la toile est divisé en zones géométriques, qui me rappellent Cézanne, même si le sujet principal de l’œuvre est bien sûr : l’horreur de la guerre.

    Fernand Léger : La partie de cartes, 1917. Huile sur toile, 129,5 cm x 194,5. Adagp, Paris 2017

    Fernand Léger : La partie de cartes, 1917. Huile sur toile,

     

     Cette œuvre  représente un ouvrier assis de dos, avec au centre de la toile une feuille rouge sur laquelle on reconnait la lettre R. Cette lettre est un clin d’œil aux innovations en matière d’illustration des livres d’avant-garde, qui intéressent beaucoup Léger. De plus, l’artiste observe souvent les grandes enseignes lumineuses publicitaires. On retrouve tout cela dans cette œuvre, qui est à elle toute seule, une... ville.

    Fernand Léger : Le Typographe, 1919. Huile sur toile, 130,3 cm x 97,5. The Louise and Walter Arensberg Collection, 1950. Adagp, Paris 2017

    Fernand Léger : Le Typographe, 1919.

    La révélation du cinéma

    Fernand Léger a une véritable fascination pour le cinéma. Pour lui, c’est avant tout l’art de la modernité. Il découvre le 7e art, lors d’une permission en 1916, en compagnie de Guillaume Apollinaire et Max Jacob. Certains experts affirment que Fernand léger a failli abandonner la peinture pour le cinéma, mais là, le débat est ouvert... Toujours est-il que l’artiste reçoit un choc, lorsqu’il voit Charlot et sa démarche mécanique sur grand écran. Il dessine plusieurs fois Charlot et, dans les années 20, il écrit le scénario d’un dessin animé intitulé «Charlot cubiste». Il conçoit également quelques illustrations de ce Charlot, qu’il veut désarticulé et coloré. Le dessin animé ne se fera pas, mais Léger s’en servira dans le générique de son film « Ballet mécanique », en 1924.

    Fernand Léger : Charlot cubiste, 1924. Eléments en bois peints, cloués sur contreplaqué, 73,6 cm x 33,4 x 6. Centre Pompidou, MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMN-GP. Adagp, Paris 2017

    Fernand Léger : Charlot cubiste, 1924. Eléments en bois peints, cloués sur contreplaq

    Corps et mouvements

    Fernand Léger associe les corps humains aux objets de la modernité, d’autant qu’il adore aller voir un spectacle de danse ou de cirque. Le corps en mouvement le fascine. Il conçoit des décors, des costumes et participe à une dizaine de créations. Ami de la grande famille du cirque, les Fratellini, il admire la forme circulaire de la piste et la souplesse des artistes. Il s’en souvient encore lorsqu’il peint, en 1944, cette toile. Ici, les corps se transforment en formes abstraites et tout est mouvement. Je me demande si Keth Haring a vu ce tableau, il y a plus d'un point commun entre ces deux artistes.

    Fernand Léger : Les grands plongeurs noirs, 1944. Huile sur toile, 189 cm x 221. Centre Pompidou, MNAM-CCI / Jacques Faujour / Dist RMN-GP. Adagp, Paris 2017

    Fernand Léger : Les grands plongeurs noirs, 1945


     

    La peinture dans l’espace

    Vers 1950, à Biot, Léger s’essaye à la céramique. En réalité il veut donner du relief à sa peinture. Il utilise souvent des motifs de fleurs ou de fruits. Cette fleur polychrome est peinte sur les deux faces. Elle fleure bon la bonne humeur, c'est un soleil à elle toute seule.

    Fernand Léger : La Fleur polychrome, 1952. Ciment et plâtre peints, 165 cm x 132 x 47. Centre Pompidou, MNAM-CCI / Philippe Migeat / Dist RMN-GP. Adagp, Paris 2017

    Fernand Léger : La Fleur polychrome, 1952

    Hommage aux ouvriers

    Avec le temps, Léger affirme de plus en plus ses idées politiques dans ses toiles. Dès 1936, il écrit : « Libérer les masses populaires, leur donner une possibilité de penser, de voir, de se cultiver. La classe populaire a droit à tout cela. Elle a droit sur ses murs à des peintures murales, signées des meilleurs artistes modernes ». Cette toile est l’aboutissement d’une série consacrée à la classe ouvrière, celle qui œuvre sur les chantiers et dans les usines. Elle illustre aussi la reconstruction de l’après- guerre. Plus réaliste que ses travaux précédents, elle témoigne de l’envie de Léger de s’inscrire dans la tradition de la grande peinture. Mais, avec Léger, les angelots et les saints sont remplacés par des ouvriers et les architectures d’églises, par des structures métalliques. Léger réinvente la peinture classique, à sa façon.

    Fernand Léger : Les constructeurs, 1950. RMN-Grand Palais (musée Fernand Léger) / Gérard Blot. Adagp, Paris 2017

    Fernand Léger : Les constructeurs, 1950. RMN-Grand Palais (musée Fernand Léger) /

    Congés payés

    Dans cette très belle toile, réalisée deux ans avant sa mort, le peintre évoque les premiers congés payés de 1936, après les luttes sociales du Front populaire. Dans une ambiance, qui rappelle les films de Jean Renoir, l’artiste peint une famille au bord de la mer. Pour illustrer la force du rêve devenu réalité, la végétation évoque des coraux, mais un homme en casquette à gauche a bien les mains dans le cambouis...

    Fernand Léger : La Partie de campagne (deuxième état), 1953. Huile sur toile, 130,5 cm x 162. Centre Pompidou, MNAM-CCI / Service de la documentation photographique du MNAM/ Dist. RMN-GP. Adagp, Paris 2017

    Fernand Léger : La Partie de campagne (deuxième état), 1953. Huile sur toile, 130,5 cm x 162. Centre Pompidou,

     

     d'après Thierry Hay

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Samedi 17 Mars 2018 à 11:19
    eMmA MessanA

    Je suis béate d'admiration devant les oeuvres de ce peintre.

    Je me demande s'il a côtoyé Kupka, notamment au cours de sa période qui met en valeur les rouages, les tubes, les figures géométriques associées au monde moderne et industriel ?

    Merci pour cette page qui met à l'honneur cet artiste.

    Beau week-end à toi, à tous.

    2
    Samedi 17 Mars 2018 à 11:59
    LADY MARIANNE

    merci pour ta participation--- normalement un seul tableau sur lequel on s'arrête-
    et quelques mots-
    c'est abstrait comment on sait ce qu'il veut nous montrer ?  de la couleur , c’est gai-
    j'aime la toile honneur aux travailleurs je comprends mieux plus facilement--
    les congès payés super aussi !!
    un très grand artiste pour ce samedi-
    bisous- merci-

    3
    Samedi 17 Mars 2018 à 14:36

    Je préfère de beaucoup les dernières toiles plus figuratives, je n'aime pas trop chercher. Bises et bonne journée

    4
    Samedi 17 Mars 2018 à 15:02
    renee

    Sans doute un grand peintre mais déjà que la peinture et moi c'est deux alors là je reste assez en questionnement devant ce genre....une chose est sûr même si j'avais les moyen je n' achèterais pas ou alors juste pour spéculer...Mais comme dit je connais rien en peinture...Préférence pour les aquarelles ou dessin juste au crayon. Bisoussss

    5
    Evy
    Samedi 17 Mars 2018 à 17:47

    Particulier mais j'aime bonne soirée à toi bisous

    6
    Samedi 17 Mars 2018 à 18:07

    J'avoue ne pas aimer !

    Merci pour ton commentaire

    Bisous Gazou

    7
    Samedi 17 Mars 2018 à 19:04

    c'est très réaliste, dans le sens présent. J'aime ce peintre, il me semble qu'à Metz, il présentait plusieurs de ses oeuvres, mais j'ai raté la visite.

    Bises et merci

    8
    Samedi 17 Mars 2018 à 19:40

    C'est une belle suite, pas fan au premier regard, mais sympathique sur beaucoup

    9
    Samedi 17 Mars 2018 à 21:43
    erato:

    Je préfère les deux dernières toiles, elles ont plus un sens pour moi.

    Belle soirée Gazou

    10
    Mardi 20 Mars 2018 à 10:17

    J'ai eu du mal avec lui lorsque j'ai découvert ses tableaux, mais certains me plaisent beaucoup.

    Merci pour ce partage, Gazou.

    Passe une douce journée.

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