-
D'autres vies que la mienne
Il est des écrivains qui, en écrivant , prennent des risques...Car ils s'exposent..Ils osent être authentiques..Et même s'ils parlent des autres , ils le font de telle façon que c'est aussi d'eux qu'ils parlent ou plus exactement de nous tous si tant est que nous acceptons de nous y reconnaître;
Ainsi,Emmanuel Carrère,dans son dernier livre "D'autres vies que la mienne"...Il nous parle de personnes réelles rencontrées dans sa vie réelle...Il essaie d'être le plus juste possible dans sa façon de les décrire, et délicatesse que j'ai beaucoup appréciée, il leur a donné le manuscrit à lire avant qu'il soit publié, avec la possibilité de supprimer ou de transformer les passages les concernant..Aucun n'a demandé le moindre changement..Il est vrai qu'il est plein d'attention et de respect pour chacun, qu'il n'y a jamais trace du moindre jugement...Il est totalement poreux, il absorbe ce qui fait l'autre, ce qui le constitue, il le fait sien...Ainsi que le disait le psychanalyste Michel Cazenave dont il parle dans son livre, il s'agit d'éprouver"une solidarité inconditionnelle avec ce que la condition d'homme comporte d'insondable détresse"...
Et c'est d'autant plus étonnant que, dans son précédent livre "un roman russe", il semblait n'être absorbé que par lui-même et ses secrets de famille.
Il nous parle de la mort, et bien davantage de la vie, de la maladie, du handicap, de la justice, de la solidarité qui fait de nous des êtres humains...
J'ai aimé la justesse de ses portraits :
"La confiance qu'il m'accordait, il l'aurait témoignée à n'importe qui, parce qu'il n'avait jamais pris le plide se méfier...Il ne jouait aucun rôle, n'avait aucun souci de mon opinion.Il n'était pas fier, il n'avait pas honte. Consentir à être sans défense lui donnait une grande force"
J'ai aimé le regard qu'il porte sur les autres, l'empathie dont il fait preuve, l'évolution qui est la sienne, sa capacité à reconnaître ce que ces rencontres avec les autres lui apportent, comment ils lui permettent de devenir lui-même, comment ils lui apprennent, sans le savoir, à aimer et à savoir être aimé.
-
Commentaires
Ouverture, par rapport à l'univers pour l'être par rapport à soi, modeste et en regard de la beauté ambiante qui grandit la sienne.
Un état d'être, une couche de peau à l'abri des autres.
Ces Etres n'en sont pas. Car ils sont tous les êtres à la fois.
Merci. Bonne journée.très jolie critique...c'st bizarre mais c'est comme ça que j'aimerais être...comme les portraits que tu cites..c'est pas facile
besos
tilkj'en ai entendu la présentation par lui même sur france culture et je me suis dit que je le lirai volontiers...
et là ta note me le ra&ppelle...
en ce moment je vois pas mal de textes sur la mort...
sur terres de femmes
"poumon d'oiseau éphémère" de béatrice bonhomme
à trouver dans la rubrique "poésie d'un jour"
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2009/03/b%C3%A9atrice-bonhommepoumon-doiseau-%C3%A9ph%C3%A9m%C3%A8re.html
dans poezibao
un texte publié dans sitaudis
"l'ange hypnovel" de françoise clédat
http://poezibao.typepad.com/poezibao/2009/04/agenda-et-informations.html
et un texte "néant" de serge maisonnier
un auteur que je lis dans la communauté "poésie contemporaine" d'overblog
http://serge.maisonnier.over-blog.fr/article-21331245.html
des textes de denis heudré
initiateur de la catégorie "poésie contemporaine" d'overblog
dans sa page "mécaniques de la mélancolie"
http://dheudre.over-blog.com/categorie-302065.html
des approches singulières...j'ai lu dans le magazine "lire" un article sur lui et cela m'a donné envie de le lire!très connu mais curieusement je n'ai jamais pris le temps de me pencher sur un de ses ouvrages....peut-être que grâce à ton article, je passerai le cap...Comme dit Arnaud Desjardins: "Prendre des risques, c'est vivre". La sagesse, ce n'est pas l'immobilité. Ça m'a fait du bien de lire cela.
Bonne journée Gazou!c 'est bien de faire partager ce que tu aimes merci et bonne soiréePas facile, d'autant plus difficile que chacun perçoit l'autre de manière différente et qu'on ne se perçoit pas de la même manière que les autres. Donc c'est d'autant plus remarquable que les gens décrits n'aient pas demandé à ce que des passages du livre soient changés.
Oui, belle lecture pour de bons sentiments. Amitiés. LoicJ'aime aussi bcp cet auteur, je ne connais pas ce dernier roman, mais ton argumentaire ne peut qu'être incitatif.
Je t'invite au tag du hasard sur " lignesdefuite"Ouille, çà va devenir compliquer,tu me donnes envie de lire de nombreux livres, je vais dormir quand ? Merci beaucoup pour toutes ces découvertes...Parler à quelqu'un ou décrire ce qu'il est, il y a toujours 'un effet miroir', il nous renvoie son image. Le livre doit être très intéressant. AmitiésMerci Gazou, tu m'as donné envie de lire ce livre... il a rencontré des personnes intéressantes, apparemment.
Bisous.Apprendre à aimé et à s'avoir être aimé, c'est une belle leçon. Je prends ce livre en note.18Maria-DMardi 2 Juillet 2013 à 17:00J'aime ce que vous dites sur cet auteur... car il est vrai que dans ces livres on sent bien cette recherche de la part cachée de l'humain ... cette interrogation du qui nous sommes... je ne connais pas ce dernier livre... mais j'avais été bouleversé par "La classe de neige" et par "L'adversaire"19PascalMardi 2 Juillet 2013 à 17:00"une solidarité inconditionnelle avec ce que la condition d'homme comporte d'insondable détresse"...
Le chanteur Robert Charlebois avait trouvé une jolie expression pour illustrer cette affaire là ... "L'affaire "Homme" (Romain Gary) ... ... : "Solidaritude" .
J'en profite Gazou pour te dire que je suis ravi de découvrir ton site et les parfums qui s'y trouvent et qui sont rares de nos jours.
( Je pense surtout à Christiane Singer , Christian Bobin , entre autres... Je découvre avec un réel plaisir ... Voilà )
Ajouter un commentaire
Une raison de plus au travers ton analyse pour le lire...:-)
Merci et belle journée Gazou