-
Chanson (2 )
Je me souviens du jour où j'ai découvert ce poème, de l'illustration qui l'accompagnait, de ses coloris mauve et grenat, de la place où j'étais assise tout près de la fenêtre, de la robe que je portais quand je le lus pour la première fois, Désormais ce poème ne cesserait plus de chanter en moi et colorerait de bleu tendre mes moments de détresse; Marie Noël nous parlait d'une attente déçue, d'une rencontre qui ne s'était pas faite...mais moi je venais de rencontrer , dans sa chair vive, un écrivain et je ne l'oublierais plus. Je vivais dans ce secret dévoilé à moi seule, c'est du moins ce que je ressentais.
A seize ans, je fus employée dans une colonie de vacances et , au retour, dès que je reçus la somme octroyée, je courus acheter un livre de Marie Noël :" Les chansons et les heures" et je l'emportai comme un trésor...Depuis j'ai acheté beaucoup de livres mais je ne puis ouvrir celui-là sans ressentir à nouveau la merveille de cet instant de grâce.
Quelques années plus tard, par hasard, mais le hasard existe-t-il? Je découvrais un disque où les chansons de Marie Noël nous étaient données par une voix cristalline et pure : celle d'une jeune paralytique...L'interprète elle aussi était le lieu où joie et douleur étaient inséparables.
Plus tard, je reçus chez moi une correspondante roumaine...C'était la première fois que nous nous rencontrions.
Elle était marquée dans sa chair par le malheur de son pays et par une polyomélite qu'elle avait eu enfant et qui l'avait rendue incapble de marcher pendant plusieurs mois. Elle avait gardé cependant la faculté de s'émerveiller...Un soir, elle me demanda d'écouter quelques chansons françaises...Sans hésiter, je sortis le disque de Marie Noël bien que ces chansons-là n'aient jamais été à la mode...Je ne m'étais pas trompée..elle aussi entra en connivence avec cette musique-là et ces paroles..Ce soir-là fut une de nos plus belles soirées...Nous avons ensemble communié à la même saveur, au même parfum, aux mêmes eptites notes ténues et pourtant essentielles.
Les années s'écoulant, ainsi je demeure à la recherche de ce lieu où les contraires ne se repoussent pas mais s'aimantent et se complètent ; Et parfois, dans une chanson, au cours d'une rencontre, j'entrevois quelques instants ce lieu de grâce etje protège précieusement cette vision comme une chandelle dans la nuit .
-
Commentaires
La chanson comme un lieu de grâce, l'interprète comme où joie et douleur sont inséparables. Si toutes nos paroles pouvaient dire ce lieu de gâce dans lequel s'uniraient harmonieusement nos joies et nos souffrances ! Le meonde en serait changé. Mais ce qui se passe en général dans nos vies, c'est tantôt domine le joie, tantôt nous submerge la souffrance. Mais au fond de nous, elles sont bien inséparables
Bises.
c'est "Hasard" je suis comme toi je n'y crois plus...chacun y met derrière ce qu'il veut , mais c'est moment sont des bonheurs infinis ...et je trouve pour mon compte qu'ils s'activent régulièrement en ce moment ! ai-je changé ma façon de voir la vie ? sans doute ...mes pas seulement ! Gros bisous GazouFinalement, nous avons découvert cette poétesse au même âge... j'ai toujours ses livres dans ma bibliothèque, et pourtant, j'ai souvent déménagé et distribué pas mal de livres à mes proches, mais pas ceux là... non...
Bon dimanche à toi Gazou, bisesEn te lisant aujourd'hui, j' ai l'impression d'avoir eu quelques instants ce lieu de grâce. Merci et je vais essayer de trouver ces livres ici.C'est vrai, il y a des visions à protéger et celle-ci , sous mes yeux, en est une. Je suis émue en te lisant, Gazou, en écrivant ces mots aussi...Merci pour ce partage, véritable chandelle aussi dans la nuit...ce matin, je ne peux pas aller sur ton blog..encore une nouveauté d'over-blog...bon, ce soir cela ira peut-être mieux !Bon dimanche !Toucher la grâce.
Instants précieux.
Bonheur encore plus vif en lisant ta deuxième partie que la première.
Merci.15ZilbermanMardi 2 Juillet 2013 à 16:52Tu écris, parfois plutôt souvent, avec le frisson de ta chair. Je te connais assez pour savoir quel monde intérieur t'habite, une incandescence de beauté, de bonté. Je te le redis, n'oublies pas de publier un choix de tes textes de ton blog. Tu as le devoir, à présent, de les éditer. Gérardz16catherine2Mardi 2 Juillet 2013 à 16:52ces instants là partagés, ou l'on ressent la profondeur et la sérénité, oui ... tu racontes bien, tu racontes juste gazou
Ajouter un commentaire
Merci, Gazou. Continue à protéger ce souvenir.