• C'est la campagne
    Les maisons sont clairsemées
    Ce n'est pas toujours facile de se repérer
    Pas de nom de rue

    A côté il y a un bois
    et à côté de la boîte aux lettres
     il y a la brouette
    Pas besoin de lunettes
    pour lire le nom de Nono
    c'est écrit en gros
    mais ce qu'il n'a pas dit
    c'est qu'aujourd'hui,
    c'est son anniversaire...
    Youpi !

    13 commentaires
  • Guillevic  
                      "Il y a des monstres qui sont très bons,
                       qui s'asseoient contre vous
                       les yeux clos de tendresse
                       et sur votre poignet
                       posent leur patte velue."


    12 commentaires
  • "C'est un vieux qui passe ,toussant,
    crachant, boîtant sur son bâton,
    tout fatigué d'avoir marché -
    la route est longue -
    et tout heureux d'être arrivé,
    lorsque le village se montre
    comme des enfants en tabliers blancs
    qui, las de jouer, se seraient assis
    au milieu des prés
    pour passer le temps.

    Ensuite c'est un char avec un vieux cheval,
    et la blouse de l'homme,
    bossu par derrière à cause du vent,
    a l'air d'une cloche.

    Le cheval trotte d'un petit trot las,
    ses grelots font une chanson triste,
    les peupliers défilent un à un,

    la route se déroule;
    et l'homme s'en va avec un plumet
    de fumet bleu, fumant sa pipe."   
           Charles-Ferdinand Ramuz (1920)


    j'aime beaucoup ce poème de Ramuz, il nous parle de choses banales mais le regard qu'il porte sur ces êtres et sur ces objets leur donne une densité, une présence étonnante et presque irréelle...A partir d'une réalité très prosaïque, il nous invite au rêve  .                                                                                                                                                                                  


    13 commentaires

  • Je n'ai pas un goût  immodéré pour la vie
    trop d'obstacles en ôtent la saveur
    et je ne suis pas un bon guerrier,
    je ne sais pas les abattre;
    je ne suis pas un bon stratège
    je ne sais pas les détourner
    et les faire disparaître...

    Et les accepter
    ce serait garder de la vie une flamme trop ténue...

    Pourtant la vie, quand on y songe,
    est un miracle permanent;
    Peut-être, un peu de patience,
    un  peu d'indulgence, un peu de confiance
    permettrait d'avancer sur ce long chemein
    et d'en savourer chaque parfum;

    Et puis savoir accepter
    chaque pierre sur la route
    comme un cadeau
    même si elle blesse notre pied.
    Tout découvrir
    comme une surprise heureuse.

    35 commentaires
  •    Le 21 juillet, Quichottine nous parlait d'un livre qu'elle avait adoré, un livre ancien dont on a fait un film..et elle en parlait avec tant d'enthousiasme qu'elle m'a donné envie de le lire moi aussi..Je viens d'en lire la dernière page hier soir et je suis sous le charme....Prue ou Prudence , l'héroïne principale, est très attachante..Et ce n'est pas, à nos yeux, son bec de lièvre  qui lui enlève son attrait...Mais dans le monde où elle vit, cela suffit à ce qu'on la prenne pour une sorcière
    "Privée d'amoureux, jaurai voulu aimer le monde entier, du moins tout ce que je pouvais en atteindre"
      Quichottine a choisi de nous parler du moment où elle rencontre pour la première fois celui qu'elle aimera toute sa vie..Pour moi, il est un autre moment que j'ai beaucoup aimé,c 'est lorsqu'elle nous parle d'une singulière soirée qui va embellir sa vie
    "A ce moment, le calme était si parfait, le verger au-dehors si vide, à part l'ombre claire des pommiers, si vides aussi les prés voisins..qu'il me vint je ne sais d'où un sentiment de douceur que je n'avais jamais éprouvé..On eut dit qu'un être éblouissant venu de très loin, avait soudain envahi mon coeur. Tout prenait un autre aspect plus clair, plus beau..Cela allait et venait à son gré comme la brise passe sur les blés. Il était bien singulier qu'une femme vêtue de toile à sac, occupée chaque jour à nettoyer la porcherie et l'étable, vivant chichement jusqu'à épargner le moindre liard, connut soudain une telle merveille. Car malgré la paix de cette minute, ce fut là un grand miracle et qui transforma désormais ma vie;Quand il m'advint ensuite de ne plus savoir de quel côté me tourner, je courais au grenier, et c'était comme un fruit savoureux dans une écorce amère....
    Cette visitation ne se manifestait  que  rarement, mais son parfum demeurait dans le grenier;Je n'avais qu'à y grimper, entendre le murmure des abeilles, respirer le parfum sauvage et douceâtre des pommes sur les claies, écouter les feuiles qui heurtaient doucement la croisée, contempler les rameaux gris tordus sur le ciel; aussitôt le souvenir m'en revenait et j'en oubliais tout le reste"

    Ces moments-là, je crois que c'est ce que le philosophe Comte Sponville appelle  un moment d'éternité...

    Que des êtres, comme Prue, existent...même si ce n'est que dans l''imagination de leur auteur...cela vous redonne le goût de vivre...Elle a su rester bonne et pleine de compréhension malgré les méchancetés de ceux qui la prenaient pour une sorcière...Elle que la vie a rendu soumise...a su aussi se rebeller et agir en être libre quand c'était nécessaire...Je crois bien qu'elle va rester longtemps dans ma mémoire, cette belle Prue Sarn!
    Merci à Quichottine de me l'avoir fait connaître.

    14 commentaires