• Tous vivants?

    "J'ai le même rapport à la mort qu'autrefois, je ne la hais ni ne la crains.

    Si un jour je me mettais à checher avec qui j'entretiens volontiers les relations les plus fréquentes en dehors de ma femme et de mes fils, il apparaît que c'est uniquement avec des morts, des hommes de tous les siècles, des musiciens , des poètes et des peintres. Leur être, concentré dans leur oeuvre, continue de vivre et revêt pour moi plus de présence et de réalité que la plupart de mes contemporains. Il en va de même pour les hommes disparus que j'ai connus ,  aimés et "perdus", pour mes parents,mes frères et soeurs, mes amis de jeunesse, ils font partie de moi-même et de  mon existence, aujourd'hui comme hier, lorsqu'ils vivaient encore. Je pense à eux, je rêve d'eux et les inclus dans ma vie quotidienne. Ce rapport à la mort n'a donc rien d'une illusion, d'une belle construction de mon imagination; il est bien réel et fait partie  de ma vie. Je connais bien le sentiment de précarité qu'inspire toute chose, je l'éprouve à chaque fois qu'une fleur se fane; Mais il s'agit là d'une tris tesse sans désespoir.

     

      Petit à petit, tous les gens s'en vont. A la fin, nous avons plus de proches et d'intimes "de l'autre côté" qu'ici-bas; si bien que, sans l'avoir prévu, nous devenons curieux de l'au-delà et oublions la crainte de celui qui se protège davantage de la mort.

     

      Les disparus ainsi que l'essentiel de leur être qui nous a influencé vivent à travers nous aussi longtemps que dure notre exitence. Parfois nos entretiens et nos discussions avec eux sont plus fructueux qu'avec les vivants, et ils nous dispensent de meilleurs conseils.

     

      Tout cheminement, qu'il ait pour but le soleil ou la nuit, aboutit à la mort, à une renaissance douloureuse que l'âme craint. Mais tous les hommes font le chemin, tous meurent, tous renaissent car la Mère éternelle les ramène éternellement à la vie."

                                                  Hermann Hesse (Eloge de la vieillesse)


  • Commentaires

    1
    Jeudi 25 Octobre 2012 à 17:59

    la mort nous y sommes tous appelés un jour pourquoi la craindre

    2
    Jeudi 25 Octobre 2012 à 22:35

    Je suis de l'avis de Flipperine. Ce n'est pas très gai en ce moment sur les blogs.La mort est un sujet de choix! Ce n'est pas , parce que la Toussaint s'approche qu'il faut y penser , elle fait partie de notre vie . Bonne soirée Gazou

    3
    Jeudi 25 Octobre 2012 à 23:04

    voilà que ça commence autour de moi...les disparus sont de plus en plus nombreux

    4
    Vendredi 26 Octobre 2012 à 00:42

    Je crois que je vais lire ce livre...

    En attendant, il y a là de quoi réfléchir à nos rapports avec l'humain et le temps.

    Passe une douce journée à venir. Bisous.

    5
    Vendredi 26 Octobre 2012 à 08:23

    Oui, je remarque qu ceux de ma génération commencent à partir... je ne pense pas en être le dernier.... mais qui sait ? Il faut s'y préparer... car c'est inéluctable...

    6
    Vendredi 26 Octobre 2012 à 10:17

    Autrefois, j'ai lu Siddharta, avec un certain plaisir, mêlé à de la critique aussi. Je me sens moyennement en accord avec l'auteur (importance des sens, synchrétisme, etc.) mais le passage que tu cites est très beau et donne envie de lire cet éloge. Oui, il faut suivre le cours de la vie, sans s'apensantir à force de regrets ou d'immobilisme.

    7
    Vendredi 26 Octobre 2012 à 10:27

    La mort fait partie de la vie...

     

    8
    Vendredi 26 Octobre 2012 à 22:18

    Très bel éloge à la vieillesse ! J'aime la manière dont Hermann Hesse en parle. 

    Merci, Gazou, et belle fin de semaine à toi.

    9
    Samedi 27 Octobre 2012 à 08:26

    Un tout beau choix de texte, je le mets sur mon mur Facebook que d'autres en profitent...

    10
    Samedi 27 Octobre 2012 à 09:03

     c'est vrai mais quand même rencontrer un être en chair et en os, ce n'est pas la même chose que de le rencontrer dans un livre...Bon week-end Catherine!

    11
    catherine2
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:19

    "il apparaît que c'est uniquement avec des morts, des hommes de tous les siècles, des musiciens , des poètes et des peintres. Leur être, concentré dans leur oeuvre, continue de vivre et revêt pour moi plus de présence et de réalité que la plupart de mes contemporains. " c'est si vrai, je ne l'avais pas réalisée

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