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Le passant
Je suis en train de téléphoner lorsque,par la fenêtre ouverte,je l'aperçois qui passe sur le chemin,le regard fixé sur notre porte...Il a envie de s'arrêter,me dis-je,et tout en avertissant ma correspondante que je vais devoir la faire patienter un peu,je vais ouvrir la porte...Tout accaparé par ses tracas intérieurs,il n'a pas vu que je suis occupée à téléphoner...Et d'emblée,comme si l'on venait de se quitter la veille,il me fait part de son soliloque intérieur:"vous comprenez,me dit-il,je vais bientôt être en retraite,je serai donc tout au long de l'année dans ma maison...Et je suis très déçu par les gens du village...On me jalouse ,peut-être parce que je suis instruit..Je fais de la musique,de la peinture,j'ai quelques beaux livres...on m'épie,on se moque de moi..L'autre jour,une dame est venue regarder derrière mes carreaux...Il faut que je me trouve une maison plus petite où je sois plus dans la campagne..."
Je sens bien qu'il voudrait que je lui offre le café,mais une fois qu'il est installé,il n'arrive plus à repartir..Et j'ai quelqu'un qui m'attend au bout du fil..Je lui propose d'aller le voir dans les jours qui viennent,cela nous fera une occasion de connaître ses peintures que je n'ai encore jamais vues...Et je le regarde s'éloigner tout en reprenant ma conversation téléphonique...Il est en costume de ville avec des souliers de ville et une petite mallette à la main.Il a la même tenue pour se promener sur ce chemin caillouteux que lorsqu'il déambule,dans les rues de Paris,pour se rendre à son travail de gardien de musée.
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Commentaires
1ABCMercredi 17 Septembre 2008 à 10:07Difficile passage du travail à la retraite !RépondreTon article me fait penser au livre d'Anna Gavalda "ensemble c'est tout", un bouquin résolument optimiste et heureux où l'on pratique avec un réel bonheur le mélange "des torchons et des serviettes" (c'est une expression tirée du livre et qui dans son contexte n'est pas du tout péjorative) ! à offrir à la bibliothèque et à lire ensemble au village peut-être !!!! amicalement chrystelyneC'est le début d'une nouvelle? C'est très captivant.Et tu y es allée ? Tiens moi au courant, c'est trop bien. Une pure histoire comme diraient les jeunes. PoétobisousLes originaux sont toujours la risée du monde. Il y a des gens qui ne savent pas s'adapter à un nouveau milieu.Et si pour lui c'était une question de respect des autres, d'être toujours bien habillé ? Je ne sais pas... Je l'imagine seulement dans quelques années, trop seul parce que d'autres ne l'auront pas compris.Ce personnage m'attriste. Sans le savoir, il cherche le bâton pour se faire battre. Son look, sa science ne sont certes pas fait pour attirer la sympathie.8SuzetteMardi 2 Juillet 2013 à 17:06Pas facile du tout, lorsque l'on vient de la ville d'être adopté par un village... Puisque tu vis dans la Drôme, chère Gazou, j'y ai connu une Parisienne qui, séduite par les habitants,le paysage et la douceur du climat, a fini par s' installer dans un petit coin du Diois si accueillant en été, pendant les vacances... Personne ne lui a tendu la main... Elle est restée la "Parigote" et est décédée peu de temps après. La faute à "pas de chance"? Pas sûr!9marc lMardi 2 Juillet 2013 à 17:06Comme c'est bien croqué! ça tient debout et ça vit tout seul.merci
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