Ces jours-ci, je savoure un petit livre pris à la médiathèque...C'est Jean -Pierre Siméon qui nous parle de Charles Juliet,auteur dont j'ai lu à peu près tous les livres:journal, poésie,réflexions sur les peintres...Je l'ai rencontré deux ou trois fois,j'ai pu suivre son évolution,voir dans son regard l'apaisement que l'écriture lui a apportée...L'an dernier,à Avignon,j'ai vu "Lambeaux",le livre où il parle de sa mère ,c'était remarquablement interprété par une jeune comédienne...Siméon nous dit que ce qui caractérise cet écrivain tout d'abord,c'est
"une extrême précaution devant la parole...La surabondance du verbe encombre,obstrue le chemin qui permet la rencontre,laisse la vie en surface,bref perd le sens"
Et c'est exactement ça.D'ailleurs tout ce petit livre est d'une justesse rare...Quelques poèmes suivent,je vous en ai choisi un:
rien ne s'annonce
mon silence est muet
mais je demeure en attente
prêt à capter ce qui va sourdre

soudain des mots
surgissent   s'assemblent
et lentement
au profond de la nuit
les murs s'élèvent

une maison basse et retirée
où chantonne
en permanence le vivifiant
murmure de la source

où celui qui s'est perdu
pourra venir se rejoindre
retrouver son visage
renouer avec son sang