• " En me réveillant, ce matin, je souris.

    Vingt-quatre heures toutes neuves se tiennent devant moi."

                                          Thich Nhat Hanh

     

    Ce matin, j'ouvre mon ordinateur et c'est la première phrase que je lis dans le premier mail que j'ouvre.

    Alors, moi aussi, je souris...mais pour d'autres raisons.

    Car j'ai un peu de peine  à me réjouir ce matin des heures toutes neuves qui m'attendent...

    Je me sens usée jusqu'à la corde...Je m'aperçois que j'ai de la fièvre...Je comprends pourquoi la moindre activité me fatigue démesurément...Je suis d'abord très déprimée...Puis je me raisonne, cet état de faiblesse n'est pas agréable certes...mais cel passera et je serai ravie quand je retrouverai un peu d'énergie...accepter ses limites permet de les vivre mieux

    Et il y a plein de choses que je peux faire si je ne bouge pas trop et si je vais un peu plus  lentement...Alors, moi aussi, je souris à ces heures toutes neuves qui viennent à moi.


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  • "J'ai chanté.Le soleil enthousiasmait la plaine

    Et je les regardais. J'entendais les grillons

    Faire tout un volumr où sautaient des rayons

    C'était de ces grands jours où le ciel se surmène.

     

    La vigne interrogeait pourquoi l'ombre lointaine,

    Des pierres paraissaient près de la rébellion,

    Cependant que pouvaient bouger des papillons

    Sur des fleurs qui gardaient leurs secrets avec peine.

     

    Je voyais, j'entendais, je vivais le soleil,

    J'étais en mouvement dans l'immense appareil,

    J'étais ce mouvement qui porte la lumière.

     

    J'étais ivre, bien sûr, et de lucidité.

    Ma vie avait changé. La vie était entière.

    J'étais admis parmi les hommes. J'ai chanté.

     

     

    J'ai confirmé mon droit de chanter sur la terre,

    J'ai chanté, j'ai laissé ma voix se promener

    Pour le plaisir de dire et  de s'abandonner,

    De se sentir, comme le vent, élémentaire.

     

    J'ai chanté. je savais que j'étais feudataire

    Des hommes de mon temps. Je me suis acharné

    A chanter nos bonheurs et nos deuils alternés,

    J'ai chanté notre espoir . Je ne peux plus me taire.

     

    Je n'aurai pas fini. Je crois que je commence

    Et je chante encore mal et la tâche est immense.

    Je chanterai plus haut, je chanterai plus fort.

     

    Si le sort ne vient pas m'empêcher de poursuivre,

    J'aurai fait mon devoir lorsque viendra la mort,

    J'aurai vécu la vie autant qu'on peut la vivre."

                                         Guillevic (novembre 1954)

     

     


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  • " Evidence tranquille, splendide solitude de la phrase

    comme un mur derrière lequel passerait le monde.

     

    Mur blanc de la page.

    Espoir qu'il ouvrira sur une force cachée.

     

    (Nous logions les murs de l'hôpital.

    Une ambulance s'engouffra sous le porche, tous phares allumés

    et nous aperçûmes par la portière

    un visage pâle entre deux infirmiers.

    Tu pris soudain ma main

    et nous nous mîmes à courir de peur de manquer le dernier métro.)

                            Marcel Cohen (Murs)

     

    Murs de Marcel Cohen

    Curieux livre  composé de textes très courts qui, en quelques mots, dévoile tout un univers.

     


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  • Je le rencontre au marché.

    On se serre la main.

    Il me dit : j'essaie de trouver un petit quelque chose à manger.

    Puis, trop content sans doute d'avoir  quelqu'un qui l'écoute ce qui ne lui arrive guère, il enchaîne :

    je me suis marié mais je me suis rendu compte qu'elle n'était pas intéressante et que, moi, j'y laissais ma santé, alors nous nous sommes séparés... et j'ai attendu, j'ai attendu espérant que j'allais trouver l'âme soeur...et maintenant, je suis vieux, j'ai 63 ans et voilà....

    Il me dit tout cela d'une voix atone...et moi, je ne sais que lui répondre

    Dans quel puits de détresse se trouve-t-on pour confier ainsi, tout de go, ce que l'on considère comme l'échec de sa vie...

    Il y a beaucoup de monde  sur la place du marché, les gens passent, nous bousculent et lui ne voit rien, n'entend rien, enfoncé dans sa solitude...aura-t-il seulement trouvé quelque chose à manger comme il se proposait de le faire? Je ne sais pas...

    Et que puis-je lui dire pour qu'il se sente moins seul?

    Je le connais finalement assez peu...nous parlons de choses plus légères...Je lui souris en lui souhaitant une bonne journée.

    Je ne me sens pas capable d'en faire davantage

     


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  • Il y avait longtemps que je n'avais lu Eric Emmanuel Schmitt.

    On m'a prêté son dernier ouvrage et c'est avec un grand plaisir que j'ai lu ces cinq nouvelles, nouvelles assez longues  et dont les personnages vont , je crois, m'habiter quelque temps....

    C'est d'une écriture simple, déliée, élégante qu'il nous conte ces histoires qui parlent cependant de sujets graves : homosexualité, greffes d'organes, avortement thérapeutique...

    Et cheminant avec lui, j'ai le sentiment d'accroître ma capacité de vie et de compréhension, de pouvoir ressentir de l'intérieur des vies  pourtant très différentes de la mienne.

    C'est la première et la dernière qui m'ont le plus intensément fait vibrer

    Si ce livre croise votre chemin, n'hésitez pas... vous y gagnerez en humanité.

    Je préfère ne pas vous en dire plus pour ne pas détruire le suspense que l'auteur sait admirablement bien créer.


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