Nous partons de Saint-Michel à pied...Nous traversons les polders : ces terres fertiles gagnées sur la mer au 19e siècle.

C'est un paradis pour les moutons de pré-salé que seules les cabanes des vieux pêcheurs et les gabions des chasseurs viennent perturber...nous voyons quelques chasseurs et nous avons la compagnie des moustiques qui sont assez agressifs...Je ne sais s'ils sont là toute l'année ou seulement à certaines saisons...Nous faisons ainsi 16 kilomètres et arrivons à Roz-sur-Gouenon.

Nous repartons le lendemain pour faire halte à Dol-de-Bretagne (soit 18 kilomètres) mais comme le plan que nous avons n'est pas très précis, nous faisons fausse route à plusieurs reprises et sans doute avons-nous rallongé notre route de 4 ou 5 kilomètres...Il est presque 19 heures quand nous arrivons à l'hôtel que nous avons réservé et où nous attend un excellent accueil

Quel plaisir de prendre une bonne douche !

et puis  les moustiques semblent avoir renoncé à nous suivre.

Nous sommes les seuls occupants, avec un jeune homme quand même, car normalement, l'hôtel est fermé...Ils ont rouvert exprès pour nous (nous avions réservé depuis un certain temps)Et l'hôtelier est aux petits soins pour nous...Il nous offre des gâteaux apéritif alors que nous ne prenons pas d'apéritif.

Et pour le dessert, comme nous choisissons des sorbets, il nous offre cinq boules...ce qui est beaucoup trop pour moi...

La veille, notre jeune serveuse avait hâte d'en finir avec un travail qu'elle trouvait harassant. elle n'avait plus que trois jours pour finir son contrat...et changer de vie, de travail...

Mais notre hôtelier de ce soir trouve que son métier est le plus magnifique qui soit

"On rencontre du monde, des gens très différents, c'est passionnant...Mais je vais laisser la place à mon fils et prendre ma retraite en mars...et alors je ferai le papy, je rendrai quelques services, je balaierai la terrasse par exemple...Il nous dit qu'il a fait une très belle saison cette année"...Cela fait plaisir de voir des gens heureux

Avant de repartir le lendemain, nous visitons un peu la ville qui a l'air très belle, la basilique en particulier

C'est là que notre voyage commence.

C'est en 708 que l'évêque Aubert aurait reçu en songe trois apparitions de l'archange Saint Michel

lui enjoignant de construire un oratoire...

Le Mont saint Michel se dresse au coeur d'une immense baie envahie par les plus grandes marées d'Europe.

Il y a plus de trois millions de visiteurs chaque année...et, en particulier, beaucoup de japonais,

et aussi beaucoup de moustiques (du moins en cette saison)

mais ce n'est pas dit dans les dépliants touristiques

Le cloître du Mont est unique

Au troisième étage,à l'ouest de la Merveille, il est au même niveau que le réfectoire et il suffit de descendre quelques marches en venant de l'église pour y accéder.

Les colonnettes sont aujourd'hui en  poudingue pourpre. Leur disposition, en quinconce, esthétiquement très réussie, a permis aux bâtisseurs d'accroître la solidité de l'ensemble

La roue a été construite au XIXe siècle

C'était un moyen d'amplifier la force humaine en utilisant le principe  du levier en un temps où les moteurs n'existaient pas. quelques hommes marchaient à l'intérieur de cette roue que leur poids faisait tourner, permettant à une corde de s'enrouler sur un axe. Le cable tirait ainsi un traîneau grimpant le long d'une pente. C'est l'ancêtre de nos grues.

Il y a toujours plein de monde dans la rue commerçante.

Il n'y a plus qu'une quarantaine de personnes vivant à demeure à Saint-Michel

et le village n'est plus qu'une suite de commerces.

Notre guide est le dernier enfant né dans le village qui, alors avait encore une école.

Son père et son grand-père étaient guides eux aussi.

Et c'est avec amour et humour qu'il nous parle de ce lieu magique.

Je suis enchantée de cette visite et regrette seulement de n'y être ps restée assez longtemps à mon gré

"Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route

et la vie elle-même est un voyage à faire à pied."

                                               Bruce Chatwin (1940- 1989)

"Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même."

                                               Confucius(v.551 - v.479 av.J.-C)

"On voyage pour faire apparaître le monde et connaître avec lui, comme avec une femme, de trop brefs instants d'unité indicible et de totale réconciliation.

Ces illuminations ne sont d'ailleurs pas le monopole de l'état nomade et peuvent aussi bien tomber comme foudre d'un ciel bleu sur l'ermitage d'un bonze ou la cellule d'un moine franciscain." 

                       Nicolas Bouvier (1929 - 1998)

Nous venions de la gare de Montparnasse

et étions en attente au café de la gare de Lyon...

Un serveur très souriant vint nous apporter les deux chaises qui nous manquaient pour que nous puissions nous asseoir à la même table.

Un peu après, une famille vint s'installer à la table voisine...Nos valises gênaient le passage et nous allions les déplacer...

Ne vous dérangez pas, nous dit le monsieur  avec un large sourire et il fit le tour pour accéder à sa chaise.

Je ne sais ce que représentait ce voyage pour lui mais il avait l'air absolument ravi de se trouver là avec femme et enfants et il sortit son appareil photo pour  fixer ce moment mémorable.

C'est toujours agréable de voir des gens heureux et c'est un peu contagieux...

Au cours de ce voyage, nous avons rencontré beaucoup de gens aimables et attentifs, désireux de rendre service , soucieux de faire plaisir...

Un restaurateur nous a offert  cinq boules de glace pour le pix de deux et bien que nous n'ayons pas commandé d'apéritif, il nous a offert les biscuits qui l'accompagnent..

Un monsieur m'a cédé sa place dans le métro et m'a aidé à tirer ma valise....

Une dame est venue avertir mon compagnon qu'il y avait un portefeuille sous le siège où il était assis et c'est grâce à elle qu'il n'a pas perdu tout son argent et ses papiers...

Peut-être les voyages, cela sert aussi à çà : se rendre compte que l'on peut faire confiance , souvent, à celui qui vient vers nous...Si nous restions toujours confinés dans notre chez soi, rencontrant tous les jours les mêmes gens connus, nous aurions peut-être tendance à considérer tout inconnu comme un ennemi en puissance...

Le voyage, par la nouveauté qu'il nous apporte, nous rend plus réceptif et accueillant

- Quand ma mère partait en voyage , me dit-elle, elle avait à coeur de laisser sa maison propre et bien rangée

C'était pour elle aussi nécessaire que de bien préparer sa valise.

On ne sait jamais... Si jamais elle ne revenait pas,  il était important pour elle que tout soit en ordre dans sa maison...

Cette réflexion me fait sourire.

On part...Est-on toujours sûr de revenir?

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