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Une vie (2)
Lorsque sa femme le quitta, le décalage entre lui et ses collègues s'agrandit encore
-Comment vas-tu ? lui disaient-ils.
-C'est propre chez toi, tu t'en sors bien ! Tu arrives à faire les courses, le ménage, le repas. Bravo !
Ils étaient rassurés. Puisque ce n'était pas la panique chez lui, c'est que tout allait bien.
Il s'amusa à les provoquer, à leur dire délibérément que tout allait mal. Il souffrait trop de ne pouvoir avoir avec eux un échange qui dise l'essentiel..Et l'essentiel, certes, ce n'était pas que les chemises soient repassées, le repas préparé, la maison bien ordonnée..L'essentiel, c'est qu'il se sentait floué ,moqué, morcelé...C'est qu'il avait reçu des coups de bâton alors qu'il avait cru offrir l'échange, le dialogue..enfin le meilleur de lui-même et parce que cela n'avait pas été reconnu, il se sentait pillé...
L'essentiel , c'était d'être ému par une information, un spectacle, une émission à la télé et de n'avoir personne à qui dire sa joie ou sa douleur, personne à qui la communiquer...Il avait pleuré tout seul devant sa télé, lorsqu'il avait vu en direct l'effondrement du mur de Berlin..personne à côté de lui pour crier sa joie et vivre cet espoir.
Oh ! il serait faux de dire que l'on ne pensait jamais à lui. A l'atelier, c'était toujours à lui que l'on s'adressait pour une réparation qui sortait un peu de l'ordinaire : il était méticuleux, consciencieux, ses mains étaient habiles et lorsque les dactylos avaient un collier cassé c'était lui, évidemment qui était sollicité. Mais pourquoi donc se demandait-il, ne s'apercevaient-ils pas qu'il existait quand c'était leur coeur qui était dans le besoin ? Il eut bien aimé, lui aussi, utiliser ses mains à des caresses plus chaleureuses que celles qi étaient exigées pour la réparation des objets...
Mais où donc était la faille ? Où donc était la porte ? Où donc la vraie vie ? Que lui manquait-il pour y atteindre?
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Commentaires
1SolangeJeudi 22 Octobre 2009 à 01:59Je ne sais toujours pas.RépondreLe questionnement dans ce texte... ces réflexions, elles sont si justes...
Pleine de sensibilité cette analyse d'un ressenti..
C'est très beau ce que tu nous offres là gazou
Bises à toiJ'aime bien ce récit.
Tu vois, c'est vrai que l'on pense que tout va bien tant que tout n'est pas à l'abandon. Mais le plus important n'est pas dans le visible... Tu as bien raison.où donc se trouve ce qu'on cherche ... sinon au fond du coeur ?décalé il sort de l'ordre établi, du bien rangé par rapport aux autres ?Et en voulant comprendre ou consoler avec la meilleur intention du monde, on commet souvent des erreurs, n'est-ce pas ?
Je me pàlais bien à suivre ce roman.
Bon après-midi Gazou
NettoueOù est la réponse sinon à travers les autres. Ce sont eux qui peuvent, par leur effet miroir, nous permettre de nous voir, tel que l’on est. Amitiés. Loic
Ce n'est que par amour ou amitié que l'on se rapproche un peu de l'autre... Autrement, chaque être est une île.je lis avec attention cette histoire qui n'en est pas une mais bien le reflet de la vie- y aura t il une suite ? bises et bonne soirée
La vie est ainsi faite. Avec des joies et des épreuves. Mais qui sait, peut-être à l'heure actuelle, il a trouvé peut-être 'l'âme soeur' et il est pleinement heureux. AmicalementD'un côté voir au delà des apparences et de l'autre laisser entrevoir son mal être , ne pas fermer la porte de son coeur, laisser tomber les masques d'un côté et de l'autre ,pour une relation vraie ! pas facile !
bises et amitié
chrystelyne17MaryseMardi 2 Juillet 2013 à 16:53L'empathie est un luxe que peu de gens possédent.
le chagrin est souvent invisible. Il faut creuser. Maryse18catherine2Mardi 2 Juillet 2013 à 16:53on attend beaucoup trop des autres, comment arriver à se convaincre qu'on possède tout, au fond de soi, qu' il faut aller creuser, fouiller, dénouer ? que ca ne peut se faire qu'en toute vérité ..
vivement la suite de l'histoire ...
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