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Un paysan de l'Aveyron
Bien assis sur sa chaise rempaillée,
pleinement en accord
avec cette maison qui lui était destinée
avant sa naissance,
en accord avec ces champs qui sont les siens,
avec cette terre accueillante qui l'a vu naître
et qui le verra mourir.
Toute la vie pour lui se résume
à ces quelques lopins de terre,
à cette maison ancestrale
et aux siens qui l'habitent
ou y retournent régulièrement.
Il ne connaît que cela mais il le connaît bien :
cette terre lui a donné ses racines
et ailleurs ne le concerne pas
ou plus exactement ailleurs est inclus
dans ce qu'il connaît déjà.
Il est d'ici et de maintenant.
Et même ce temps passé
dont il égrène les souvenirs
avec un si évident plaisir
ce n'est que du passé.
C'est l'instant d'aujourd'hui
qui est à vivre.
Il n'a pas l'habitude de recevoir des inconnus
et pourtant il est avec nous entièrement disponible.
Pas de regret, pas de révolte,
à peine un peu de nostalgie...
La vie d'aujourd'hui est bonne,
je ne suis pas si vieux que ça, semble-t-il dire...
L'avenir est devant lui;
Je regarde ce paysan et je pense à mon père.
Cet après-midi, à la radio, j'entends quelqu'un qui parle de Jean Giono qui a si bien parlé de sa terre
et qui disait : "pourquoi partir, il y a tant de beauté à découvrir dans le talus qui est devant la maison,
pourquoi partir? Tout est là "
Et j'ai repensé à ce texte écrit , il y a déjà quelques années, au retour d'un petit voyage dans l'Aveyron...
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Commentaires
Pour ma part, j'ai beaucoup de mal à concevoir de n'avoir pas l'envie impérieuse d'aller voir ce qui se passe ailleurs.
Ailleurs vous enrichit, vous fait grandir, vous fait comprendre l'Autre.
Bien sûr, je ne nie pas l'importance de ses racines, essentielles, elles sont le socle qui permet d'affirmer son identité, pour mieux la partager avec cet Autre.
Cet homme-là est un sage, il a beaucoup à nous apprendre, nous qui manquons tant de racines et divaguons comme les papillons...
on a enlevé la terre au paysan, par tous les moyens, encore maintenant . Et la ville mange bout à bout, les derniers morceaux. Derrière chez moi, la zone Sébastopol .. avant il y a une quinzaine d'années, de belles terres produisant des céréales. Bises et merci.
Ailleurs se trouve partout et donc ici aussi. Tout dépend de quel type d'ailleurs on a besoin. Il y a ceux qui doivent marcher et partir, visiter et sans doute revenir, et ceux qui savent que tout est ici... Nous ne sommes pas tous pareils, heureusement. Ce texte est très beau, donne l'ampleur d'une vie "sur place"... qui est une vraie ampleur...
Il y a toujours à découvrir là où on est. Il a vécu proche de la terre et de la nature. C'est une vie .......
7nicole 86Vendredi 17 Mars 2017 à 14:02Je n'ai jamais pu lire Giono, il y a trop de soleil, trop de lumière, trop de roches dans ce que j'en ai aperçu et pourtant j'ai capté quelques moments de cette émission aussi ... L'Aveyron, je pourrais peut-être y vivre puisque je n'ai plus de racines nulle part.
Il ne connait que cela mais il le connait bien , la sagesse sereine de celui qui sait recevoir ce qui lui est offert et accueillir l'inattendu.
Merci Gazou pour ce texte qui creuse profond.
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et comme je l'aime cet article ... il est l'essence même de la vie, on part trop souvent chercher au-loin ce qui est à portée de nos mains ...
merci
amitié .