• Un homme de plus en plus charmant

      Longtemps,il avait cru qu'il n'était pas beau.Chaque matin,il grimaçait devant son miroir en se rasant.Il gardait rigoureusement fermés,ses cols de chemise,les poignées de ses manches aussi...tant sa poitrine et ses bras velus l'irritaient.Il lui fallut de longues années pour s'habituer à son apparence.Il n'était pas très certain,la cinquantaine passée,d'y être parvenu...Mais cela ne l'inquiétait plus,beau ou laid,qu'importait,il allait son chemin,il allait sur le chemin de ses rêves...Il ne perdait point sa vie en vains regrets,en vaines suppositions...Ainsi il était...il saurait se faire aimer malgré ce corps qui lui faisait ombre.
      A présent,les cheveux blancs venus,il avait acquis l'assurance qui lui avait fait défaut dans sa jeunesse...et plus il vieillissait et plus il devenait charmant,enjôleur,insaisissable,et d'autant plus captivant...Il savait,à merveille,entretenir la tendresse que ses nombreuses amies de tous âges,lui accordaient...Mais il n'était jamais satisfait,il avait besoin de l'admiration et de l'amitié chaleureuse,de l'attention toujours en éveil de toutes les femmes qu'il approchait : un petit mot à celle-ci,un sourire à celle-là,une plaisanterie pour détendre l'attristée,un mot flatteur...pour la coquette...A chacune,il donnait la sensation d'être proche,d'être l'ami,le seul...il inspirait confiance...Si l'hommage d'une seule d'entre elles lui manquait,c'est une couleur qui manquait à son arc en ciel.
      Il vivait des sincérités successives et mouvantes,et s'il était de plus en plus touchant,de plus en plus attirant,c'est que ,se dépouillant de ses peurs qui le rendaient parfois un rien hypocrite,il vivait de plus en plus pleinement chaque instant dans une  sincérité toujours plus neuve.
      Lui-même n'avait pas d'âge,ses cheveux blancs lui permettaient de jouer au grand-père mais ses pirouettes perpétuelles lui donnaient un air de jeunesse éternelle...Cet homme-là ne serait jamais un vieillard;..A quatre vingts ans bien sonnés,il serait capabe d'effrayer son entourage par quelque imprudence énorme...simplement pour se prouver à lui-même que la carcasse tenait bon et qu'il n'avait rien de commun avec ceux de la même décade que lui  qui traînaient prudemment leur vie.
      Il n'était jamais rassasié,ses pas le tournaient toujours vers l'ailleurs,vers l'inconnu.
     

  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Juin 2008 à 07:52
    Un magnifique portrait
    2
    Vendredi 27 Juin 2008 à 10:22
    C'est touchant... mais peut-être aurait-il dû se contenter d'une seule... Que ta journée soit belle, Gazou !
    3
    Vendredi 27 Juin 2008 à 10:43
    Très beau texte qui dit avec force et justesse ces pas qu'il est nécessaire de faire pour se rapprocher de soi-même au point de s'apprivoiser et de s'essayer à aimer l'Autre. Merci et belle et douce journée.
    4
    Vendredi 27 Juin 2008 à 15:55
    Très belles paroles que celles de Marie de Hennezel et les tiennes dans le portrait de ce "jeune" homme de 80 printemps
    5
    Samedi 28 Juin 2008 à 07:22
    il est des hommes (et des femmes aussi) qui en vieillissant développent le charme qu'ils n'avaient pas dans leur jeunesse. Mais il leur faut comme tu le dis de la confiance en eux.
    6
    Lundi 30 Juin 2008 à 08:58
    Merveilleux texte! Quelle bonne description aussi: j'ai l'impression de le connaitre, reconnaitre! Pourquoi, pas d'espaces après les virgules et les points? c'est juste un détail, mais avec, il serait plus facile à lire cette texte merveilleuse. Mais cela ne doit pas être facile à vivre avec lui!
    7
    Samedi 2 Août 2008 à 06:51
    Que de proximité, je ressens avec ce que tu écris ou écho ou miroir de ce que je ressens : allez hop hop hop inscription à ta newsletter... Emmanuel
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