• Un conte

     

      Il était une fois deux petits yeux éberlués, un peu paumés, et toujours désaccordés...

    Quand l'un regardait à droite, l'autre regardait à gauche...

    C'était très inconfortable.

    C'était, on peut le dire, intolérable.

    Un jour, n'y tenant plus, l'oeil gauche ouvrit les volets de sa fenêtre intérieure,

    donna un grand coup à l'oeil droit qui se vit précipité dans un gouffre profond.

     

    L'oeil gauche le suivit tout en s'excusant de sa maladresse volontaire

    mais c'était la seule façon d'obtenir que son compagnon vienne avec lui dans ce périlleux voyage.

    C'est du moins ce qu'il pensait.

     

    Combien dura leur chute?

    On ne peut le dire.

    Le temps s'était arrêté.

     

    Le tic-tac de l'horloge reprit  quand ils atteignirent le fond   du gouffre.

    L'oeil droit était si éberlué qu'il en oublia de se plaindre et regarda l'oeil gauche qui lui souriait.

    Il ne le vit pas car au fond du gouffre il faisait très noir

    mais il sentit son sourire qui l'auréolait d'une douce chaleur.

    Ils s'approchèrent l'un de l'autre et avancèrent tout droit.

    Une étendue glacée s'ouvrait devant eux.

    Ils se mirent à patiner, légers, rapides, allègres.

    Ils dansaient, ils voltigeaient, ils s'envolaient.

    Le froid de la glace les avait mis en mouvement et au plus profond du gouffre

    où ils avaient trouvé leur unité et merveille ils n'étaient plus désaccordés....

     

    Leurs querelles s'étaient envolées dans un passé nébuleux...

    Ils se trouvèrent bientôt rassénérés et pétillants de malice

    grâce à cette course folle sur l'étendue glacée...

     

      Alors l'oeil droit tapota l'épaule de l'oeil gauche et lui dit :

    Il est temps de rejoindre nos petites maisons

    Désormais ensemble nous scruterons le même horizon

     

     


  • Commentaires

    1
    Vendredi 3 Mars 2017 à 16:29
    Edmée De Xhavée

    Je trouve ce conte charmant, et on le dirait écrit pour mes yeux. Petite leur divergence était très nette dès que je me fatiguais, et on n'opérait  pas à l'époque. Puis ça s'est atténué d'une part, et je me suis habituée d'autre part. Je le remarque sur des photos, pas toutes, mais c'est marrant. Et bizarrement, ça ne m'a jamais complexée, je me surnommais moi-même "Clarence" comme le lion du feuilleton Daktari qui louchait aussi bien que moi :D

     

    Merci pour ce billet empli d'un regard bienveillant sur les yeux qui ne s'entendent pas toujours...

    2
    salvatore 1
    Vendredi 3 Mars 2017 à 17:19

    jolie petite fable écrite avec talent !

    3
    Vendredi 3 Mars 2017 à 19:09

    Un conte tout mignon. Mais s'ils ont fait la paix il ne faut pas qu'ils s'embrassent trop souvent sinon ils vont loucher :-) Bisous

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    4
    Vendredi 3 Mars 2017 à 19:57

    C'est vraiment un joli conte, attendrissant et riche de sens.

    5
    Vendredi 3 Mars 2017 à 20:02
    LADY MARIANNE

    un joli conte !!
    l'entente , aller dans le même sens c’est plus pratique-
    une union qui renforce-
    bisous du soir-

    6
    Vendredi 3 Mars 2017 à 20:31
    C'est très original. Accorder nos yeux.devenir un beau regard. Bises et merci.
    7
    Vendredi 3 Mars 2017 à 22:41
    erato:

    Un conte adorable!

    Bonne soirée Gazou

    8
    Samedi 4 Mars 2017 à 16:56

    C'est un conte très original. Bravo et bonne fin d'après midi !

    9
    Dimanche 5 Mars 2017 à 09:49
    Daniel

    Tu as écrit là une belle histoire. Trouver l'unité en soi !

    10
    Lundi 6 Mars 2017 à 09:27

    C'est tout mimi... et plein d'enseignement.

    Merci, Gazou.

    Passe une douce journée. Bisous.

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