• PC250004.JPGMardi 29 décembre,en cette fin de matinée, la maison  tout étonnée se retrouve silencieuse avec nous deux pour seuls habitants...alors que depuis la veille de Noël elle était pleine de monde, de bruits, de rires, de cris, de mouvements en tous sens...Et je suis à la fois triste de les voir partir...Je ne suis jamais rassasiée de leur présence.. et à la fois ravie d'entendre à nouveau bruire le silence qui occupe  tout l'espace et s'étale dans tous les coins...Et c'est une sensation délicieuse d'être  ainsi à son écoute...Pourtant, les enfants ne se sont presque pas disputés et le niveau des décibels a été un peu moins élevé que d'habitude...Néanmoins, lorsqu'on est nombreux, la maison ne peut pas résonner de même façon et c'est bon de savoir changer ses habitudes, cela renouvelle, cela régénère..Noël revient chaque année pour nous aider à renaître

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  • Elle était assise dans un coin de rue,une boîte devant elle, espérant que quelques passants lui offfriraient l'aumône de quelque pièce..mais elle était si transparente qu'elle semblait se confondre avec le mur  gris auquel elle était adossée...
    Et, dans son regard j'ai lu ce qu'elle se murmurait à elle-même...

    Vivante
    je suis enterrée
    Bouche ouverte
    je crève
    Personne n'y peut rien
    Et vous non plus !
    Vous détournez la tête avec dégoût
    Je m'excuse de vous déranger
    je voudrais me dépêcher.

    Oh! Voir cesser cette agonie !
    Cette nausée! ce hurlement! ce râle!

    Chaque mort est une nouvelle naissance
    mais la mort de qui n'est pas né
    de qui n'a pas fait son chemin
    de qui est avorté !

    Enterrée vivante je suis
    pour crier sans fin
    l'angoisse horrible de tout ce qui a avorté
    hier, aujourd'hui et demain
    Criez jusqu'à la fin des temps
    vous qui savez vivre
    Ne m'en voulez pas
    Moi je ne suis pas née
    je  suis eulement enterrée.

    Mais la terre qui me recouvre est transparente
    et laisse voir
    et laisse entendre
    ceux qui au dehors savent vivre.

    Je sais que la vie existe
    je sais que la vie est belle
    mais je ne peux y atteindre
    je ne peux y toucher

    CRIEZ  POUR  MOI
      !


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  • C'est un concours auquel j'ai participé il y a cinq ou six  ans..
    Je retrouve le brouillon et le voici ....

    «Ah ! que n ‘ai-je étudié du temps de ma jeunesse folle »
       Mon pauvre François VILLON, combien vaine ta plainte et fallacieux tes regrets. Toi, tu n’as pas étudié, cela se peut mais bien ou mal, tu as vécu, tu as joué , tu as dansé , tu as célébré la vie.
      Moi, ma jeunesse ,je ne l’ai pas vécue.. .on m’a amputée de ce temps précieux et j’en ressens le manque
    comme un membre qui m’a été arraché. Et, croyez moi, sauter à pieds joints de la petite enfance à l’âge
    adulte,c’est un saut périlleux et  je ne suis pas sûre de l’avoir réussi.
      Parler, je ne le pouvais pas, et puis à quoi bon, il n’y avait personne pour écouter.
      Crier, quelle effronterie , quelle indécence, ainsi rameuter toutes les oreilles sur ce vermisseau que je suis..
    Allons un peu de dignité!
      Chanter, même si ton coeur déborde d’un trop plein de vie, oser déranger les voisins, quelle inconvenance!
      Danser, sauter de joie, oser sortir les gens de leur routine journalière... .ce n’est même pas imaginable.
      Jouer avec les garçons. Stop danger. « Viens vite, ma fille, coudre et repasser et puis ranger la maison ».

      Mes frères jouaient avec leur copains et moi je restais à la maison, j’avais le droit de bien travailler en classe,
    de lire et d’écrire dans mon coin ; çà, çà ne dérangeait personne. Quant aux travaux ménagers, je les ai vite
    délaissés tant les critiques tombaient dru sur ma pauvre tête... j’étais maladroite, étourdie ,pas dégourdie.
    bonne à pas grand-chose.
      Je ne me plaignais pas car je ne ressentais rien. Rien ne vibrait dans ce pauvre corps inhabité que je traînais
    bon gré mal gré. derrière moi. Une simple corde me reliait à lui et vaille que vaille le tandem avançait...
    Ainsi je le vivais ; mon corps était là où on lui disait d’être et mon âme, mon esprit ou mon coeur, comme on voudra, pouvait s’envoler en des lieux plus joyeux. Mon corps, je n’étais que vaguement concernée par cequi lui arrivait; ainsi la souffrance était éliminée. . . et je passais des heures à rêver à cet ailleurs merveilleux où les gens chantaient, dansaient, parlaient, disaient simplement ce qu’ ils ressentaient et osaient la tendesse.
      Et pour m’aider à créer cet univers, il y avait bien sûr les livres . A la maison il y en avait peu..
     Mais ma chance de survie, ma bouffée d’oxygène, ce fut la petite bibliothèque de quartier où j’allais toutes les semaines. Je me souviens de la joie intense que j’éprouvais en découvrant le poème de Baudelaire :« mon enfant, ma soeur, songe à la douceur...»
      J’étais encore en primaire mais je savais que cela était écrit pour moi et je m’en émerveillais.
      J’édifiais ainsi mon domaine enchanté, enchanté certes, mais combien illusoire.
    La vie se chargea de le détruire
      Alors que faire devant un tel bilan?
    Se désoler, se dire que c’est trop tard, que le temps perdu ne se rattrape jamais ! Non, bien sûr,  si stériles sont
    les regrets!
      Ma jeunesse si tard venue je vais la vivre avec rage, avec passion. avec amour aussi et avec tendresse, avec une infinie tendresse... Et maintenant je me donne les moyens de mes rêves. . .  L’ivresse de la vie, je la vis à grands goulots... Brève ou longue, peu importe .... A nous deux, maintenant, ma vie. Chaque matin, je nais à ma jeunesse enfin dévoilée..

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  •   Il était une fois un homme qui était né pour aimer une seule femme et l'aimer toujours.
      Il avait rencontré cette femme, il l'avait épousée, ils avaient eu des enfants...mais leur amour était une fleur malade qui ne parvenait pas à s'épanouir.
      Car jamais l'homme n'ouvrait les yeux sur son jardin intérieur et il ne voyait pas que les orties croissaient à une vitesse toujours plus grande et étouffaient la fleur de son amour.
      L'homme se refusait aussi à sentir car il avait peur de souffrir et quand, malgré toutes les précautions prises, les orties l'atteignaient, il se divertissait dans un surcroît de travail et d'obligations de toutes sortes qui l'empêchaient de s'apitoyer sur lui-même et quand la tendresse de sa femme devenait trop évidente, il prenait des allures d'ours mal léché pour la décourager et l'inciter à aller trouver ailleurs de quoi la combler.
      L'homme avait mis aussi de la cire dans ses oreilles, non pour éviter le chant des sirènes mais pour que les paroles de son épouse ne puissent pas l'éveiller et l'attendrir.
      Alors qu'il était, hors du foyer conjugal d'une honnêteté exemplaire dont chacun le louait, avec elle, tant il craignait de devenir son prisonnier, mentir lui était familier...Il désirait l'égarer dans un labyrinthe  sans issue...ainsi serait-il à l'abri et ne ressentirait pas le feu de son amour.
      Pourtant elle n'était pas possessive...Mais il refusait avec acreté cela même qu'il désirait le plus violemment et il  se refusait à lui-même le droit de reconnaître ses désirs..Et pour se préserver de l'amour, il ne reculait devant aucune lâcheté, aucun mensonge....Ses désirs, il s'acharnait à les tuer tant il lui faisait peur. seuls pouvaient pointer le nez ceux qui n'étaient pas essentiels...ainsi se donnait-il l'illusion d'être encore vivant.
      Mais elle ne se décourageait pas ou plutôt ses découragements étaient de courte durée..Elle croyait mourir à chaque tempête mais le calme retrouvé, l'espoir renaissait...Elle avait peur des certitudes mais une l'habitait et la tenait debout telle une racine : dès le moment où elle avait rencontré cet homme, elle avait su que le chemin serait âpre mais qu'ils se retrouveraient un jour, apaisés, et ils vivraient alors un temps merveilleux où l'harmonie des contraires enfin réunis chanterait un hymne d'amour.

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  • Ce texte  a été écrit  en janvier 2000 et je viens de le retrouver, il m'a semblé d'actualité


    La grippe, nous, on ne connaît pas !
    Bien sûr, on en entend parler par les autres, par les médias..Et justement, les médias, même quand on regarde peu la télé, ils nous en rabâchent tellement les oreilles qu'il s'est affollé..ça faisait quelques jours qu'il ne cessait de me répéter plusieurs fois par jour :"Attention, il faut se laver très soigneusement les mains, la grippe fait des ravages, les hôpitaux sont pleins..C'est que ça vous couche une semaine  entière"...
    Je me disais:"il va nous porter la guigne, à force d'en avoir peur , il va bien la faire venir".
    Et ça n'a pas loupé, elle est venue..D'abord pour moi..Et comme le docteur a dit:" c'est une grippe compliquée"
    Alors il s'est affollé un peu plus...Quoi, la grippe était chez lui !  Je lui ai bien dit pourtant :" c'est une bronchite que j'ai, tu le sais bien que j'ai les bronches fragiles"
    N'importe !  dès que le docteur a été parti, lui qui allait très bien, il s'est mis à tousser...Le soir..est-ce l'émotion..le fait de ne rien faire, si ce n'est de me regarder pour savoir si je respire encore...je ne sais..mais le soir, il n'en pouvait plus, il s'est couché de bonne heure et le lendemain il avait même un peu de fièvre...Il avait désiré la grippe  (une grande  peur, n'est-ce pas un grand désir?  c'est du moins ce que certains prétendent).
      Et elle s'est engouffrée par la porte ouverte, la grippe!

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