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                                  Jérémie Le Louet

      avec la compagnie des Dramaticules, a mis en scène l'histoire de Don Quichotte qui a été jouée cette année devant la façade du château de Grignan

     

    C'est fou , surprenant, drôle, déroutant...Il y a un côté grand guignol.

    Certains verront en Don Quichotte un personnage dérangé ou qui feint d'être dérangé,

    quelqu'un qui confond la fiction et la réalité ou quelqu'un qui rentre en croisade

     

    Jérémie Le Louet, lui,  parle ainsi de son héros

    " Le spectacle conte l’histoire d’un homme qui décide de lutter contre la médiocrité du monde, pour la transformer en une épopée fantasmagorique. C’est, je crois, la quête de tout artiste et de tout spectateur. »

     "Don Quichotte est pur, courageux. Pour moi, il n’est pas vraiment fou. C’est quelqu’un qui cherche à croire, qui veut se racheter de sa vie paresseuse et qui se dit qu’il n’est pas trop tard pour devenir un héros".

    Et moi, je crois qu'il nous invite à nous reconnaître dans ce personnage fantasque et qu'il nous convie  à faire vivre nos rêves autant que cela nous est possible.

     

    La pièce est une mise en abyme. La scène représente un plateau de cinéma avec caméras, spots, éléments de décor en carton, un plateau sur lequel des acteurs sont en train de tourner cette oeuvre impossible, ce roman de 1500 pages, Don Quichotte. Les comédiens de la compagnie Les Dramaticules jouent donc à la fois des personnages de Don Quichotte et des tirades écrites par Cervantès il y a 400 ans, mais ils jouent aussi les acteurs et des scènes écrites aujourd'hui.

     

     

     

    « Pourquoi Don Quichotte ? », « Comment condenser 1500 pages en deux heures ? » Ce sont des questions traditionnelles que se posent les spectateurs avant le lever de rideau. Alors Jérémie Le Louët a décidé de les poser à haute voix. Les comédiens sont mélangés au public dans les gradins et l’interpellent lors d’une séance de questions/réponses bien rodée. Il est à la table du conférencier, habillé en Don Quichotte, avec à ses côtés son fidèle Sancho, Julien Buchy.

     

    ® JeanLouisFernandez 

     

     

    Quichotte pédale sur un cheval à roulettes, Sancho sur un âne à roulettes. On déplace des éléments de décor peints en carton pâte ; des bottes de foin, des cactus, un rocher. La mise en scène oscille entre le côté artisanal du théâtre et les gros moyens techniques. Il y a trois caméras sur le plateau dont une sur un bras articulé.

     

    Le Louet tombe parfois dans la facilité et tire de grosses ficelles lorsqu’il sollicite le public qui scande debout comme un seul homme : « On n’est pas des moutons, on est colère ! ».   ..

    .Mais j'ai quand même passé un très bon moment à écouter cette pièce qui dure deux heures

    Et j'admire le travail du metteur en scène et des comédiens.

     

    Jérémie Le Louët et Dominique Massat ® JeanLouisFernandez 

    J

     

    Le metteur en scène règle aussi ses comptes avec la profession et s’attribue le Molière du meilleur spectacle pour dénoncer la vacuité de la cérémonie. Il philosophe sur l’état du Monde pour donner au roman de Cervantès une dimension universelle. Si o

     

    Mais la très grande révélation du spectacle est la seule comédienne de la distribution : Dominique Massat. Quelle présence, quelle voix ! Elle était Mère Ubu dans la précédente production des Dramaticules, elle a aussi travaillé sur le Hamlet d’Igor Mendjidky.

     

     

     

    Don Quichotte
    D’après Miguel de Cervantès
    Adaptation et mise en scène : Jérémie Le Louët / Compagnie des Dramaticules
    Avec : Julien Buchy, Anthony Courret, Jonathan Frajenberg, Jérémie Le Louët, David Maison et Dominique Massat



    Au Théâtre 13-Seine à partir du 6 septembre 2016

     

     

     


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  • La Chorale du Delta, direction Coline Serreau

     

    Il y a longtemps que cette petite église n'a vu autant de monde (la photo que vous voyez est une image prise sur internet, je n'avais pas mon appareil)   Et puis même si je l'avais eu, il aurait été difficile  de m'en servir tant nous étions serrés...Nous arrivons avec une demie  heure d'avance et l'église est déjà pleine..On nous fait signe d'avancer et un des choristes nous  installe dans le choeur sur un banc de fortune... et malgré l'inconfort, c'est le sourire aux lèvres que nous sortirons une bonne heure et  demie après...

    Ils ont une telle joie à chanter et un tel désir à nous communiquer leur bonheur que nous en oublions le manque de place, le désagrément d'être installés  derrière les choristes et donc de les voir de dos quand ils chantent....

    Nous avons entendu  Bach, Mozart, Rossini, Offenbach, Janequin, Fauré, Schubert un chant populaire occitan...

    Certains morceaux sont théâtralisés comme le génèral Boum, Boum de Offenbach...

    Le programme est très varié: duos, intermèdes musicaux, petits groupes de chanteurs....

    Et la plupart des spectateurs reviennent chaque année tant ils sont enthousiastes..

    Nous aussi, l'an prochain, nous reviendrons, je l'espère.

    C'est Coline Serreau qui dirige cette chorale...elle a une maison dans la Drôme et y revient chaque année avec son équipe et la bonne entente qui règne dans leur groupe est palpable...et contagieuse...

    J'ai apprécié aussi la délicatesse du choriste qui aidait les gens à trouver une place...Il a fait déplacer deux enfants assis sur un banc pour qu'ils laissent leur place à une maman qui arrivait avec son bébé dans les bras et il a pris le  temps de bavarder avec eux pour qu'ils ne se sentent pas traités comme quantité négligeable...

    Comme la vie serait agréable et joyeuse si nous savions témoigner autant d'attention à chacun.


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  • Un petit théâtre de verdure

    Une troupe de théâtre amateur dynamique  et passionnée : Les Arts déclinés

    Un beau texte écrit par une inconnue : Violette Aillhaud

    En 1852, Violette est en âge de se marier quand son village est brusquement privé de tous ses hommes par la répression qui suit  le soulèvement républicain de décembre 1851.

    "Et s'il n'y avait plus d'hommes" se disent-elles....Pendant deux ans, elles vivent avec leurs enfants, isolées dans leur village, sans nouvelles d'ailleurs...Il n'y a même pas un colporteur ou un journalier qui passe.

    L'une d'elles a accroché sa robe de mariée sur un épouvantail et la mère de l'homme  disparu a accroché l'habit de son fils sur un autre épouvantail.

    Violette Ailhaud

    Mais un jour, un homme viendra , se disent-elles.

    Et elles font le serment que cet homme sera leur mari commun afin que la vie continue dans le ventre de chacune.
    Les femmes avaient tout prévu, tout organisé, sauf l’éventualité de tomber amoureuse.


    Violette Ailhaud écrit L’homme semence en 1919, à 84 ans. Pour la seconde fois en 70 ans, son village vient de perdre tous ses hommes.
    Violette Ailhaud remet son manuscrit à un notaire en lui précisant de le transmettre en 1952, à l’aînée de ses descendantes.
    Yveline, 24 ans, hérite du texte en juillet 1952.
    Cela débute comme suit :

    "J'ai décidé de raconter ce qui s'est passé après l'hiver de 1852 parce que pour la seconde fois en moins de 70 ans, notre village vient de perdre tous ses hommes sans exception. Le dernier est mort le jour de l'Armistice, le 11 novembre dernier."

    Pas de sentimentalisme ou de romantisme mais une liberté de ton étonnante pour l'époque.

    L'homme semence

    Cinq femmes unissent leur voix pour nous raconter l'histoire de Violette.

    L'émotion est très forte.  On partage la souffrance de ces femmes,  leur attente,leur désir  de vie plus fort que la mort, plus fort que la guerre.

    "Que c'est beau", dit une des spectatrices en s'en allant.

    L'auteur  a attendu le grand âge pour raconter son histoire...mais elle a su trouver les mots pour la dire et, heureusement, elle est enfin entendue.

    Et moi, je regrette de ne pas savoir trouver les mots pour vous dire combien ce texte est un appel à la Vie

     

     


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  • La Locandiera de Goldoni

    Ce samedi soir, à la Chapelle des Cordeliers de Crest (26)

    nous avons passé une délicieuse soirée.

    La compagnie de l' arc en ciel de Moirans (38)  dirigée par Alain Bertrand

    jouait  La Locandiera que Goldoni ecrivit en 1754.

    Les comédiens entonnent,dès le départ, une joyeuse tarentelle au son de l'accordéon...et, pendant une heure et demie,  ils vont garder ce ton alerte, réjouissant et débordant de vie et ils nous entraînent dans  leur pétulance.

    Mirandoline, l'aubergiste, manipule ses soupirants avec finessse et bonheur et rivalise d'habileté pour faire tomber dans ses filets le chevalier de Ripafratta qui est un misogyne légendaire....le seul homme qui pense l'approcger sans être amoureux d'elle..

    Le jeu des acteurs restitue la même gaîeté que cette tarentelle qu'ils chantent à plusieurs reprises.

    Et nous nous réjouissons avec eux.

    Et nous quittons avec un grand sourire.

    Un sourire qui demeure en nous

     

    La Locandiera de Goldoni


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  • Evidemment, il y en a qui ont trouvé les devinettes, il s'agit tout simplement de la  langue et de nos deux oreilles, c'est parfois tellement simple que l'on n'y songe pas.

    Et je les ai entendues récemment, ces devinettes, en écoutant "by heart"de Tiago Rodriguez

     

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     http://www.franceculture.fr/emissions/l-atelier-fiction-archives/heart

     

    Ce spectacle est passé à Valence et j'aurai dû y aller, j'avais même un billet gratuit, mais j'étais trop fatiguée et je n'ai pas pu m'y rendre.

    On m'a dit , le lendemain, que c'était excellent et j'ai beaucoup regretté d'avoir manqué ce moment jubilatoire et nourrissant...

    Je me suis consolée en l'écoutant sur Internet, sur le site de France culture,

    mais, bien sûr, en vrai, cela aurait été encore plus réjouissant.

     Tiago Rodriguez, jeune metteur en scène portugais, nouveau directeur du Teatro National de Lisbonne, propose à dix spectateurs de monter sur la scène et d'apprendre par coeur un sonnet de Shakespeare

    Et il arrive à nous convaincre, j'étais déjà convaincue avant, que apprendre de beaux textes est une nourriture pour notre esprit, pour notre âme..Et il nous parle de sa grand-mère Candida qui n'a pu aller à l'école que jusqu'à l'âge de dix ans et qui, cependant, toute sa vie, a dévoré les livres et lorsque sa vue  devient si faible qu'elle va devoir renoncer à la lecture, elle demande à son petit-fils un livre qu'elle apprendra par coeur et il lui apporte les sonnets de Shakespeare...et elle s'en nourrit...

    C'est très émouvant et vivifiant...J'espère que vous pourrez l'écouter vous aussi. (que le lien fonctionnera)

     

     

     

     
     

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