• Simplet

    Je retrouve des notes écrites il y a un peu plus de 20 ans, exactement en juillet 92.

    Je venais de faire un stage de clown.

    D'abord, je décris nos deux animateurs.

     

    Il était grand et blond. dans le dos une très fine queue de cheval très longue.

    Elle, elle était aussi petite et menue que lui était grand et vigoureux.

    Elle avait elle aussi de grands cheveux qui pendaient sur ses épaules et qu'elle réunissait en nattes

    ou en queue de cheval.... Elle était très brune...

    Il se présenta, il venait des pays froids au Nord.

    Elle, elle était bien de chez nous, elle respirait le soleil du midi, avec un rire très peuple, très sincère,

    un rire sans apprêt.

    Il se présenta : j'ai fait l'école Lecoq et c'est là que jen l'ai rencontrée, dit-il en se tournant vers elle.

     

    Ayant dit cela, il n'avait plus rien d'autre à dire...

    Et il y eut un silence...L'amour qui les unissait devint une présence tangible, visible...

    Elle attendait croyant qu'il allait poursuivre...

    Il lui fit signe de prendre le relais.

    Elle le regarda étonnée...car, enfin, c'était lui l'animateur... Sur les papiers de présentation du stage

    elle n'était pas mentionnée . Mais puisque tel était son désir, elle prit la parole.

     

    Heureusement, ils étaient deux, car quinze stagiaires c'est beaucoup...

    Peu de paroles : ils nous demandèrent chacun à notre tour de fermer les yeux et de courir :

    ils étaient là pour nous rattraper...On pouvait oser et faire confiance à soi-même d'abord,

    aux deux animateurs et au groupe.

    Il allaient de stage en stage, de spectacle en spectacle, de ville en ville, d'un groupe à un autre groupe,

    et ils apportaient leur sourire, leur malice, leur goût du jeu et du merveilleux et la vie retrouvait sa saveur.

    Les êtres qu'ils rencontraient osaient laisser briller leurs yeux et devenaient beaux.

    Il se donnaient à voir la terre avec des couleurs plus gaies et plus tendres.

    Ils vous lavaient les yeux avec de la lumière.

    Ils ne niaient pas la réalité.

    Par le rire ils rejoignaient le pathétique., ils le rendaient respirable.

    Ils vous apprenaient la vie, avec eux, elle retrouvait sa saveur.

     

    I LOVE YOU, C'EST MOI SIMPLET.

    Ces mots, pour moi, resteront liés au stage.

    Ce dernier exercice, je suis heureuse de l'avoir vécu, même maladroitement...Je n'osais pas me laisser aller.

    De quoi avais-je peur? Je ne le sais vraiment pas.

    Je ne peux pas avoir peur de me montrer telle que je suis, c'est mon désir le plus cher.

    Je n'ai pas peur du ridicule non plus, je crois...

    J'ai peur seulement de ne pas être acceptée...

    Et quand un matin Tinou m'a dit : tu es très ouverte, tu es vraiment sympathique

    alors que, moi, je me reprochais de me rétracter et de ne pas savoir profiter de toutes les richesses qui m'étaient offertes pendant ce stage e t de ne pas donner grand chose de moi non plus, elle m'a fait beaucoup de bien.

    Evanouis mes complexes, enfin presque..Evanoui le sens trop aigu de mes limites et de mes maladresses...

    Dommage que le stage finisse ce lundi...Je commençais juste à être en état de le vivre pleinement,me disais-je.

    Mais la vie continue.Et ce petit Simplet que j'ai pu concrétiser...je le tiens très précieusement en moi, je veux le garder bien vivant car dès que je pense à lui, mes yeux s'emplissent de lumière et je peux m'aimer telle que je suis et bizarrement et en dépit des apparences, je me sens devenir plus intelligente car plus encore branchée sur l'essentiel...

    Qu'est-ce qui donne sens à la vie d'un handicapé?

    Uniquement sa capacité d'aimer...

    Il lui est impossible de se méprendre...

    Les personnes qui ont vu notre petit spectacle et qui me connaissent un peu m'ont toutes dit  que ce personnage m'allait à merveille et cela m'a fait plaisir mais je n'avais pas l'impression de jouer  tant il m'est infiniment présent...Et à le laisser paraître au grand jour, j'y ai trouvé un  grand apaisement comme si cela me lavait les yeux de tout ce qui me blesse..Je peux avec lui me débarrasser de ce besoin obsédant d'analyse, de tous ces pourquoi qui m'anéantissent car je n'ai pas de réponse...

    Avec lui tout est simple et cela est bon et rafraîchissant.

    Il m'est précieux...Cependant, ce n'est pas une révélation. Je savais , pour avoir revu "LA Strada" il y a quelques mois, que je voyais le monde avec les mêmes yeux que Gelsomina. Mais j'avais besoin qu'une preuve extérieure à moi-même vienne me confirmer dans mon intuition...

    Maintenant , je crois que je pourrai me rafraîchir au contact de ce petit clown qui vit en moi et en faire profiter les autres.

    Je découvre que être clown cela ne peut pas être seulement sur une scène (ou alors ce n'est pas intéressant)

     C'est tout un art de vivre, une façon d'appréhender la vie, de la colorer plus amplement


  • Commentaires

    1
    Dimanche 3 Novembre 2013 à 15:13

    j'ai fait découvrir "La strada" à ma petite fille cette semaine sur Arte, il y avait à la suite "la dolce vita" et la confrontation des deux films nous a fait beaucoup parler, deux mondes, deux façons de vivre et de voir le monde tellement différentes

    pour avoir fait souvent le clown et y avoir trouvé une joie extrême, je pense que même si nous avons en nous ce désir intense d'être nous-mêmes peut-on réellement vivre de cette façon en continu sans déclancher chez les autres un phénomène de rejet?

    2
    liedich
    Dimanche 3 Novembre 2013 à 16:05

    Bonjour Gazouillis, 

     Mes mots vont te gêner, je le sais. Il y a en Toi une telle force de fraternité et de douceur que seul un habit de clown peut les rendre accessibles. Haut en couleur et déclanchant le rire tout autant que d'une immense profondeur d'émotion et  de sentiment.

    J'ai lu ce texte que j'ai fini par trouver trop court parce que les lignes ne se lisaient pas avec les yeux mais devenaient les battements dont nous avons tous l'impérieux besoin pour vivre. 

    Alors simplement, je te souris et les cernes blanches dessinées sous mes yeux renforcent le grand de mes yeux ouverts pour que tu puisses aller y cueillir  le merci que je t'adresse. 

    l.

    3
    Dimanche 3 Novembre 2013 à 16:32
    Jackie F

    Je rejoins tout à fait le point de vue d'Azalaïs

    Bonne soirée Gazou

    4
    Dimanche 3 Novembre 2013 à 17:36

    c'est merveilleux et en même tps vaincre l'handicap c'est ce qui me manque

    5
    Zilberman
    Dimanche 3 Novembre 2013 à 18:33

    Chère Solange, avec ton texte sur "Simplet", tu m'as beaucoup ému. Je te connais. Nous avons fait du théâtre et de la danse biodynamique ensemble. A la simple lecture de ton écrit je te voyais, je te voyais avec toute ta simplicité qui te permet d'atteindre l'authenticité, je te voyais vibrante d'émotion sans que tu t'en rende compte, je te voyais artiste vraie. Je t'embrasse. Gérard

    6
    Dimanche 3 Novembre 2013 à 20:49

    les stages nous permettent d'ouvrir une autre facette de notre personnalité ... nous sommes des étoiles qui oublions souvent toutes nos possibilités

    bises

    7
    Lundi 4 Novembre 2013 à 09:09

    Surprenant ton histoire.... et pourtant...

    bonen journée

    Jean

    8
    Lundi 4 Novembre 2013 à 10:42

    J'ai vu La Strada il y a bien longtemps, et ce que tu écris là me donne envie de revoir le film. Je comprends que ce petit clown te soit précieux. Il est la preuve que nous pouvons trouver en nous-même les ressources suffisantes pour être pleinement. Il suffit d'ouvrir la bonne porte...

    Mes amitiés

    Alain

    9
    Lundi 4 Novembre 2013 à 14:26

    L'art est une thérapie contre les affres de la vie. Que ce soit un handicap, un moment particulier ds lequel les repères se sont égarés. Ce n'est pas nécessairement une fuite mais une façon de s'intégrer dans un "quelque chose" qui nous engonce dans un océan de possibles. 

    10
    Lundi 4 Novembre 2013 à 17:16

    J'ai vu la Strada il y a très longtemps et c'est un film qui m'avait beaucoup marquée. Je comprends l'effet que ce stage a eu sur toi. C'est une agréable lecture.

    11
    Lundi 4 Novembre 2013 à 21:03

    Bonsoir Alain,

    Il n'y a pas de fatalité, pas d'impasse absolue, il ya toujours un chemin quelque part, à nous de le trouver , de trouver celui qui est le nôtre et nous permettra de donner le meilleur d e nous-même...Bonne soirée Alain!

    12
    Lundi 4 Novembre 2013 à 21:06

    Bonsoir Gérard,

    une artiste vraie , comme tu dis, sait maîtriser ses émotions, ce qui n'est pas toujours mon cas

    mais je suis contente que tu aies eu plaisir  à me lire et que cela t'ait rappelé tous ces bons souvenirs à la danse et au théâtre....Merci !

    13
    Lundi 4 Novembre 2013 à 21:12

    Bonjour Liedich,

    J'ai eu plaisir à retrouver ces feuilles volantes qui m'ont rappelé  de bons souvenirs et je suis étonnée  mais ravie que cela t'ait donné autant de plaisir à toi qui ne les a pas vécus...J'ai donc bien fait de les publier

    Merci pour ton sourire mais, tu sais, il y a en chaque être humain douceur et violence, fraternité et égoïsme....Tentons d'aller vers le mieux de nous-même

    14
    Lundi 4 Novembre 2013 à 21:15

    bonjour Carine

    ,L'art est peut-être ce qui nous permet de donner le meilleur de nous-même et il n'y a pas d'art mineur...à chacun de trouver celui qui lui permet de s'exprimer le plus justement.

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    15
    Lundi 4 Novembre 2013 à 21:18

    Bonjour Flipperine

    On est toujours dans le manque de quelque chose et c'est aussi ce qui nous fait avancerr,  nous oblige à nous dépasser...L'essentiel est de garder confiance en la Vie

    16
    Lundi 4 Novembre 2013 à 21:21

    bonjour Jackie et bonjour Azalaïs

    bien sûr, on ne peut vivre en continu ainsi...mais le plus possible quand même..Ce serait bien de  l'être davantage, il me semble

    17
    catherine2
    Mardi 5 Novembre 2013 à 15:24

    tiens, tiens, je fais  un stage  de clown le 30/11 et 1/12, quel pourrait être mon clown ???...

    18
    Mardi 5 Novembre 2013 à 16:05

    bonjour Catherine

    Alors je te souhaite un très bon stage, j'aimerais bien que tu m'en parles quand tu l'auras fait, si tu veux bien

    19
    salvatore 1
    Mardi 5 Novembre 2013 à 21:52

    c'est bien d'avoir fait ce stage. tout ce qui nous rapproche de nos émotions nous grandis , et le rire en est une belle et très plaisante !

    rions rions 

    rions de soleil !

    soignons nous par le rire !

    20
    gazou2
    Mardi 5 Novembre 2013 à 22:06

    bonsoir Salvatore

     c'est un souvenir lointain, ce stage, puisque vieux d'un peu plus de vingt ans, mais le souvenir est tellement fort que le simple fait de le rappelr à ma mémoire et de le partager avec d'autres me remplit de rire

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