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Château en morceaux
Tes ruines
sont des bras
qui étreignent le vide.
Il n'est plus de rempart,
il n'est plus de barrière.
Tu vibres à tous les vents
et défies le Mistral.
Tu t'offres à toutes les pluies
et tu es leur réceptacle.
Au soleil couchant,
tu sers de miroir à la lune,
tu te dresses et la captives.
En toi nous trouvons nos racines
et pourtant
oublieux du passé
qui pétrifierait nos gestes
nous rêvons à l'avenir.
Tes pierres assemblées
où gisent des regrets
nous parlent de demain.
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Depuis quelques jours,sensation d'avoir la tête prise dans un étau...
Je me décide à aller chez le docteur..J'ai de quoi lire et écrire dans mon sac...Je me prépare à une longue station dans une minuscule salle d'attente bondée,il vaut mieux avoir de quoi s'occuper l'esprit...J'entre..une petite voix flûtée me prévient qu'on ne peut pas rentrer,il a fait un barrage avec des playmobils et occupe le peu d'espace libre,en voilà un qui ne s'ennuie pas..Je me faufile jusqu'à l'unique chaise libre,un minuscule petit bout de femme me dévisage avec un grand sourire..ça,c'est de l'accueil ou je n'y connais rien...Puis elle décide de rejoindre le petit garçon et éparpille le jeu dans la pièce,ce qui ne le perturbe pas un instant et il continue sa construction...La petite fille se lasse,une petite contrariété l'occupe et elle passe du rire aux larmes,hurle et se couche par terre en proie à un chagrin intense mais à peine avons-nous été dérangés par ses cris qu'ils ont déjà cessé..Une jeune dame rentre,elle va se planter devant elle avec un regard intense et grimpe sur ses genoux en regardant sa maman d'un air indifférent..Toute la salle d'attente se met à rire,la petite est ravie de son succès et continue sa tentative de séduction puis elle s'installe sur les genoux de la voisine qui l'accueille bien volontiers et encore de la voisine suivante...Le jeu s'arrête là..Il y a une ambiance joyeuse dans la salle,les gens se regardent ,se sourient,se parlent un peu..Ce serait presque agréable d'attendre !
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texte retrouvé par hasard,il a été écrit il y a vingt ans exactement,il me permet de mesurer le chemin parcouru.
On me déchire,
on me coupe en petits morceaux,
en tout petits morceaux.
Il leur faudra beaucoup de temps pour parvenir à leurs fins
mais ils ne sont pas pressés
et ils aiment les tortures raffinées
Le couteau me caresse très doux malgré le froid de la lame.
Il mord...quand je ne le redoute plus...
quand son long frottement silencieux
me l'a rendu familier
et m'a permis de l'imaginer inoffensif...
le sang jaillit...
Faux frère,couteau,ciseaux,bourreau,
arrêtez-vous.
Cessez de dire que j'invente
et que personne ne me veut du mal.
Cessez de rire de mes frayeurs...
Je l'entends bien,
ce déchirement du papier à l'intérieur de moi...
Je ne peux pas me tromper...
personne ne peut mieux que moi
sentir
ce qui se passe à l'intérieur de moi !
Mon corps est un champ de bataille honteux
Je suis déchirée
ce que cela voulait dire
je l'ignorais
ce lent et fin crissement
qui s'endure en votre esprit et en occupe tout l'espace
qu'il découpe en lambeaux épars.
au dehors,vous avez l'air entier,
à l'intérieur vous êtes en morceaux !
Déchirée
c'est bien cela ,
ce mot est plein de sens
supporterai-je encore le cri de la feuille de papier
quand on la déchire?
Mais cessez de me regarder avec ces yeux -là ?
Etes-vous devenu fou ?
Pourquoi donc avez-vous peur?
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ETTY HILLESUM,déportée et morte à Auschwitz en novembre 1943,dans son journal (Une vie bouleversée) écrivait ceci:
-"Je ne suis pas seule à être fatiguée,malade,triste et angoissée,je le suis à l'unisson de millions d'autres à travers les siècles,tout cela c'est la vie;
la vie est belle et pleine de sens dans son absurdité,pour peu que l'on sache y ménager une place pour tout et la porter tout entière en soi dans son unité;
alors la vie,d'une manière ou d'une autre,forme un ensemble parfait
.Dès qu'on refuse ou veut éliminer certains éléments,dès que l'on suit son bon plaisir et son caprice pour admettre tel aspect de la vie et en rejeter tel autre,alors la vie devient en effet absurde;dès lors que l'ensemble est perdu,tout devient arbitraire."
Quand je pense que cette très jeune femme a écrit cela alors qu'elle est détenue sans raison dans un camp,qu'elle sait qu'elle va mourir et qu'elle arrive à mettre du sens sur son destin tragique,à l'accepter et qu'elle peut dire que la vie est belle malgré tout , je me dis qu'il y a des êtres dépravés mais qu'il en est d'autres qui nous tirent vers le haut...Non,je ne peux pas me laisser écrasée par la grisaille de la vie...Ce serait pactiser avec ceux qui l'ont tuée !
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pour azacamopol (écrire un texte à partir d'un proverbe)
Tous les chemins mènent à Rome
Il en est peut-être que ça rassure
pour moi il n'en est rien,
d'abord,ce n'est pas à Rome que je veux aller.
Un jour viendra où je ferai connaissance avec la ville éternelle,
du moins je l'espère,
mais dans l'immédiat,je n'en ai que faire,
et c'est toujours le même problème,
quand je dois me rendre dans un lieu inconnu,
vais-je savoir me retrouver,
suivre les indications données,
vais-je savoir lire la carte?
Avec ma déplorable habitude de voir à droite ce qui est à gauche
et à gauche ce qui est à droite
et donc d'être dans un doute permanent sur la direction à prendre,
ce n'est pas ce satané proverbe qui va beaucoup m'aider.
Comme quoi,les apparences sont toujours trompeuses,
on vous dit que tout est simple:tous les chemins mènent à Rome
Et en réalité,tout est compliqué.
Moralité:ne vous fiez jamais aux proverbes.
D'ailleurs,comme me le faisait remarquer Azalaîs,
il y en a toujours un qui vous dit le contraire du précédent.
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