• Quand les mots deviennent silence

    Elle ne parlait pas
    Non,elle n'était pas muette
    Simplement
    Elle avait choisi de se taire
    non pour accroître son mystère
    mais elle se méfiait.

    Elle se méfiait des mots
    des mots qui enfermaient
    des mots qui étiquetaient
    des mots qui sonnaient faux
    des mots qui limitaient

    Elle voulait garder ouverts
    tout le champ des possibles
    Elle voulait l'impossible
    un mur de silence lui déroba l'horizon
    et pour sortir de sa prison
    elle ne trouva qu'une seule issue
                  le cri
    un cri sauvage et inarticulé
    qui de l'abîme dont il était venu
    s'éleva dans les airs
    et brisa le silence.
     Et pour guérir la blessure
                 qui s'ouvrait
    elle découvrit le baume des mots.

    Les mots qui se pressaient
    se bousculaient  inquiets,étonnés.
    Elle parla,elle respira
    elle découvrit la liberté
    et quand elle eut épuisé
    le trésor que les mots lui offraient
    elle retourna au silence
    non plus un silence morne et aphone
    mais un ,bruissant de signes
    et ruisselant d'espérance.
    Et dans un va et vient fructueux
    elle enveloppa ses mots de silence
    et du silence jaillirent en transparence
            
          des mots nouveaux.








  • Commentaires

    1
    Jeudi 24 Mai 2007 à 17:46
    je trouve ce poème beau! beaucoup de profondeur d'observation, de sensnsibilité! un vrai bon moment de lecture! cimo
    2
    Lundi 17 Décembre 2007 à 21:14
    En silence apprivoiser les mots pour s'en faire des alliés, pour enfin savoir dire, oser dire, se dire, dans la complicité des mots ! ce poème est magnifique !
    3
    Samedi 28 Juin 2008 à 02:00
    Tard dans la nuit, j'ai poussé votre porte .. ce que je viens de lire m'enchante...je reviendrai continuer ma lecture.
    4
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 00:26
    Gazou, ce que tu viens de dire est absolument sublime !
    Absolument rigoureux.
    C'est une description parfaite de ce nécessaire passage par un temps de silence, pour que la parole soit anthentique, chargée de sens et de vie, et de force.
    Vraiment bravo.

    Je vais m'ouvrir un dossier pour ce que tu écris. Un dossier trésor.  
    5
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 00:41
    J'aime beaucoup l'angle sous lequel tu abordes la genèse du langage : silence, cri, mots, silence. Mais le premier silence n'est pas de même nature que le premier, lourd, oppressant.
    Nommer une émotion, l'accepter, c'est déjà un peu la freiner, lui mettre la laisse. C'est l'amorce d'un contrôle. Les mots sont un rempart contre la violence.
    Merci de ce texte très intéressant et à méditer.
    Amitiés. Alain
    6
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 00:53
    Le premier silence est étouffant, tandis que le second est reposant.
    7
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 06:02

    Bravo, très joli texte! Merci pour le partage!
    Amitiés

    8
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 06:17
    Un silence faisant naître les mots !
    Une écoute qui inspire 
    9
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 07:17
    Merveilleux éloge de l'écriture.
    10
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 08:53
    Tout cela est bien senti ... c'est beau

    Le silence des mots... les mots de silence... le silence dans les mots... les mots dans le silence... le silence et les mots qui s'enlacent et dansent... se retrouvent et se perdent et enfantent d'autres mots et silences...

    11
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 08:55
    je vais essayer de crier aujourd'hui pour ruisseler de mots nouveaux !!! le cri me fait penser aux enfants qui ponctuent souvent une phrase et ce soudainement par un cri. Un cri libérateur, un cri qui emporte le rire. Ce cri qui nous fait parfois offense....les mots, les chants et les cris font partie intégrantes de la vie d'un enfant, ce sont souvent les adultes qui leur en interdisent le libre emploi..
    12
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 10:23
    Bonjour
    C'est bien vrai "le silence est d'or"....
    la parole n'est que "de l'argent" ....
    Amitiés
    Jean
    13
    Yog
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 11:13
    Tout simplement Divin!
    14
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 13:06
    joli texte, bonne journée bien au chaud...
    15
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 15:06
    très beau texte à méditer; quelle différence entre le silence lourd du non-dit et le silence  respiration, en ponctuation de l'expression!
    16
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 17:30
    il y a aussi le silence "complicité" où les êtres qui s'aiment se comprennent sans rien dire... le silence peut être "plein", "habité", plein de vie à recevoir et à admirer, plein de remerciements et de reconnaissance.
    Les yeux sont parfois le langage du coeur.
    17
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 18:39
    Désolé mais elle commence à m'inquiéter !!!!


    Toujours pas reçu le bouquin : deux jours disaient ils !!!! nous voilà à 8...
    18
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 19:01

    Belle évocation du choix de ne pas se laisser emporter par tous les mots. Choisir, penser des mots de qualités, ne pas les galvauder. Beau morceau d’écriture. Avec amitié. loic

    19
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 19:58

    c'est un vrai conte ... les mots ... je les vois qui s'envolent.
    Pour la double vie d'Anna Song, justement j'ai aimé la façon dont l'auteur nous emmène à la fin ... beaucoup frappé par le Vietnam (mon beau père y a vécu jusqu'à l'invasion des Japonais et y était très attaché - son père était un gendarme français en résidence à Hanoi et Saigon)
    bonne soirée

    20
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 20:54
    Encore une belle métamorphose...J'aime ce jaillissement !
    21
    ABC
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 22:00
    En boumerang les mots vont viennent et reviennent, enrichis des temps de silence...
    22
    Jeudi 28 Janvier 2010 à 23:26
    Je ne trouve pas les mots pour exprimer mon ressenti à la lecture de ce magnifique texte.

    Merci pour les tiens emprunts de sensibilité.

    Belle nuit qu'(elle te soit source d'inspiration.
    23
    Vendredi 29 Janvier 2010 à 08:30
    voilà qui est bien e-cri...
    et comme je sais que tu fais trés bien vivre tes textes à vois haute j'attends avec impatience d'entendre ce texte sur une prochaine scène...
    24
    Vendredi 29 Janvier 2010 à 13:34
    mais qu'est-ce qui t'inquiète, mon ami ?
    Et pourquoi?Que l'après midi te soit douce et bonne !
    J'ai enfin un moment de répit et je l'apprécie!
    25
    Samedi 30 Janvier 2010 à 08:46
    Les mots. Puissance orale que la coeur dicte à la bouche, puissance manuscrite que l'esprit et toujours le coeur dicte à la main. Je n'ai qu'un mot à dire " compliment". Votre texte est de toute beauté. Merci....
    26
    Samedi 30 Janvier 2010 à 11:49
    Merci pour ce magnifique texte Gazou...Heureusement j'ai mon paquet de Kleenex près de moi. Amicalement
    27
    Samedi 30 Janvier 2010 à 20:45
    Se taire, et laisser le silence dire ces mots-là.

    Merci, Gazou.
    28
    Dimanche 31 Janvier 2010 à 02:46
    touchée en plein coeur...
    29
    Dimanche 31 Janvier 2010 à 20:04
    Très bel hommage aux mots.
    30
    Vendredi 5 Février 2010 à 10:17
    Bonjour Gazou,

    Comme on descend dans une mine pour y chercher le charbon ou le minerai, je me suis enfoncé de notes en notes dans les profondeurs de ton blog, happé vers la note suivante, non par curiosité, mais par plaisir.

    Si je m'arrête là, c'est parce qu'il est 10 heures du matin, que les réponses me tiendront avec toi encore un long moment.

    Je suis fidèle depuis longtemps à Blog 50, un cercle de retraités bien moins affutés et poétiques que ceux d'OB, mais où chacun commence à bien se connaitre et où le mot du matin manquerait s'il n'était pas lu ou écrit.  Aussi, malgré les richesses que je vois chez toi, comme chez beaucoup d'autres qui fréquentent Quichottine ou Mahina, je ne pourrais t'être fidèle.  J'essaierai de passer si tu t'attardes chez moi, par correction. 

    Je reviens aux émotions suscitées par ton texte.  Cette femme, elle m'est familière, son cri aussi. Il y a longtemps, elle venait de trouver son fils mort, en sang.  Ses poumons ont lancé la plainte la plus sauvage jamais entendue, le hurlement horrible non articulé qui s'est achevé longtemps, très longtemps après en un sanglot où la volonté se brisait. 
    Et le silence est venu, lourd, chargé de sanglots, de mouvements de tête refusant l'évidence.
    Il n'y avait plus d'espérance, les épaules voutées le témoignait. 
    Il lui faudra une éternité pour apprivoiser les mots en leur enlevant la poussière de mois de deuil.

    Voila pourquoi je ne suis pas descendu plus bas dans ta mine, stopé net par ce cri qui résonne encore aux oreilles.

    Le grillon qui remonte
    31
    Samedi 6 Février 2010 à 09:34
    Merci pour cette interprétation que tu as fait de mon poème...Ce que je ressentais, au moment où je l'ai écrit, était très fort aussi bien que d'un autre ordre...Mais je ne pensais que j'avais pu le rendre aussi bien...J'espère  avoir ta visite de temps en temps mais ta fidélité t'honore!
    32
    catherine2
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:50
    des mots cristallins ...
    bisous
    33
    Zilberman
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:50
    Bravo. Voilà encore un texte à sélectionner, s'il te prenait la volonté d'éditer certains de tes nombreux blogs. Bisous. Gérard
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