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Quand les mots deviennent silence
Elle ne parlait pas
Non,elle n'était pas muette
Simplement
Elle avait choisi de se taire
non pour accroître son mystère
mais elle se méfiait.
Elle se méfiait des mots
des mots qui enfermaient
des mots qui étiquetaient
des mots qui sonnaient faux
des mots qui limitaient
Elle voulait garder ouverts
tout le champ des possibles
Elle voulait l'impossible
un mur de silence lui déroba l'horizon
et pour sortir de sa prison
elle ne trouva qu'une seule issue
le cri
un cri sauvage et inarticulé
qui de l'abîme dont il était venu
s'éleva dans les airs
et brisa le silence.
Et pour guérir la blessure
qui s'ouvrait
elle découvrit le baume des mots.
Les mots qui se pressaient
se bousculaient inquiets,étonnés.
Elle parla,elle respira
elle découvrit la liberté
et quand elle eut épuisé
le trésor que les mots lui offraient
elle retourna au silence
non plus un silence morne et aphone
mais un ,bruissant de signes
et ruisselant d'espérance.
Et dans un va et vient fructueux
elle enveloppa ses mots de silence
et du silence jaillirent en transparence
des mots nouveaux.
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Commentaires
1cimoJeudi 24 Mai 2007 à 17:46je trouve ce poème beau! beaucoup de profondeur d'observation, de sensnsibilité! un vrai bon moment de lecture! cimoRépondreEn silence apprivoiser les mots pour s'en faire des alliés, pour enfin savoir dire, oser dire, se dire, dans la complicité des mots ! ce poème est magnifique !Tard dans la nuit, j'ai poussé votre porte .. ce que je viens de lire m'enchante...je reviendrai continuer ma lecture.Gazou, ce que tu viens de dire est absolument sublime !
Absolument rigoureux.
C'est une description parfaite de ce nécessaire passage par un temps de silence, pour que la parole soit anthentique, chargée de sens et de vie, et de force.
Vraiment bravo.
Je vais m'ouvrir un dossier pour ce que tu écris. Un dossier trésor.J'aime beaucoup l'angle sous lequel tu abordes la genèse du langage : silence, cri, mots, silence. Mais le premier silence n'est pas de même nature que le premier, lourd, oppressant.
Nommer une émotion, l'accepter, c'est déjà un peu la freiner, lui mettre la laisse. C'est l'amorce d'un contrôle. Les mots sont un rempart contre la violence.
Merci de ce texte très intéressant et à méditer.
Amitiés. AlainLe premier silence est étouffant, tandis que le second est reposant.Tout cela est bien senti ... c'est beau
Le silence des mots... les mots de silence... le silence dans les mots... les mots dans le silence... le silence et les mots qui s'enlacent et dansent... se retrouvent et se perdent et enfantent d'autres mots et silences...
je vais essayer de crier aujourd'hui pour ruisseler de mots nouveaux !!! le cri me fait penser aux enfants qui ponctuent souvent une phrase et ce soudainement par un cri. Un cri libérateur, un cri qui emporte le rire. Ce cri qui nous fait parfois offense....les mots, les chants et les cris font partie intégrantes de la vie d'un enfant, ce sont souvent les adultes qui leur en interdisent le libre emploi..Bonjour
C'est bien vrai "le silence est d'or"....
la parole n'est que "de l'argent" ....
Amitiés
Jeantrès beau texte à méditer; quelle différence entre le silence lourd du non-dit et le silence respiration, en ponctuation de l'expression!il y a aussi le silence "complicité" où les êtres qui s'aiment se comprennent sans rien dire... le silence peut être "plein", "habité", plein de vie à recevoir et à admirer, plein de remerciements et de reconnaissance.
Les yeux sont parfois le langage du coeur.Désolé mais elle commence à m'inquiéter !!!!
Toujours pas reçu le bouquin : deux jours disaient ils !!!! nous voilà à 8...Belle évocation du choix de ne pas se laisser emporter par tous les mots. Choisir, penser des mots de qualités, ne pas les galvauder. Beau morceau d’écriture. Avec amitié. loic
c'est un vrai conte ... les mots ... je les vois qui s'envolent.
Pour la double vie d'Anna Song, justement j'ai aimé la façon dont l'auteur nous emmène à la fin ... beaucoup frappé par le Vietnam (mon beau père y a vécu jusqu'à l'invasion des Japonais et y était très attaché - son père était un gendarme français en résidence à Hanoi et Saigon)
bonne soiréeEncore une belle métamorphose...J'aime ce jaillissement !En boumerang les mots vont viennent et reviennent, enrichis des temps de silence...Je ne trouve pas les mots pour exprimer mon ressenti à la lecture de ce magnifique texte.
Merci pour les tiens emprunts de sensibilité.
Belle nuit qu'(elle te soit source d'inspiration.voilà qui est bien e-cri...
et comme je sais que tu fais trés bien vivre tes textes à vois haute j'attends avec impatience d'entendre ce texte sur une prochaine scène...mais qu'est-ce qui t'inquiète, mon ami ?
Et pourquoi?Que l'après midi te soit douce et bonne !
J'ai enfin un moment de répit et je l'apprécie!Les mots. Puissance orale que la coeur dicte à la bouche, puissance manuscrite que l'esprit et toujours le coeur dicte à la main. Je n'ai qu'un mot à dire " compliment". Votre texte est de toute beauté. Merci....Merci pour ce magnifique texte Gazou...Heureusement j'ai mon paquet de Kleenex près de moi. AmicalementBonjour Gazou,
Comme on descend dans une mine pour y chercher le charbon ou le minerai, je me suis enfoncé de notes en notes dans les profondeurs de ton blog, happé vers la note suivante, non par curiosité, mais par plaisir.
Si je m'arrête là, c'est parce qu'il est 10 heures du matin, que les réponses me tiendront avec toi encore un long moment.
Je suis fidèle depuis longtemps à Blog 50, un cercle de retraités bien moins affutés et poétiques que ceux d'OB, mais où chacun commence à bien se connaitre et où le mot du matin manquerait s'il n'était pas lu ou écrit. Aussi, malgré les richesses que je vois chez toi, comme chez beaucoup d'autres qui fréquentent Quichottine ou Mahina, je ne pourrais t'être fidèle. J'essaierai de passer si tu t'attardes chez moi, par correction.
Je reviens aux émotions suscitées par ton texte. Cette femme, elle m'est familière, son cri aussi. Il y a longtemps, elle venait de trouver son fils mort, en sang. Ses poumons ont lancé la plainte la plus sauvage jamais entendue, le hurlement horrible non articulé qui s'est achevé longtemps, très longtemps après en un sanglot où la volonté se brisait.
Et le silence est venu, lourd, chargé de sanglots, de mouvements de tête refusant l'évidence.
Il n'y avait plus d'espérance, les épaules voutées le témoignait.
Il lui faudra une éternité pour apprivoiser les mots en leur enlevant la poussière de mois de deuil.
Voila pourquoi je ne suis pas descendu plus bas dans ta mine, stopé net par ce cri qui résonne encore aux oreilles.
Le grillon qui remonteMerci pour cette interprétation que tu as fait de mon poème...Ce que je ressentais, au moment où je l'ai écrit, était très fort aussi bien que d'un autre ordre...Mais je ne pensais que j'avais pu le rendre aussi bien...J'espère avoir ta visite de temps en temps mais ta fidélité t'honore!32catherine2Mardi 2 Juillet 2013 à 16:5033ZilbermanMardi 2 Juillet 2013 à 16:50Bravo. Voilà encore un texte à sélectionner, s'il te prenait la volonté d'éditer certains de tes nombreux blogs. Bisous. Gérard
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