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Poésie du Mardi: Bataille de Marie Noël
Quand j'ai reçu le mail de Lady Marianne nous disant que le thème proposé ce mardi était l'orage, j'ai tout de suite pensé à ce poème de Marie Noël qui nous parle d'un orage intérieur; poème que je ne connais que par l'adaptation chantée que Philippe Forcioli...Je l'ai entendu chanter sur scène lors d'un de ses concerts dans la région et c'était vraiment foudroyant...
Alors j'ai re-écouté le CD pour transcrire les paroles et malheureusement, il y a un petit bout de phrase que je n'ai pas su bien entendre et des points de suspension remplacent les mots manquants
Bataille de Marie Noêl (Chants de la Merci)
" Et me voilà gisant et je ne suis pas mort
La douleur m'a jeté, garrotté dans sa forge.
La douleur s'est ruée entre mes os disjoints
En vain me débattant je l'ai mordue au poing
Longtemps elle a tenté de me broyer la tête.
Elle m'a retourné les deux yeux à l'envers
Pour m'empêcher d'y voir elle a tordu mes nerfs
Pour m'étrangler comme des cordes à ma gorge.
Et me voilà gisant et je ne suis pas mort
Prends garde à toi douleur, à peine est-ce une trêve
Prends garde à toi douleur, déjà je me relève
Prends garde à toi, demain je serai le plus fort
Prends garde à toi, je t'empoignerai par les ailes
Je te les casserai comme un bout de bois sec
Et les petits enfants s'amuseront avec.
Je te les briserai ces deux poignets rebelles
Et partout où j'irai, tu iras me suivant
Aussi loin qu'à mon gré je voudrai t'y contraindre
Et les maisons la nuit t'écouteront te plaindre
Comme un aigle blessé qui lutte avec le vent.
Je brûlerai tes yeux pour éclairer mon livre
Je marcherai sur toi comme sur un chemin.
Ton sang, j'en ferai boire à tout le genre humain
Et je le lui servirai jusqu'à ce qu'il soit ivre.
Pour m'élever au ciel, j'irai pas à pas
jusqu'à faire les degrés d'une échelle vivante.
Je te commanderai, tu seras ma servante.
Et quand je te crierai: saute, tu sauteras.
Prends garde à toi, douleur, à peine est-ce une trêve
Prends garde à toi, douleur, déjà je me relève.
Prends garde à toi, demain je serai le plus fort.
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Commentaires
Comme toujours, Marie-Noël chante la résillience et une forme de foi, cette foi bien à elle...
En effet, Marie Noël a fait une très grosse dépression, elle arrive avec des mots simples pourtant à nous faire partager les affres de cette maladie. Un très bel orage intérieur.
Je suis allée chercher les mots manquants...
"Je le lui servirai jusqu'à ce qu'il soit ivre."
C'est un très beau poème et je ne doute pas que la chanson soit belle aussi.
Merci pour cette découverte, Gazou.
Bisous et douce journée.
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Mardi 5 Juin 2018 à 17:01
merci Quichottine, je suis contente d'avoir le poème en son entier..Mais où l'as tu trouvé...j'ai cherché vainement sur sur internet...et ce recueil-là, je ne l'ai pas...J'ai par contre toutes ses oeuvres en prose...Merci beaucoup
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Voilà le début de ce poème de Marie NOËL, poétesse bourguignonne
La douleur a fondu sur ma chair. La douleur
A passé renversant mon cerveau d'un coup d'aile
Et je me suis battu seul à seule avec elle
Toute la nuit, sans voir, comme avec un voleur.
Je l'ai trouvé là...
https://www.pimido.com/philosophie-et-litterature/litterature/commentaire-de-texte/bataille-marie-noel-poeme-commentaire-422843.html
Bonne semaine
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Mardi 5 Juin 2018 à 21:44
Merci beaucoup. Je vais aller voir.
Bonne semaine !
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Terrible la douleur tant physique que morale. Dans ce beau poème on sent que c'est du vécu !
Une découverte pour moi ...Un poème sui prend aux tripes ! Beaucoup de profondeur , de vécu, de volonté ....une leçon de courage et de poésie !
Merci Gazou
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"L'homme est un apprenti, la douleur est son maître,
Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert", écrivait Alfred de Musset au 19e siècle. Ces vers illustrent parfaitement la destinée du poète Marie Noël, de son vrai nom Marie Rouget, née en 1883 à Auxerre et décédée en 1967. Sa vie fut en effet marquée par des épreuves qui orientèrent son écriture. A la fin de 1904, Marie a 21 ans, le jeune homme qu'elle espère épouser s'éloigne définitivement.
Puis, le 27 décembre 1904, elle trouve le lendemain de Noël (d'où son pseudonyme) son petit frère de 12 ans mort dans son lit, alors que rien ne laissait prévoir sa mort. Enfin, elle traversera deux profondes crises religieuses, ses "saisons en enfer", l'une en 1913, et l'autre en 1920. "Génie nocturne" selon l'un de ses biographes, elle tient une place à part dans la poésie de son siècle (...)
je suis allée voir qui était ce poète- une femme-
L'auteur exprime dans Chant de la Merci : A ceux dont l'ombre a tant de murs sur elle Qu'ils n'ont jamais pu donner de nouvelle De leur nuit noire aux gens qui sont dehors ; Ceux pleins d'appel dont nulle voix me sort, Dont le secret cherche un mot qui l'emporte ; Ceux dont le c?ur bat sans trouver de porte, A tous ceux-là-je ne sais pas combien Je viens Elle se fait donc l'interlocutrice et le porte-parole des désespérés, de ceux qui sont brisés par la souffrance morale. Sa poésie a une dimension profondément altruiste. La chute résume le poème. Je te commanderai, tu seras ma servante Et quand je te crierai chante ! tu chanteras Le rythme binaire avec le respect de la césure de cet alexandrin très classique exprime une claire répartition des rôles, et la domination définitive de la souffrance. Enfin, le »cri de la souffrance est remplacé par le chant harmonieux de la poésie. [...]
une super découverte pour moi- bon choix-
bisous-