Cette nuit, ne pouvant dormir, j'écoute la radio.

On repasse une émission enregistrée il y a plus de soixante ans.

C'est Jean Renoir qui parle de son enfance, de son amour des petits soldats de plomb...de son désir de ne surtout pas

devenir un artiste comme son père, de sa découverte de Charlot .

Il nous dit comment  peu à peu il s'est dirigé vers le cinéma.

Il insiste beaucoup sur la confusion qu'il y avait en lui entre le rêve et la réalité...

Difficile de ne pas mêler les deux, de ne pas les confondre...

Et pourtant les deux sont nécessaires.

Il dit que les grands hommes d'action sont de grands rêveurs...

il nous faut donc chérir nos rêves et cependant demeurer lucides sous peine de désillusions cruelles,

demeurer lucides pour savoir se remettre en question

" Un philosophe dit à un balayeur des rues  :"  Comme je te plains  ! Ta tâche est difficile et sale."

Et le balayeur des rues de répondre : " Merci, monsieur, mais dites-moi quel est votre métier ?

Le philosophe répondit en ces termes : " J'étudie l'esprit de l'homme, ses actions et ses désirs."

Alors le balayeur des rues reprit sont ravail et dit en souriant    : "Je vous plains aussi."

                            Khalil Gibran (Le sable et l'écume)

Ainsi tout est pour le mieux, chacun se trouvant mieux à sa place qu'à celle de l'autre.

La réalité, nous ne pouvons  pas toujours la changer...mais le regard que nous portons sur elle,

lui,  nous pouvons le transformer.

J'entends R. qui se désole parce que ses parents sont morts à plus de 90 ans, ses oncles et ses tantes aussi et qu'elle risque bien d'en faire autant et cela ne l'enchante guère...

Le jour précédent,  c'est Y. qui se réjouissait des progrès de la médecine, progés fulgurants qui devraient nous permettre  bientôt de vivre jusqu'à 3 ou 400 ans et peut-être même de devenir immortels puisque nous saurons bientôt régénérer nos chromosomes, les empêcher de vieillir...

J'écoute  ces deux conversations sans rien dire, sans trop savoir qu'en penser d'abord...

Mais ensuite, je me dis que la vie est inséparable de la mort et il me semble qu'il est bon que nous ne soyons que de passage sur cette terre....

Il me semblerait plus acceptable d'avoir plusieurs vies mais être enfermé dans un même corps pendant des centaines d'années...

Non merci !

Et puis vivons cet aujourd'hui qui nous est donné le mieux possible, c'est la seule réalité !

Parfois le poids de la vie s'abat sur nous et nous écrase, il semble que l'on ne puisse plus se redresser...

L'angoisse nous ronge insidieusement...

Parfois il suffit d'oublier un moment  la situation sans issue qui nous semble être celle du moment présent,

de penser à cet ami solitaire et à la santé précaire dont on n'a pas eu de nouvelles depuis quelque temps,

de prendre de ses nouvelles et de l'entendre nous répondre d'une voix claire et apaisée

pour que le courage nous revienne et que l'on ne se sente plus écrasé...

Et c'est celui que l'on craignait en détresse qui nous redonne le goût de la vie...

Qui donne et qui reçoit ?

On ne sait plus et peu importe, la vie circule, l'énergie se propage et la joie nous habite.

Il y a plusieurs sortes de courage.

il y a ceux qui savent bien résister à l'adversité, aux épreuves de la vie. Ils font peu de bruit , ils ne disent rien

mais ils tiennent debout, ils ne s'écroulent pas quoi qu'il advienne.

Mais parfois, ce courage là ne suffit pas,  vouloir comprendre soi-même et aussi l'adversaire ne suffit pas.

Le conflit est inévitable et il nous faut l'aborder de face, prendre position .

Sinon , l'adversaire continue  à nous harceler,  cherche à prendre le dessus, à manifester son pouvoir.

Alors le courage nécessite de trancher fermement et clairement.

Ensuite seulement la paix pourra advenir.