• Mardi poésie : Serge Guttila


    Si c'était ton fils
    Tu remplirais la mer de navires
    Et de n'importe quel drapeau.

    Tu voudrais que tous ensemble
    À des millions
    Ils fassent un pont.
    Pour le faire passer.

    Attentionné,
    Tu ne le laisserais jamais seul.
    Tu ferais de l'ombre
    Si c'était ton fils...

    Si c'était ton fils
    Tu remplirais la mer de navires
    Et de n'importe quel drapeau.

    Tu voudrais que tous ensemble
    À des millions
    Ils fassent un pont.
    Pour le faire passer.

    Attentionné,
    Tu ne le laisserais jamais seul.
    Tu ferais de l'ombre
    Pour ne pas que brûlent ses yeux,
    Le couvrir
    Pour ne pas qu'il se mouille,
    Des éclaboussures d'eau salée.

    Si c'était ton fils, tu te jetterais à la mer,
    Tu tuerais le pêcheur qui ne prête pas le bateau,
    Crierais pour demander de l'aide,
    Aux portes des gouvernements qui se ferment
    Pour revendiquer la vie.

    Si c'était ton fils aujourd'hui, tu serais en deuil,
    Tu détesterais le monde, tu détesterais les ports.
    Pleins de ces vaisseaux immobiles.
    Tu détesterais ceux qui les gardent inaccessibles.
    A cause de qui les cris
    ont toujours le goût l'eau de mer.

    Si c'était ton fils, tu les appellerais.
    Lâches inhumains, parce qu'ils le sont.
    Ils devraient t'arrêter, te garder, te bloquer,
    Tu voudrais leur casser la gueule,
    Car nous sommes tous dans la même mer.

    Mais ne t'inquiète pas, dans ta maison tiède.
    Ce n'est pas ton fils, ce n'est pas ton fils.
    Tu peux dormir tranquille
    Et surtout serein.
    Ce n'est pas ton fils.

    Ce n'est qu'un fils de l'humanité perdue,
    De l'humanité sale, qui ne fait pas de bruit.

    Ce n'est pas ton fils, ce n'est pas ton fils.
    Dors bien, bien sûr.
    Ce n'est pas le tien.

    Sergio Guttilla


  • Commentaires

    1
    Mardi 27 Août 2019 à 09:59
    eMmA MessanA

    Puissant et nous mettant face à notre... impuissance.

    2
    Mardi 27 Août 2019 à 12:24

    les murs qui se construisent pour les empêcher de passer sont de notre responsabilité, par nos peurs d'être dérangés dans notre quotidien, nous élisons nos représentants qui les mettent en oeuvre ...

    et si c'était mon fils ...

    amitié .

    3
    Mardi 27 Août 2019 à 14:12

    Je viens d'achever la lecture d'un livre sur Lampedusa qui m'a bouleversée. Je ne comprends pas nos élus qui font des ponts d'or au capitalisme affameur, destructeur de terres, meurtrier aux mains pleines et rien pour tous ces malheureux!!

    4
    Mardi 27 Août 2019 à 16:08
    Renée

    Un texte poignant mais ho combien criant de vérité! Amitiés

    5
    Mardi 27 Août 2019 à 19:30

    Je ne vais rien ajouter... c'est un superbe appel à réfléchir...

    6
    Samedi 31 Août 2019 à 19:11

    Eh oui, et pourtant il peut être ton fils, demain. 

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :