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Mardi poésie : Apparition
La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
– C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.
Stéphane Mallarmé, "Apparition", extrait du recueil Poésies.En vers et avec tout
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Commentaires
2Lenez o ventMardi 20 Avril 2021 à 19:18Magnifique poème... qui rappelle Verlaine au début et Hugo par la suite... mais du beau Mallarmé, encore compréhensible !
Je suis particulièrement sensible aux quatre derniers vers si évocateurs, d'une grande beauté.
Mallarmé n'est pas un poète que j'aime, sauf quelques poèmes qui sont ravissant comme celui que tu proposes.
nos souvenirs des heures tendres nous titillent souvent quand vient le grand âge ... que viennent alors ces rêves comme si ... "La fée au chapeau de clarté" pouvait une fois encore passer ...
émouvant poème
amitié .
Il arrive parfois que Mallarmé soit compréhensible…
c'est le cas ici, alors profitons-en.
Pour une fois qu'il n'est pas dans l'hermétisme mystique…
sinon il y a ça :
(...)Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore).
Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,
(...)
ses « purs ongles » (extrait)
J'adore ! J'étais fan de Mallarmé autrefois ! Moins maintenant quand il délire trop... Mais il faut reconnaître que l'extrait rapporté par AlainX : "Aboli bibelot d'inanité sonore", et le reste : ça en bouche un coin et c'est très musical ! Et encore, il est compréhensible, dans cet extrait, car souvent il faut aller à la pêche au verbe ou autre pour en comprendre le sens !!!
Merci Gazou et très bonne journée
Bisous
Merci pour ces mots Gazou, ils sont comme un cadeau ! Douce soirée à toi, à bientôt. brigitte
Je ne connaissais pas ce poème que je trouve magnifique.
Merci Gazou et belle fin de journée !
Cela me plaît bien, cette correspondance entre les blogs à propos de ce poème. Il est tellement beau !
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Très bel extrait de poésie, j'aime beaucoup la littérature de Stéphane Mallarmé.
Bises et bon mardi